vendredi 21 octobre 2022

La sainteté - 1 : Introduction à la sainteté - 1


      Le Père Louis Bourdaloue (1632-1704) enseigna les lettres humaines et professa la philosophie et la théologie avant de devenir un célèbre prédicateur de l’Ordre des Jésuites. Surnommé « le prédicateur des rois » son ministère de prédication dura trente- quatre ans. Il fut connu comme un homme de probité, de droiture, de franchise et ferme, quand il fallait l’être, sans égard ni à la qualité, ni au rang social.

LA SAINTETE - 1  (1)

 

INTRODUCTION A LA SAINTETE (2)

« Mirabilis Deus Sanctis in Suis. » 

« Dieu est admirable dans ses Saints. » (3

(Psaume LXVII, 36) 

     Cette publication relate un sermon prononcé, par le Père Bourdaloue, devant le roi Louis XIV, pour la Fête de tous les Saints.

     Sire,

     A considérer Dieu dans lui-même, nous ne pouvons dans lui-même l’admirer, parce qu’il est trop élevé au-dessus de nous et trop grand. Comme nous ne le connaissons sur la terre que dans ses ouvrages, ce n’est aussi sur la terre, à proprement parler, que dans ses ouvrages qu’il est admirable pour nous. Or l’ouvrage de Dieu par excellence, ce sont les Saints ; et par conséquent, disait le prophète royal, c’est surtout dans ses Saints qu’il nous paraît digne de nos admirations « Mirabilis Deus in sanctis suis. » 

     En effet, de quelque manière que nous envisagions les Saints, Dieu est admirable en eux : et quand je m’en tiendrais au seul Evangile de ce jour, qu’y a-t-il de plus admirable que d’avoir conduit des hommes à la possession d’un royaume par la pauvreté ? Que de leur avoir fait trouver la consolation et la joie par les pleurs et l’adversité ? Que de les avoir élevés par les humiliations au comble de la gloire, et, pour me servir de l’expression de saint Ambroise, de les avoir béatifiés par les misères mêmes ? Car voilà, si je puis user de ce terme, les divins paradoxes dont le Saint-Esprit nous donne l’intelligence dans cette solennité, et que nous n’aurions jamais pu comprendre, si les Saints que nous honorons n’en étaient une preuve semblable : voilà les miracles que Dieu a opérés dans ses élus : « Mirabilis Deus in Sanctis suis. » 

     J’ajoute néanmoins, mes chers auditeurs, après saint Léon, pape, une chose qui me semble encore plus propre à nous toucher, par l’intérêt que nous y devons prendre comme chrétiens. Car Dieu, dit ce Père, est particulièrement admirable dans ses Saints, parce qu’en les glorifiant il nous a pourvus d’un puissant secours, c’est celui de leur protection ; et qu’en même temps il nous a mis devant les yeux un grand modèle, c’est l’exemple de leur vie : « Mirabilis Deus in Sanctis suis, in qui bus et praesidium nobis constituit, et exemplum.». Je m’attache à cet exemple des Saints pour établir solidement les importantes vérités que j’ai à vous annoncer ; et, sans rien dire du secours que nous pouvons attendre d’eux, et que nous en recevons, je veux vous faire admirer Dieu dans la conduite qu’il a tenue en nous proposant ces illustres prédestinés, dont la sainteté doit produire en nous de si merveilleux effets pour notre sanctification. Vierge sainte, reine de tous les Saints, puisque vous êtes la mère du Saint des Saints ; vous en qui Dieu s’est montré souverainement admirable, puisque c’est en vous et par vous qu’il s’est fait homme et qu’il s’est rendu semblable à nous, faites descendre sur moi ses grâces. Il s’agit d’inspirer à mes auditeurs un zèle sincère, un zèle efficace d’acquérir cette sainteté si peu goûtée, si peu connue, si peu pratiquée dans le monde, et toutefois si nécessaire pour le salut du monde. Je ne puis mieux réussir dans cette entreprise que par votre intercession, et c’est ce que je vous demande, en vous adressant la prière ordinaire Ave Maria.

     En trois mots j’ai compris, ce me semble, trois sujets de la plus juste douleur, soit que nous soyons sensibles aux intérêts de Dieu, soit que nous ayons égard aux nôtres, quand j’ai dit que la saintetési nécessaire pour notre salut, était peu goûtée, peu connue, et peu pratiquée dans le monde. Mais je prétends aussi vous consoler, Chrétiens, quand j’ajoute que Dieu, par son adorable sagesse, a su remédier efficacement à ces trois grands maux, en nous mettant devant les yeux la sainteté de ses élus, et en les prédestinant pour nous servir d’exemples. Je m’explique.

     Cette sainteté que Dieu nous demande, et sans laquelle il n’y a point de salut pour nous, par une déplorable fatalité, trouve dans les esprits des hommes trois grands obstacles à vaincre, et qu’elle à peine souvent à surmonter, savoir, le libertinagel’ignorance et la lâcheté. Parlons plus clairement et plus simplement. Trois sortes de chrétiens dans le monde, par l’aveuglement où nous jette le péché et par la corruption du monde même, sont mal disposés à l’égard de la sainteté : car les libertins la censurent et tâchent de la décrier ; les ignorants la prennent mal, et, dans l’usage qu’ils en font, ou, pour mieux dire, qu’ils en croient faire, ils n’en ont que de fausses idées ; enfin, les lâches la regardent comme impossible, et désespèrent d’y parvenir. Les premiers, malins et critiques, la rendent odieuse, et de là vient qu’elle est peu goûtée ; les seconds, grossiers et charnels, s’en forment des idées, non selon la vérité, mais selon leur goût et selon leur sens, et de là vient qu’elle est peu connue. Les derniers, faibles et pusillanimes, s’en rebutent et y renoncent, dans la vue des difficultés qu’ils y rencontrent, et de là vient qu’elle est rare et peu pratiquée : trois dangereux écueils à éviter dans la voie du salut, mais écueils dont nous nous préservons aisément, si nous voulons profiter de l’exemple des Saints.

     Car je soutiens, et voici le partage de ce discours, je soutiens que l’exemple des Saints est la plus invincible de toutes les preuves pour confondre la malignité du libertin, et pour justifier contre lui la vraie sainteté ; je soutien que l’exemple des Saints est la plus claire de toutes les démonstrations pour confondre les erreurs du chrétien séduit et trompé, et pour lui faire voir en quoi consiste la vraie sainteté ; je soutiens que l’exemple des Saints est le plus efficace de tous les motifs pour confondre la tiédeur, beaucoup plus le découragement du chrétien lâche, et pour le porter à la pratique de la vraie sainteté. De là n’aurai-je pas droit de conclure que Dieu est admirable dans ses Saints, lorsqu’il nous les donne pour modèle ? Mirabilis Deus in Sanctis suis. Je parle, encore une fois, à trois sortes de personnes dont il est aujourd’hui question de rectifier les sentiments sur le sujet de la sainteté chrétienne : aux libertins qui la combattent, aux ignorants qui ne la connaissent pas, aux lâches qui n’ont pas le courage de la pratiquer ; et, sans autre raisonnement, je montre aux premiers que, supposé l’exemple des Saints, leur libertinage est insoutenable ; aux seconds, que leur ignorance est sans excuse ; aux derniers, que leur lâcheté n’a plus de prétexte : trois vérités que vais développer : appliquez-vous.

(A suivre…« Les libertins et la sainteté »…si Dieu veut)

 

René  Pellegrini

- C’est moi qui mets en gras dans le texte.

(1) Sermon prononcé devant le roi Louis XIV pour la Fête de tous les Saints.

(2) C’est moi qui mets les sous-titres et souligne dans les textes. 

(3) Texte de la Vulgate de Saint Jérôme, Bible officielle et canonique de l’Eglise catholique. Dans les Bibles protestantes, la traduction, depuis le texte massorétique hébreu qui ne remonte pas au-delà du VIe siècle après Jésus-Christ, est différente « De ton sanctuaire, ô Dieu ! Tu es redoutable. » (LXIII, 36). Saint Jérôme disposait de documents de première valeur, disparus depuis : Le rouleau de la Synagogue de Bethléem et les Hexaples d’Origène (IIIe siècle) avec le texte hébreu et cinq principales traductions grecques. 

jeudi 20 octobre 2022

Avis et Maximes - 13 : Obéissance et soumission à Dieu

 

AVIS ET MAXISMES – 13


OBEISSANCE ET SOUMISSION A DIEU

 

     Dieu attend de vous le plus petit degré d’obéissance et de soumission,

plutôt que tous les services que vous pouvez lui rendre.

 

- Les Avis Et Maximes sont tirés des œuvres spirituelles de Saint Jean de la Croix


COMMENTAIRE PERSONNEL :

     C’est dans l’oraison que nous devons exciter en nous les désirs fervents de pratiquer ces vertus d’obéissance et de soumission à Dieu, car elles sont synonymes de vie éternelle, comme l’enseignent Notre-Seigneur Jésus-Christ et Saint Jean :

« Et je sais que son commandement est la vie éternelle» (Saint Jean XII,50)

« Celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (I Jean II,17)

 

René Pellegrini

mercredi 19 octobre 2022

Imitation de Jésus-Christ - 2


IMITATION DE JESUS-CHRIST - 2

 LIVRE I

IL FAUT IMITER JESUS-CHRIST, 

ET MEPRISER TOUTES LES VANITES DU MONDE 


     Un AVIS, utile à méditer pour entrer dans la vie intérieure. Ces avis, extraits du livre « l’Imitation de Jésus-Christ » par Thomas A Kempis, continueront d’être mis avec chaque publication, si les visites sont jugées suffisantes.   

     AVIS 2 : La doctrine de Jésus-Christ surpasse toute doctrine des Saints ; et qui posséderait son esprit y trouverait la manne cachée.

     Mais il arrive que plusieurs, à force d’entendre l’Evangile, n’en sont que peu touchés, parce qu’ils n’ont point l’esprit de Jésus-Christ.

     Voulez-vous comprendre parfaitement et goûter les paroles de Jésus-Christ ? Appliquez-vous à conformer toute votre vie à la sienne.

 

René Pellegrini

mardi 18 octobre 2022

Le remède contre le modernisme - 1


      Quand Nous prescrivons la philosophie scolastique, ce que Nous entendons surtout par là - ceci est capital - c'est la philosophie que nous a léguée le Docteur angélique (Saint Pie X)

LE REMEDE CONTRE LE MODERNISME - 1

     Le modernisme ayant pénétré « presque aux entrailles de l’Eglise » à l’époque de saint Pie X et qu’il stigmatisait comme « égout collecteur de toutes les hérésies » (Motu Proprio Praestantia – 18 novembre 1907), a, depuis, triomphé dans l’Eglise depuis le sinistre concile Vatican II. Aujourd’hui, le mal qui ronge l’Eglise trouve son origine, prioritairement, dans une fausse philosophie s’unissant à la foi comme le précisera le Pape dans cette même Encyclique Pascendi

« Or, c'est d'une alliance de la fausse philosophie avec la foi qu'est né, pétri d'erreurs, leur système. »

     Les fausses philosophies sont d’inspiration gnostique. Elles sont le fruit des hérésies que furent le manichéisme, les Vaudois et le catharisme. Elles préparèrent le protestantisme dont les doctrines déchirèrent la chrétienté. Le Pape Léon XIII, faisant état de la Réforme protestante déclara :

« C’est de cette hérésie que naquirent, au siècle dernier, et la fausse philosophie, et ce qu’on appelle le droit moderne, et la souveraineté du peuple, et cette licence sans frein en dehors de laquelle beaucoup ne savent plus voir de vraie liberté.» (Encyclique Diuturnum illud, du 29 juin 1881)

     Nous buvons à satiété les conséquences des erreurs doctrinales et sociales protestantes impulsées dans la société, lesquelles s’originent dans les sécrétions gnostiques et kabbalistes qui font le bonheur de la judéo-maçonnerie et le malheur des peuples.

     Le remède indispensable que propose saint Pie X, dans cette Encyclique, pour lutter contre ce mal érigé en « système » qui gangrène toute la société, et comme préalable nécessaire à tout rétablissement théologique sera :

     « Premièrement, en ce qui regarde les études, Nous voulons et ordonnons que la philosophie scolastique soit mise à la base des sciences sacréesIl va sans dire que s'il se rencontre quelque chose chez les docteurs scolastiques que l'on puisse regarder comme excès de subtilitéou qui ne cadre pas avec les découvertes des temps postérieursou qui n'ait enfin aucune espèce de probabilitéil est bien loin de notre esprit de vouloir le proposer à l'imitation des générations présentes. Et quand Nous prescrivons la philosophie scolastique, ce que Nous entendons surtout par là - ceci est capital - c'est la philosophie que nous a léguée le Docteur angélique. Nous déclarons que tout ce qui a été édicté à ce sujet par Notre Prédécesseur reste pleinement en vigueur, et, en tant que de besoin, Nous l'édictons à nouveau et le confirmons, et ordonnons qu'il soit par tous rigoureusement observé. Que, dans les Séminaires où on aurait pu le mettre en oubli, les évêques en imposent et en exigent l'observance : prescriptions qui s'adressent aussi aux Supérieurs des Instituts religieux. Et que les professeurs sachent bien que s'écarter de saint Thomas, surtout dans les questions métaphysiques, ne va pas sans détriment grave. »

     Détriment si grave, qu’il avertissait des conséquences en disant au Père Thomas Pègues :

     « Ceux qui s’éloignent de saint Thomas sont par là même conduits à cette extrémité qu’ils se détachent de l’Eglise » (Lettre Delata Nobis, 17 novembre 1907)

     Et, de nos jours, les résultats de cette attitude d’éloignement sont suffisamment visibles dans l’Eglise catholique au niveau de la foi et de la pratique religieuse.

(A suivre…« Le remède contre le modernisme - 2 »…si Dieu veut)

 

René Pellegrini

 

- C’est moi qui mets en gras dans les textes.

lundi 17 octobre 2022

La conjuration antichrétienne - 2 : Les deux civilisations - 2

 Basilique Saint Pierre de Rome

 LA CONJURATION ANTICHRETIENNE - 2


CHAPITRE I

 

LES DEUX CIVILISATIONS - 2

 

     Il faut que l’Eglise se réconcilie avec la civilisation moderne. Et la base proposée pour cette réconciliation, c’est non point l’acceptation des données de la vraie science que l’Eglise n’a jamais répudiée, qu’elle a toujours favorisée, aux progrès de laquelle elle a toujours applaudi et contribué plus que qui que ce soit ; mais l’abandon de la vérité révélée, abandon qui transformerait le catholicisme en un protestantisme large et libéral dans lequel tous les hommes pourraient se rencontrer, quelles que soit leurs idées sur Dieu, sur ses révélations et ses commandements. Ce n’est, disent les modernistes, que par ce libéralisme (1) que l’Eglise peut voir de nouveaux jours s’ouvrir devant elle, se procurer l’honneur d’entrer dans les voies de la civilisation moderne et de marcher avec le progrès.

     Toutes les erreurs signalées dans l’un et l’autre Syllabus se présentent comme les diverses clauses du traité proposé à la signature de l’Eglise pour cette réconciliation avec le monde, pour son admission dans la cité moderne.

 (A suivre...si Dieu veut)

Monseigneur Delassus

 

(1) Le libéralisme et un péché : voir les six publications sur la question, ici sur Blogspot

 

René Pellegrini


 

dimanche 16 octobre 2022

Echelle sainte - 1 : Le renoncement - 1


ECHELLE SAINTE - 1

     Pour ceux qui veulent entreprendre le voyage qui permettra d’inscrire leurs noms dans le livre de vie ou le livre du ciel, les trente degrés de l’échelle spirituelle de Saint Climaque nous montrent le chemin. Saint Climaque est un moine syrien connu sous le nom de Jean le Sinaïtique. Il mourut vers 650-680.

 

PREMIER DEGRE : LE RENONCEMENT - 1 

DEGRE 1-1

     De notre Dieu et Roi, qui est bon, plus que bon et entièrement bon, les créatures raisonnables honorés par lui de la dignité du libre arbitre sont les unes des amies, d’autres de fidèles serviteurs, d’autres des serviteurs inutiles ; d’autres lui sont totalement étrangères, et d’autres enfin sont pour lui des adversaires, impuissants toutefois.

DEGRE 1-2

     Par amis de Dieu, nous entendons, tout ignorant que nous sommes, ces substances intellectuelles et incorporelles qui l’entourent. Ses fidèles serviteurs sont ceux qui font et ont toujours fait sa volonté toute sainte, infatigablement et sans jamais hésiter. Ses serviteurs inutiles sont ceux qui se glorifient d’avoir reçu le divin baptême, mais n’ont pas gardé fidèlement leurs engagement s envers lui. Nous considérons comme étrangers à Dieu et comme ses ennemis ceux que nous voyons vivre sans le baptême ou dans une foi mêlée d’erreur. Enfin, ses adversaires sont ceux qui, non seulement ont repoussé la loi de Dieu et l’ont rejetée loin d’eux, mais combattent avec acharnement ceux qui l’observent.

DEGRE 1-3

     Chacune des catégories dont je viens de parler demanderait qu’on lui consacre un traité particulier ; mais il ne conviendrait pas à mon ignorance de disserter maintenant à leur sujet. Venons-en donc à ces vrais serviteurs de Dieu dont la piété me tyrannise et dont la confiance me fait violence. Etendons notre indigne main, avec une obéissance qui ne fait pas de discernement ; prenons la plume de l’enseignement, que ces doctes nous présentent, trempons-là dans l’encre de l’humilité qui nous est à la fois sombre et rayonnante ; appliquons-là ensuite sur l’étendue lisse et blanche de leur cœur, comme sur un parchemin, ou plutôt, sur des tablettes spirituelles, et commençons à y tracer les paroles divines, qui sont plutôt de divines semences.

(Echelle Sainte de Saint Jean Climaque)

 

René Pellegrini

samedi 15 octobre 2022

Le Magistère ordinaire du Pape est-il infaillible ? - 2


 Ouverture du Concile de Nicée (325) par l’Empereur Constantin Ier

LE MAGISTERE ORDINAIRE DU PAPE EST-IL INFAILLIBLE ? – 2

 

     Remarquons bien que « la règle de foi » n’est pas seulement une affaire de dogme pour clore des controverses théologiques, car elle est de tous les jours. En effet, c’est tous les jours qu’elle se trouve confronté à des décisions à prendre face à des problèmes moraux, politiques et sociaux ou à de nouvelles idéologies. Comme il est impossible de réunir un Concile tous les jours, il faut donc que les Catholiques puissent s’appuyer sur des enseignements sûrs afin de ne pas se fourvoyer, le Magistère ordinaire Pontifical y pourvoie, par Encycliques généralement. La promesse d’assistance par l’Esprit-Saint n’étant pas limitée à des temps ou des époques particulier(e)s car bénéficiant de l’assistance continu de Jésus mis en évidence par le temps présent « Je suis…tous les jours » (…) Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et leur enseignant à observer tout ce que je vous ai commandé. Et voici que je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles ». (St Matthieu XXVIII,19,20) »

     Si les mots ont toujours un sens après deux siècles d’enseignements révolutionnaires « Tous les jours » est assez clair, sauf à croire que celui qui a dit « Je suis la voie, la VERITE et la vie » (St Jean XIV,6) plaisante ou leur donne une fausse espérance. Déjà à ce stade, une certitude peut se faire jour, mais continuant d’avancer en l’étayant par d’autres réflexions avant d’apporter, après celles de Jésus, des preuves autorisées de l’infaillibilité du Magistère Pontifical Ordinaire.

LES VERITES A CROIRE PAR LE MAGISTERE ORDINAIRE

     Le plus souvent les vérités à croire sont proposées par le Magistère ordinaire et, comme le dit Dom Paul Nau :

« Celui-ci ne consiste plus en une proposition isolée prononçant irrévocablement sur la foi et la garantissant à elle seule, mais dans l’ensemble des actes qui peuvent concourir à donner un enseignement. »

     Nous parlons bien de vérités à croire et non d’opinions des Papes surgissant tout à coup, de manière isolée, sans lien avec des actes précédents. En effet, la grande majorité des vérités à croire nous viennent par le Magistère pontifical ordinaire. Elles n’énoncent pas simplement une proposition, un jugement, une condamnation isolés, mais elles s’inscrivent dans un « ensemble d’actes qui peuvent concourir à donner un enseignement. » Ainsi, un acte du Magistère ordinaire n’est pas un enseignement isolé, sans lieu avec le dépôt de la foi. C’est pour cette raison qu’il devient une VERITE A CROIRE.

     Et Dom Paul Nau ajoute : « C’est le procédé normal de la tradition au sens fort du terme, ce fut le seul que connurent pratiquent les premiers siècles et c’est encore celui qui atteint le plus généralement l’ensemble des chrétiens. »

     Ainsi, l’Eglise pendant plus de dix-huit siècles, jusqu’au Concile Vatican I (1870), n’a connu que le Magistère ordinaire pour lui enseigner les dogmes de la foi et les vérités à croire permettant de donner un enseignement doctrinal avec certitude. 

    « Magistère ordinaire, comme jugement solennel, exigent également la foi pour la doctrine qu’ils proposent. C’est donc qu’ils la peuvent assurer contre toute erreur. Faute de cette certitude, en effet, nul ne pourrait être tenu d’y accorder sa foi, c’est-à-dire d’y adhérer sur l’autorité de la Vérité première. »

     Pénétrant plus avant dans la compréhension

« C’est autre chose de limiter les cas où l’on peut vérifier les conditions d’un jugement solennel et de limiter au seul jugement solennel les modes authentiques de présentation de la foi par le Souverain Pontife. »

« De même, c’est autre chose d’imposer comme objet de foi ce qui est enseigné comme révélé par le magistère ordinaire et universel et de limiter à cela seul l’obligation de croire. Ces limites, ni l’une ni l’autre des Constitutions de Vatican I ne les ont posées. On ne saurait donc s’autoriser de l’enseignement de Vatican I pour exclure le magistère pontifical ordinaire des modes authentiques de présentation des règles de foi ». Le magistère ordinaire et universel c’est-à-dire l’enseignement des évêques en union avec le Pape.

     Alors, que l’Eglise s’en remettait uniquement à l’enseignement pontifical ordinaire avec une « tranquille assurance » pourquoi avoir attendu tous ces siècles et le besoin d’ imposer le dogme de l’infaillibilité solennel du Pape ?

     Le Concile Vatican I « a défini avec netteté l’infaillibilité du Pape dans les jugements solennels, qui étaient alors l’objet d’ardentes controverses. »

     Ce sont donc les « ardentes controverses sur la foi à accorder aux enseignements solennels du Pape qui détermina cette décision. » Donc, « Il n’avait pas à rappeler, et n’a pas rappelé, du moins par un texte officiel, la tradition reconnaissant le caractère de règle de foi à l’enseignement ordinaire du Saint Siège, tradition qui jouissait alors « d’une tranquille possession. »

     Après avoir posé le problème, les constats qu’ils entraînent et les vérités à croire, dans un prochain article nous verrons les textes qui prouvent l’infaillibilité du Magistère Pontifical Ordinaire et l’erreur de la thèse de l’infaillibilité minimaliste.

(A suivre…si Dieu veut)

 

René Pellegrini

 

 

vendredi 14 octobre 2022

Prière aux Saints Anges


PRIERE AUX SAINTS ANGES

 

     O Dieu, soyez-moi propice, et gardez-moi tous les jours de ma vie ; ayez pitié de moi, et envoyez à mon secours votre Archange Saint Michel, pour qu’il me défende contre mes ennemis.

 

     Saint Michel Archange, protégez-moi contre tous les dangers, afin que je ne périsse pas au jour du jugement. Par la grâce que vous avez méritée, et par Notre-Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, délivrez-moi, je vous prie, des périls de la mort.

 

(Saint Augustin)

jeudi 13 octobre 2022

Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu - 2 : Aspect religieux


RENDEZ A CESAR CE QUI EST A CESAR… - 2 : ASPECT RELIGIEUX

 

« Alors il leur dit : Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu »

(St Luc XX, 25)

     Dans le Nouveau Testament nous avons, en la Personne du Fils de Dieu, l’accomplissement parfait dans l’ordre temporel, en actes et en paroles, de l’Ancien Testament de Moïse et des prophètes sur ce qui concernait la venue du Messie, sa doctrine, son enseignement et ses prérogatives. La lecture du Nouveau Testament se fera donc, soit selon l’esprit du « vieil homme » hérité d’Adam le pécheur, soit selon l’esprit de « l’homme nouveau » renouvelé en Jésus-Christ par le baptême au nom de la Très Sainte Trinité. Pour bien comprendre ces paroles de Jésus « rendez à César… » il est nécessaire de faire un rappel sur les modes d’exercice du pouvoir et la condition humaine avant la venue de Jésus et le regard nouveau sur celui-ci avec sa venue.

     N’en déplaise aux Protestants et à leurs diverses progénitures, le péché originel est une Vérité révélée. Il va peser et conditionner tout au long de l’histoire humaine les rapports que les hommes établiront entre eux à titre individuel ou sous forme collective, et sur la manière d’administrer cette collectivité

LES MODES D’EXERCICE DU POUVOIR AVANT JESUS-CHRIST

     Jusqu’à la venue du Christ le mode ordinaire d’administration gouvernementale était :

     - soit sacré : la théocratie où tout s’unissait par référence à Dieu, c’est-à-dire par le haut, et ce fut le cas à l’époque de Moïse, sous les Juges d’Israël et, à un moindre degré, sous les rois d’Israël, le peuple ayant demandé à l’époque du prophète Samuel (I Rois VIII,1-22 (1) à être administré par un roi temporel comme les autres peuples.

     La théocratie, c’est aussi la forme gouvernementale de l’Islam qui unit le temporel et le spirituel. Par sa négation du mystère de la chute originelle et de l’homme nouveau en Christ, il s’apparente au paganisme et constitue la plus grande hérésie antichrétienne.

     - soit profane : comme dans  beaucoup de sociétés et empires païens, et dans les divers socialismes et les régimes démocratiques où tout s’unifie par le bas.

    Ces modes et principes temporels sous leurs aspects individuels et collectifs se sont construits dans la descendance d’un Adam pêcheur et déchu de sa condition première, ou du vieil homme - selon l’expression de Saint Paul - et se fondent, soit sur des principes naturels, soit sur une Vérité inscrite sur des Tables de pierre, les Tables de la Loi.

LE MODE D’EXERCICE DU POUVOIR AVEC ET APRES JESUS-CHRIST

     La venue de Jésus va inscrire les divers aspects temporels individuels et collectifs selon un autre principe, un principe surnaturel, celui de l’homme nouveau renouvelé en Jésus-Christ. La Vérité qui fut inscrite sur les Tables de pierre de la Loi de Moïse est désormais présente en une Personne : Le Fils de Dieu, Notre-Seigneur Jésus-Christ, et dans la descendance du Nouvel Adam, l’Eglise de Dieu.

     Le Christ est la ‘’racine’’ et le modèle de la Création en sa pureté première. Il en est aussi le couronnement, l’Alpha et l’Oméga. Ainsi, Le Christ détenteur des pouvoirs législatif, judiciaire et exécutif porte en Lui-même, en qualité de ‘’racine’’, et jusqu’au couronnement de toutes choses, le modèle des relations et des obligations familiales, individuelles, sociales et gouvernementales fondées sur la Vérité. Si ces prérogatives du Christ peuvent être rejetées avec insolence par un Etat laïc, il n’en demeure pas moins que les chrétiens, de quelque condition sociale qu’ils soient, doivent en témoigner et s’y soumettre.

     L’homme issu du pécheur Adam, en s’harmonisant avec le Christ, couronnement de toutes choses, pourra recouvrer son innocence, imparfaitement certes, puisque le renouvellement qu’il apporte ne se fait pas encore dans le monde nouveau promis, mais dans le monde ancien du péché avec toutes ses tentations. Le temporel et le spirituel ayant la même origine, il est dans l’ordre des choses qu’ils puissent rentrer en harmonie, mais sans se confondre comme dans une théocratie musulmane.

     Dans l’ordre temporel issu depuis Adam, le rapport entre Dieu (spirituel) et César (temporel) est le même que celui existant entre l’homme nouveau et le vieil homme. Il reflète la relation qui existe entre le créée qui, après chacun des six jours de la création - et pas sept comme l’enseigne la gnose - fut décrété « Bon » ou en conformité avec les intentions de Dieu (Genèse I, 3-31), et le désordre introduit par la Chute originelle.

LA VRAIE PORTEE DU RENDEZ A CESAR ET A DIEU

     Le Péché originel est une Vérité révélée. La distinction qu’opère Jésus entre Dieu et César exprime la Loi nouvelle de la Création, après le Péché, dans la lumière de la Rédemption qui est aussi une Vérité révélée. Ce « rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » exprime cette Loi nouvelle de la Création déchue et rachetée qui reconnaît l’autorité de César (ou autorité temporelle) et ce qui lui est dû « rendez à César ». Mais, sous l’angle de la grâce et du renouvellement qu’opère cette Loi nouvelle de la Création, elle exprime aussi la séparation entre deux générations ou postérités (1) issues depuis le péché originel : la génération naturelle avec une vision du pouvoir temporel façonnée selon la chair et le sang, et la génération selon l’Esprit, avec une vision du pouvoir temporel façonnée par le renouvellement de l’homme, par la foi et le baptême en Jésus-Christ.    

   Ces deux propositions « rendre à César ce qui est à César » et « rendre à Dieu ce qui est à Dieu » ne font que distinguer deux pouvoirs sans les fusionner : celui de César et de Dieu ; mais elles n’ont jamais signifié une dispense des obligations envers l’un et l’autre. Elles font ressortir la réalité de deux pouvoirs et des obligations afférentes : les devoirs envers l’Etat dus par les individus, et à Dieu par l’Etat et par les individus. Comme si l’Etat pouvait être dispensé du respect et de l’obéissance à Dieu !!! Cet orgueil satanique prélude à toutes les ignominies, bassesses, iniquités et trahisons d’une gouvernance pervertie intellectuellement, décadente, antichrétienne, antipatriotique et servant les intérêts de puissances étrangères idéologiquement hostiles à la France.

     En demandant au Christ s’il fallait payer le Tribut à César, les pharisiens cherchaient à perdre Jésus en essayant de lui faire prendre position pour l’un (César) au détriment de l’autre (Dieu) et le mettre en porte-à-faux quel que soit son choix. La réponse de Jésus déjoue le piège tendu, en même temps qu’elle met en évidence le comportement et les paroles de rappel que peuvent tenir les chrétiens envers l’autorité temporelle, lorsque celle-ci les soumet à certaines obligations. Aujourd’hui, des suppôts de l’enfer déguisés en apôtres du Christ cherchent à démobiliser les chrétiens en déformant les propos de Jésus pour les faire renoncer, dans les différents aspects que peut revêtir leur vie de témoignage évangélique en matière sociale et politique, devant les autorités pour leur rappeler leurs obligations envers Dieu.

     Après les obligations envers l’Etat (César) ce qu’il faut rendre à Dieu, en tout temps, lieux et circonstances, c’est l’accomplissement de sa volonté. C’est ce que fait Jésus se servant de sa réplique pour témoigner de Dieu « rendez à Dieu » et, par la même, témoigner de son existence.

CONCLUSION :

     Sous la loi nouvelle sous laquelle sont placés les chrétiens jusqu’à la fin du monde « rendre à Dieu ce qui est à Dieu » n’est pas, pour eux, une invitation à désobéir aux justes lois et exigences de l’Etat, pas plus que « rendre à César ce qui est à César » n’est une invitation pour l’Etat de désobéir à Dieu, à lui manquer de respect ou d’en favoriser l’irrespect, ni de s’opposer ou de s’indigner stupidement envers ceux qui lui rappellent ses devoirs.

     Ne vous laissez pas piéger, dans les différents aspects de la vie sociale et politique, par l’utilisation fallacieuse de cette prescription de Jésus : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu » vous invitant à rester dans la sacristie ou à demeurer discret ou silencieux, contrairement à l’exhortation du Pape Pie XI, dans l’Encyclique Quas primas du 11 décembre 1925 :

« Dans les conférences internationales et dans les Parlements, on couvre d’un lourd silence le nom très doux de notre Rédempteur ; plus cette conduite est indigne et plus haut doivent monter nos acclamations, plus doit être propagée la déclaration des droits que confèrent au Christ sa dignité et son autorité royales. »

 

René Pellegrini

(1) I Samuel 8,1-22 dans les Bibles protestantes.


 

mercredi 12 octobre 2022

Le seul succès


 La Pietà Martinengo de Giovanni Bellini (1430-1516)

LE SEUL SUCCES

 

     Dans les défaites les plus complètes il y a toujours quelque chose qui rappelle le triomphe ; car c’est un triomphe positif que d’avoir résisté et combattu pour Dieu. En un mot, jamais un homme qui vit pour Dieu n’est trompé dans son attente, et au contraire tous ceux-là seront déçus qui vivent pour quelque autre fin. Si quelqu’un remarque dans son caractère la triste disposition de se trouver très affecté par l’échec, il doit y voir pour lui une raison particulière de remplir ses devoirs religieux : car la piété (1) est le seul succès satisfaisant et vrai, et qui ne fasse jamais défaut.

     Dans l’atmosphère de la mort toutes les lumières s’éteignent, mais la lumière de la foi demeure.

(Père Frédérick William Faber)

- A notre époque, il n’y aura de paix dans le monde que par la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, effectuée par le Pape en union avec tous les évêques du monde. Consécration demandée depuis 1929, par Notre-Dame, et toujours pas effectuée selon les demandes précises de la Sainte Vierge.

(1) La piété est une vertu annexe à la justice, elle consiste à rendre à Dieu ce qui lui est dû : l’aimer, le louer et le servir par des actes intérieurs : dévotion (prière) et des actes extérieurs : adoration, sacrifice, dons, vœu, serment, etc. Elle concerne aussi, en tant que piété filiale, les devoirs envers les parents (respect, déférence, obéissance) lorsqu’on vit sous leur autorité, et l’assistance en cas de besoin). Enfin, elle concerne les devoirs envers la patrie : l’obéissance aux lois, le don de soi jusqu’à sacrifier sa propre vie en cas de guerre juste contre ses ennemis. Par guerre juste on entend, pour se défendre contre l’injustice d’un agresseur et, ce faisant, procurer un bien ou éviter un mal. A propos de celui qui exerce l’autorité dans une guerre juste, voici ce que dit la Sainte Ecriture :

« Car elle (l’autorité) est le ministre de Dieu pour le bien. Que si tu fais le mal, crains ; car ce n’est pas sans motif qu’elle porte le glaive, puisqu’elle est le ministre de Dieu dans sa colère contre celui qui fait le mal. » (Romains XIII, 4) 

 

René Pellegrini

mardi 11 octobre 2022

Introduction à l'histoire des Patriarches - 2 : Histoire des Patriarches - 1


 
INTRODUCTION A L’HISTOIRE DES PATRIARCHES – 2

 

HISTOIRE DES PATRIARCHES -1

 

     On voudrait, dans cet ouvrage, répondre à l’appel de l’éminent écrivain qui, par la lecture assidue des Pères de l’Eglise, a su découvrir la sève cachée sous la lettre des Livres Saints et qui, mettant un génie hors de pair au service d’une foi inébranlable, a donné à la Bible une place qu’elle n’avait jamais eu encore dans la littérature française. La préface que l’on vient de lire (1) exprime avec une force et une conviction dont il est impossible n’être pas touché, le vœu de tous ceux – et ils sont légion – qui aspirent à voir l’interprétation traditionnelle de l’Ecriture en honneur, non pas sans doute, à la place, mais à côté de l’exégèse littérale et scientifique qui prétend aujourd’hui régner seule.

     Nous nous sommes efforcés de retrouver dans leurs attitudes exactes, dans leurs proportions harmonieuses, dans leur beauté originelle ces figures patriarcales, ces statues merveilleuses que le Saint-Esprit lui-même a sculptées avec amour aux premiers temps du monde, à la fois pour orner le temple éternel de Dieu, celui où on l’adore en esprit et en vérité, et pour servir de modèles, indéfiniment, à travers les siècles, aux hommes qui voudraient vivre en hommes.

     Tel était à leur endroit le sentiment des Pères de l’Eglise.

     A un jeune homme qui lui demandait quelques conseils pour tendre à la perfection, saint Grégoire de Nysse répondait en citant d’abord ce texte d’Isaïe : « Regardez Abraham et Sara, qui vous ont enfantés. » Puis il ajoutait :

     C’est à des âmes égarées que ces paroles sont adressées. De même en effet que, pour les marins emportés loin de la direction du port, la vue d’un feu qui s’élève d’une hauteur, ou de la cime d’une montagne aperçue de loin, sert de point de repère pour retrouver la bonne route ; de même les âmes égarées, l’esprit sans pilote dans l’océan de la vie, sont-elles ramenées au port de la divine volonté par l’exemple d’Abraham et de Sara. Et comme l’humanité est divisée en deux sexes, et qu’à tous deux est proposé le libre choix entre le vice et la vertu, la Parole divine à mis sous les yeux de l’un comme de l’autre un modèle à imiter, afin que les hommes regardant Abraham, les femmes regardant Sara, les deux sexes puissent, par des exemples appropriés, dirigés leur vie selon la vertu.

     Il nous suffira donc de rappeler la vie d’un de ces personnages pour lui faire remplir l’office de phare, et montrer ainsi comment il est possible de faire aborder l’âme au port paisible de la vertu, où elle ne sera plus exposée aux orages de la vie, et où elle ne risquera plus de faire naufrage dans les abimes du péché, sous le choc des vagues successives des passions. La raison pour laquelle la vie de ces âmes saintes a été écrite en détail, n’est-elle pas de diriger dans la voie du bien, par l’exemple des justes des temps anciens, la vie de leurs successeurs ? Mais, dira-t-on, si je ne suis ni chaldéen, comme cela est écrit d’Abraham, ni l’enfant adoptif de la fille du roi d’Egypte, comme l’Ecriture l’enseigne de Moïse ; si je n’ai rien de commun dans ma façon de vivre avec aucun de ces hommes d’autrefois, comment conformerai-je ma vie à celle de l’un d’entre eux ? Je ne vois pas comment imiter quelqu’un qui diffère totalement de moi par ses habitudes. Nous répondrons à cela qu’il importe peu, pour le vice ou la vertu, que l’on soit Chaldéen, et que ni le fait de vivre en Egypte, ni celui d’habiter Babylone n’excluent quelqu’un du chemin de la perfection. Ce n’est pas en Judée seulement que Dieu est connu des justes, ce n’est pas à Sion seulement, encore que l’Ecriture sainte semble le dire, que se trouve la maison de Dieu. Mais il nous faudra une #méditation attentive et une vue plus perçante, pour discerner, au-delà de la lettre de l’Ecriture, de quels Chaldéens et de quels Egyptiens il faut nous éloigner, et quelle est la captivité de Babylone à laquelle nous devons échapper pour atteindre la vie bienheureuse. (2) »

     De même, saint Ambroise, commence les deux livres qu’il a écrit sur Abraham, par les réflexions suivantes :

 

« Platon, prince des philosophes, a jugé utile de construire, dans ses ouvrages, une république idéale, afin que ses concitoyens eussent en elle un modèle à imiter. Et Xénophon a dessiné dans sa Cyropédie, le type du roi juste et sage, pour servir d’enseignement aux princes. Ainsi, Moïse, en écrivant la vie d’Abraham, nous a montré le modèle de l’homme de Dieu, avec cet avantage sur les auteurs précédents, qu’au lieu de forger de toutes pièces un être fictif, il met devant nos yeux un personnage réel, doté des vertus les plus authentique (3).

     Il résulte clairement de ces témoignages, et de beaucoup d’autres que, pour les Pères de l’Eglise, Abraham n’est pas un être primitif, émergeant à peine de l’état sauvage ou de l’animalité, comme on pourrait le croire en entendant certains auteurs contemporains parler à son sujet, de « bédouin sournois et pillard », de « vagabond civilisé », « d’enfant de la steppe », de « conscience crépusculaire »…que sais-je encore ?

     Abraham, personne n’osera le contester, est une des plus grandes figures de l’histoire universelle. A l’heure où l’humanité tout entière se ruait frénétiquement dans le polythéisme et se prosternait sans honte devant les idoles les plus variées, les plus grotesques, les plus immondes, il apparaît comme le mainteneur du monothéisme, comme l’ancêtre et le chef de tous ceux qui adorent le Dieu Un, le Dieu transcendant, le Dieu qui est Esprit. A ce titre, sa haute stature domine et l’histoire du peuple juif, qui se tient pour son descendant direct et son héritier, et celle du christianisme, et encore celle de l’Islam. Les fils du Prophète, en effet, le considèrent comme leur chef, non pas seulement parce qu’il est le père d’Ismaël, leur ancêtre racial, mais surtout parce qu’ils voient en lui le modèle de l’intransigeance monothéiste, dont ils font le principe premier de leur religion. Aussi occupe-t-il dans le Coran une place beaucoup plus importante que le fils d’Agar, qui n’y a qu’un rôle effacé. #Allah est son Dieu avant d’être celui de #Mahomet. Si les #Musulmans veillent jalousement sur sa tombe à Hébron, c’est qu’ils la considèrent comme un dépôt qui leur revient de droit. #Jésus est le chef des chrétiens, Moïse celui des #Juifs, mais Ibrahim (ou Abraham) est leur Patriarche à eux, celui qui, béni d’Allah, a légué à ses descendants la foi véritable, c’est-à-dire l’Islam.

     L’Eglise catholique, de son côté, ne lui témoigne pas moins d’égard et de vénération que la religion juive. Trois fois au moins chaque jour, elle le nomme dans sa liturgie, à des moments particulièrement solennels : au Benedictus de l’Office des Laudes, au Magnificat des Vêpres, et surtout au Canon de la Messe, honneur insigne qu’elle n’accorde qu’à de rares privilégiés. Elle montre, par là, qu’elle le tient pour l’un des noms les plus capables de lui concilier, à ce moment redoutable, la bienveillance du Tout-Puissant. Elle nous fait dire à nous, chrétiens, en parlant de lui : « Abraham le très grand » (Pater fidei nostrae, Abraham summus (3) ». Toute la tradition catholique est empreinte à son endroit du même caractère de respect, de haute estime, d’admiration : sa vie est considérée unanimement comme le modèle de celle du juste, comme le miroir de toutes les vertus. Les Pères ont loué à l’envi et sans dissonance aucune, sa foi, son obéissance, sa patience, sa charité, son humilité, sa piété. Et si saint Jérôme a écrit une fois : Peccavit Abraham, Abraham a péché, c’est justement pour montrer que nul homme n’est exempt de quelques faiblesses, même s’il compte parmi les plus grands saints (4).

     Ainsi, trois des principaux courants de la civilisation humaine se réclament en lui d’une origine commune : ils semblent sortir de cette source unique pour irriguer et fertiliser toute la terre.

(A suivre…si Dieu veut)

Dom de Monléon

(1) Saint Grégoire de Nysse, De la vie de Moïse, Patrologie grecque, t.XLIV, col.301.

(2) De Abraham libri duo, I.I, ch. I

(3) Antienne des premières Vêpres de la Quinquagésime.

(4) Commentaires sur Isaïe, I. XII, ch. XLIII, 36

 

René Pellegrini

lundi 10 octobre 2022

J'étais Témoin de Jéhovah - 2 : Tout s'effondre


 Assemblée régionale (ou de Circonscription) des Témoins de Jéhovah

J’ETAIS TEMOIN DE JEHOVAH - 2 : TOUT S’EFFONDRE  

      En rendant visite à un frère, je promenai mon regard sur des livres de sa bibliothèque et un titre attira mon attention car je savais que c’était un livre ancien, il était intitulé « La Harpe de Dieu ». Je lui demandais s’il voulait bien me le prêter, ce qu’il fit sans problème. Rentré chez moi, je dévorais ce livre. Ce fut un véritable coup de massue. J’étais effondré. Tout s’écroulait. Nous annoncions que nous étions dans le temps de la fin depuis 1914 alors que ce livre disait : 

« Nous sommes dans le temps de la fin depuis 1799 » (p.208) et encore « C’est en 1874 que commença le temps de la seconde présence du Seigneur » (p.208) et comme preuves de cette présence « Les chemins de fer électriques, la bicyclette (…) les charrues électriques (…) les machines à coudre les souliers (…) les autocuiseurs » etc. (p.209).

     Les énormités que j’y vis m’ébranlèrent totalement. Ce n’était plus des ragots de gens haineux, c’était écrit noir sur blanc. Je me disais : Voilà ce que mes frères du passé devaient annoncer comme étant la vérité, dans leur porte-à-porte. On avait trahi ma confiance. Et ce n’était rien à côté de ce que j’allais découvrir par la suite (d’autres fausses prophéties, par exemple « la résurrection annoncée pour 1925 d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, avec construction d’une villa appelée Beth-Sarim (à San Diego – Californie) pour les accueillir » (in - Des millions actuellement vivants ne mourront jamais - 1920 p.75) ; des enseignements contradictoires, des déclarations farfelues, des traductions de textes grecs du Nouveau Testament falsifiés pour détruire la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ : véritable pierre d’achoppement pour les TDJ. 

     J’étais entré dans l’organisation des TDJ pensant que c’était la vérité, j’avais cru qu’ils étaient les prophètes authentiques de Dieu. Et voilà qu’ils se révélaient être des faux prophètes démasqués par le critère qu’ils avaient eux-mêmes posés avec arrogance : 

« Comment reconnaître un vrai d’un faux prophète. Aussi Dieu en fournit le moyen, et ce moyen garde sa valeur en tout temps. Les Ecritures déclarent en effet ‘’ Peut-être diras-tu dans ton coeur : comment connaîtrons nous la parole que l’Eternel n’aura point dite ? Quand ce que dira le prophète n’aura pas lieu et n’arrivera pas, ce sera une parole que l’Eternel n’aura point dite. C’est par audace que le prophète l’aura dite ; n’aie pas peur de lui » (Deutéronome 18 : 21,22) » (in - Prophétie, 1929 p.18). C’est moi qui mets en gras).

     En rapportant le livre à ce frère je lui fis part de mes découvertes. Il en fut lui-même stupéfait car, me dit-il, il ne l’avait jamais lu, mais il le tenait de son père et l’avait conservé dans sa bibliothèque. Au bout de quelques jours je n’en pouvais plus et j’appréhendais le moment de devoir monter au pupitre pour exhorter les frères et soeurs alors que j’étais terriblement atteint. Je ne pouvais continuer cette comédie sans me dégoûter moi-même. Je n’étais plus le René qui était entré dans cette organisation avec toute sa ferveur.

     Lors d’une réunion des anciens (nous étions 4, moi compris) je leur fis part de mes découvertes et de l’impossibilité, pour moi, dans l’état où j’étais, de continuer cette mascarade d‘exhorter, d’encourager depuis le pupitre, et il était préférable que je m’abstienne de toute activité et responsabilité. Que je continuerai d’assister aux réunions, j’écouterai les autres parler, laissant au temps le soin, peut-être, de me ramener à d’autres sentiments. J’assistais encore aux réunions mais tout devenait fade et, le temps passant, de plus en plus irrégulièrement : le coeur n’y était plus, plus du tout. Ma femme et moi nous nous retirâmes sans faire de bruit. Ensemble nous y étions entrés et ensemble nous en sommes sortis. 

     Ce fut ensuite une douloureuse traversée du désert qui dura onze ans, avec Dieu revenant de temps à autre dans mes pensées. Il était toujours là, ça ne dépendait que de moi, mais j’étais trop désabusé, sans forces, et surtout, sans savoir où aller car tout était satanique en dehors des TDJ. On dit que les voies de Dieu sont impénétrables. Il se servit de deux de mes enfants qui voulurent étudier avec les TDJ, pour me relever, me remettre en route.

     Si tu es Témoin de Jéhovah et que tu lis cet article, il y a trois possibilités qui s’offrent à toi : 

- Soit tu continueras imperturbablement de t’adapter aux changements qui te seront régulièrement présentés comme étant la vérité qui annulera une vérité ancienne, et devenant, par le fait même, une nouvelle vérité. Tu diras donc le contraire de ce que tes prédécesseurs ont annoncés comme étant la vérité, comme toi-même tu seras démenti un peu plus tard par ceux qui te succéderont, au nom de cette vérité à géométrie variable. Tout cela, sous couvert d’un verset commode pour faire avaler les couleuvres « la lumière va croissant ». (Proverbes IV, 18). Dans ce cas toutes les pirouettes deviennent possibles et bonjour le principe de non contradiction, le fondement logique de la vérité. 

- Soit tu y es entré sans trop de convictions, mais pour faire plaisir à ton épouse ou à ton mari, ou bien pour sauvegarder la paix dans ton ménage et sa continuité. Tu fais le suiveur. Dans ce cas, comme la vérité n’aura pas été forcément le premier et incontournable critère dans ta ''conversion'' je crains fort que tu puisses t’accommoder de la première possibilité. 

- Soit tu considères qu’une vérité ne peut en aucun cas, si elle est la vérité, être annulée par une proposition contraire. Elle peut être développée, au nom même de cette « lumière qui va croissant », y ajouter un éclairage supplémentaire, mais sans que jamais ce développement ou cet éclairage puisse venir annuler ce qui a été énoncé comme étant la vérité dans un premier temps. Dans ce cas, il te faut en tirer les conséquences, au nom même de cette vérité que tu prétends défendre et enseigner. Je tiens à ta disposition d’autres affirmations des soi-disant prophètes de Jéhovah. Peut-être que je finirai par les publier. 

(A suivre…« Si tu es témoin de Jéhovah, réfléchis bien ! »…si Dieu veut)

Nota bene : Comme me l’a fait remarquer mon épouse, notre bébé avait environ un an, car né en mai de cette année mémorable de 1968. Année où faisait fureur le slogan « Il est interdit d’interdire » qui posait lui-même une interdiction.

 

René Pellegrini


 

Excellence de la philosophie chrétienne - 2 : Pourquoi la philosophie chrétienne ? - 2


Pape Urbain V. Pontificat 1362-1370

EXCELLENCE DE LA PHILOSOPHIE CHRETIENNE - 2

 

POURQUOI LA PHILOSOPHIE CHRETIENNE ? – 2

     La haute considération de l’Eglise pour la philosophie de Saint Thomas d’Aquin se vérifie par diverses déclarations des Papes comme les citations - non exhaustives - ci-dessous.  Notamment, les paroles du Pape Alexandre IV :

« Bien vive a été notre satisfaction d’apprendre avec quel zèle et quelle vigilance vous prenez les intérêts de la piété et de la justice. C’est ainsi que récemment, avant même d’avoir reçu nos lettres, vous avez accordé la licence à Frère Thomas d’Aquin, de l’Ordre des Prêcheurs, homme également illustre par la noblesse de sa race, la pureté de sa vie, et le trésor de science et de doctrine que la grâce de Dieu lui a déjà fait acquérir. » (Bref à Emeric, chancelier de l’Eglise de Paris, en 1256)

     Celle du bienheureux Urbain V à l'université de Toulouse :

« Nous voulons et, par la teneur des présentes, Nous vous enjoignons de suivre la doctrine du bienheureux Thomascomme étant véridique et catholique, et de vous appliquer de toutes vos forces à la développer » (Cons. V. ad cancell. Univ. Tolos., 1368)

     A l'exemple d'Urbain V, Innocent XII impose les mêmes prescriptions à l'université de Louvain, et Benoît XIV au collège dionysien de Grenade. Pour couronner ces jugements portés par les Pontifes suprêmes sur saint Thomas d'Aquin, Nous ajoutons ce témoignage d'Innocent VI 

« La doctrine de saint Thomas a, plus que toutes les autres, le droit canon excepté, l'avantage de la propriété des termes, de la mesure dans l'expression, de la vérité des propositions, de telle sorte que ceux qui la possèdent ne sont jamais surpris hors du sentier de la vérité, et que quiconque l'a combattue a toujours été suspect d'erreur. » ( Sermo de S. Thoma).

     Plus près de nous :

LEON XIII dans l’Encyclique Aeterni Patris, 4 août 1879

« Mais entre tous les docteurs scolastiquesbrille, d'un éclat sans pareil leur prince et maître à tousThomas d'Aquinlequel, ainsi que le remarque Cajetan, pour avoir profondément vénéré les Saints Docteurs qui l'ont précédé, a hérité en quelque sorte de l'intelligence de tous. Thomas recueillit leurs doctrines, comme les membres dispersés d'un même corps; il les réunit, les classa dans un ordre admirable, et les enrichit tellement, qu'on le considère lui-même, à juste titre, comme le défenseur spécial et l'honneur de l'EgliseD'un esprit ouvert et pénétrant, d'une mémoire facile et sûre, d'une intégrité parfaite de mœurs, n'ayant d'autre amour que celui de la vérité, très riche de science tant divine qu'humaine, justement comparé au soleil, il réchauffa la terre par le rayonnement de ses vertus, et la remplit de la splendeur de sa doctrine. Il n'est aucune partie de la philosophie qu'il n'ait traitée avec autant de pénétration que de solidité : les lois du raisonnement, Dieu et les substances incorporelles, l'homme et les autres créatures sensibles, les actes humains et leurs principes, font tour à tour l'objet des thèses qu'il soutient, dans lesquelles rien ne manque, ni l'abondante moisson des recherches, ni l'harmonieuse ordonnance des parties, ni une excellente manière de procéder, ni la solidité des principes ou la force des arguments, ni la clarté du style ou la propriété de l'expression, ni la profondeur et la souplesse avec lesquelles il résout les points les plus obscurs. »

     Dans cette même Encyclique :

«  Nous Vous exhortons, Vénérables Frères, de la manière la plus pressante, et cela pour la défense et l'honneur de la foi catholique, pour le bien de la société, pour l'avancement de toutes les sciences, à remettre en vigueur et à propager le plus possible la précieuse doctrine de saint Thomas. »

SAINT PIE X dans l’Encyclique Pascendi Dominici Gregis, 8 septembre 1907

« Quand Nous prescrivons la philosophie scolastique, ce que Nous entendons surtout par là - ceci est capital - c'est la philosophie que nous a léguée le Docteur angélique. Nous déclarons que tout ce qui a été édicté à ce sujet par Notre Prédécesseur reste pleinement en vigueur, et, en tant que de besoin, Nous l'édictons à nouveau et le confirmons, et ordonnons qu'il soit par tous rigoureusement observé. Que, dans les Séminaires où on aurait pu le mettre en oubli, les évêques en imposent et en exigent l'observance: prescriptions qui s'adressent aussi aux Supérieurs des Instituts religieux. Et que les professeurs sachent bien que s'écarter de saint Thomas, surtout dans les questions métaphysiques, ne va pas sans détriment grave.»

PIE XI dans l’Encyclique Studorium Ducem, 29 juin 1923

« Pour dissiper les erreurs qui sont la source et l'origine de toutes les misères actuelles, il faut s'attacher plus religieusement que jamais aux doctrines de saint Thomas. Il réfute à fond tous les mensonges modernistes: en philosophie, par la valeur et puissance qu'il reconnaît à l'esprit humain et les arguments très solides qu'il donne de l'existence de Dieu ; en dogmatiquepar la distinction qu'il établit entre l'ordre surnaturel et l'ordre naturel et l'explication qu'il donne des raisons de croire et des dogmes à croire ; en théologiepar l'affirmation que les articles de foi ne sont pas de simples opinions, mais des vérités, et des vérités immuables ; en Écriture Sainte, par la vraie notion de l'inspiration ; en moraleen sociologieen droitpar la formule exacte des principes de justice légale ou sociale, commutative ou distributive, et l'explication des rapports entre la justice et la charité; en ascétique, par les règles de la perfection chrétienne et la défense des Ordres religieux de son époque contre leurs adversaires. Enfin, contre la prétendue autonomie de la raison humaine, il revendique les droits et l'autorité sur nous du Dieu Souverain. On voit assez pourquoi, entre tous les Docteurs de l'Église, aucun n'est plus redoutable aux modernistes que Thomas d'Aquin. »

     Ces piqûres de rappel ne sont pas inutiles aussi bien pour les études théologiques et philosophiques des séminaristes que pour la formation intellectuelle des laïcs. En effet, si les dérives théologiques et philosophiques du modernisme ont pu s’introduire et triompher – pour un temps - dans l’Eglise, c’est à cause de l’abandon ou de l’ignorance des doctrines du Docteur angélique.

     Soyons donc attentifs, prudents et en alerte lorsque nous entendons des clercs et des laïcs catholiques écartant, minimisant ou combattant l’enseignement théologique et philosophique de Saint Thomas.

  

(A suivre… « Qu’est-ce que la philosophie ? »…si Dieu veut)

René Pellegrini


Introduction à l'histoire des Patriarches - 10 : Le départ du pays natal - 4

INTRODUCTION A L’HISTOIRE DES PATRIARCHES – 10   LE DEPART DU PAYS NATAL – 4 (Genèse, XI, 27 – XII, 5)        Mais par cette stabili...