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mercredi 23 novembre 2022

Le Magistère Ordinaire du Pape est-il infaillible ? - 3 : Preuves


 Concile de Trente (1545-1563)

LE MAGISTERE ORDINAIRE DU PAPE EST-IL INFAILLIBLE ? – 3

 

PREUVES :

     Après les constats évoqués dans les deux précédentes publications, venons-en aux déclarations montrant que le Magistère ordinaire du Pape est aussi infaillible :

     Concile Vatican I :

« On doit croire d’une foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans les saintes Écritures et dans la tradition, et tout ce qui est proposé par l’Église comme vérité divinement révélée, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire et universel. » (Constitution Dogmatique Dei Filius, 24 avril 1870)

     Léon XIII, en parlant du Magistère ordinaire :

« Toutes les fois donc que la parole de ce magistère déclare que telle ou telle vérité fait partie de l’ensemble de la doctrine divinement révélée, chacun doit croire avec certitude que cela est vrai ; car si cela pouvait en quelque manière être faux, il s’ensuivrait, ce qui est évidemment absurde, que Dieu Lui-même serait l’auteur de l’erreur des hommes. (Encyclique Satis Cognitum 29 juin 1896)

     Dans la même Encyclique :

« Les Pères du Concile du Vatican n’ont donc rien édicté de nouveau, mais ils n’ont fait que se conformer à l’institution divine, à l’antique et constante doctrine de l’Eglise et à la nature même de la foi, quand ils ont formulé ce décret : « On doit croire, de foi divine et catholique, toutes les vérités qui sont contenues dans la parole de Dieu écrite ou transmise par la tradition et que l’Eglise, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire et universel, propose comme divinement révélée » (Satis Cognitum , session III, cap. 3)

     S’il est vrai que le Concile Vatican I (interrompu par les troupes italiennes) n’a rien défini sur la question de l’Infaillibilité du Magistère Ordinaire du Pape, cela n’a pas empêché le porte-parole de la Députation de la foi, Mgr D’Avenzo, d’y apporter l’éclaircissement suivant :

« Il y a dans l’Eglise un double mode d’infaillibilité, le premier s’exerce par le Magistère ordinaire de l’Eglise : Allez enseigner…l’Eglise enseigne toutes les vérités, soit déjà définies, soit enfin celles qui font l’objet d’une foi implicite. Ces vérités l’Eglise les enseigne quotidiennement, tant principalement par le Pape que par chacun des évêques en communion avec lui. Tous, le Pape et les évêques, dans cet enseignement ordinaire, sont infaillibles de l’infaillibilité même de l’Eglise. Ils diffèrent seulement en ceci : les évêques ne sont pas infaillibles par eux-mêmes, mais ont besoin de la communion avec le Pape, qui les confirme ; le Pape lui n’a besoin de rien d’autre que de l’assistance du Saint-Esprit qui lui a été promise. Ainsi, il enseigne et n’est pas enseigné, il confirme et n’est pas confirmé. »

     Ainsi, il s’agit bien de l’infaillibilité du Magistère ordinaire, celui dispensé chaque jour dans l’Eglise. Magistère qui reconnaît deux sujets distincts : le Pape seul, et les évêques en communion avec lui.

     Il y a erreur à croire et à enseigner la faillibilité du Magistère ordinaire et par voie de conséquence de la chaire de Pierre selon sa manière d’exprimer la doctrine et la foi de l’Eglise. Que celles-ci pourraient être parfois vraies et parfois erronées. Cette manière de voir heurte le principe fondamental de non-contradiction sous l’angle logique et métaphysique.

     Sous l’angle logique :Il est impossible d’affirmer et de nier à la fois une même chose et sous le même rapport.

     Sous l’angle métaphysique : une même chose ne peut à la fois et sous le même rapport, être et ne pas être.

     Le rôle du Pape étant de confirmer ses frères dans la foi. Comment le pourrait-il s’il est sujet à l’erreur dans son enseignement ? Si tel est le cas, ce n’est donc pas le Pape qui parle mais un imposteur ; ce n’est pas la chaire de vérité qui s’exprime, c’est alors celle de l’erreur, celle de l’ennemi du genre humain. Et cette observation du Père Marie-Antoine le « Saint de Toulouse » :

« Si l’évêque de Rome n’était pas infaillible et pouvait se tromper, tous les autres évêques, étant obligés par Jésus-Christ de s’accorder avec lui et d’être conduits par lui, se tromperaient avec lui et seraient même obligés par Jésus-Christ de se tromper avec lui. Qui ne voit l’absurdité et la folie de cette hypothèse ? (…) »

     Enfin, et cela devrait balayer les derniers doutes, s’ils en existent encore, la mise au point par le Pape Pie XII déclarant :

« Et l'on ne doit pas penser que ce qui est proposé dans les lettres Encycliques n'exige pas de soi l'assentiment, sous le prétexte que les Papes n'y exerceraient pas le pouvoir suprême de leur magistère. C'est bien, en effet, du magistère ordinaire que relève cet enseignement et pour ce magistère vaut aussi la parole : "Qui vous écoute, m'écoute... " (3), et le plus souvent ce qui est proposé et imposé dans les Encycliques appartient depuis longtemps d'ailleurs à la doctrine catholique. Que si dans leurs Actes, les Souverains Pontifes portent à dessein un jugement sur une question jusqu'alors disputée, il apparaît donc à tous que, conformément à l'esprit et à la volonté de ces mêmes Pontifes, cette question ne peut plus être tenue pour une question libre entre théologiens. » (Encyclique Humani Generis, 12 août 1950)

     Il s’agit donc bien de vérités à croire, appartenant à la doctrine catholique, et pas d’opinions privées de la part des Papes.

     Ainsi, l’enseignement des Papes par Encycliques « EXIGE L’ASSENTIMENT »

Pourquoi ? pour deux raisons :

1 - Parce ce que si nous pensons que l’enseignement ex cathedra exige de notre part  « l’écoute et l’assentiment »pour ne pas être un hérétique, pour le Magistère Ordinaire VAUT AUSSI « Qui vous écoute, M’écoute »

2 – Parce que «  le plus souvent ce qui est proposé  et IMPOSE dans les ENCYCLIQUES appartient depuis longtemps à la doctrine catholique. »

     Il est donc inconvenant et injustifiable de dédaigner, de galvauder ou de repousser l’enseignement du Magistère ordinaire du Pape, car ce genre d’enseignement implique « L’ECOUTE de Jésus-Christ » et « EXIGE l’assentiment » ces deux motifs suffiraient déjà à entraîner l’obéissance et le respect d’un(e) Catholique, mais le Pape y ajoute encore « et le plus souvent ce qui est proposé  et IMPOSE dans les ENCYCLIQUES appartient depuis longtemps à la doctrine catholique. »

     Ainsi, ce qui est enseigné peut, parfois, ne pas appartenir obligatoirement à la doctrine catholique, mais ce qui « EXIGE l’assentiment » c’est le fait que l’enseignement dans les Encycliques appartient au Magistère Ordinaire auquel s’applique aussi la parole de Jésus-Christ : « Qui vous écoute, m'écoute »

     Il appartient donc aux Catholiques d’examiner si les divers enseignements issus du Concile Vatican II tiennent compte de « L’exigence d’assentiment » pour l’enseignement infaillible du Magistère Ordinaire ou s’en éloignent, et par le fait même s’éloignent de « QUI VOUS ECOUTE, M’ECOUTE » sinon, il faut en tirer les conséquences car, si on « n’écoute pas Notre-Seigneur » s’exprimant aussi par le Magistère ordinaire, on écoute donc son ennemi et on ne peut, sauf à tromper son monde, se prétendre raisonnablement son Vicaire.

     L’infaillibilité ordinaire n’est pas un dogme, aujourd’hui, mais comme le dit le Pape Pie XII, une vérité (et non une erreur ou simple opinion) qui exige de soi l’assentiment des Catholiques. L’erreur d’appréciation pour cet enseignement est peut-être matière grave, mais la gravité de la matière ne suffit pas pour qu’il y ait péché, il faut qu’il y ait pleine connaissance. En tout état de cause la non croyance à l’infaillibilité ordinaire ne rend pas hérétique puisque le dogme de l’infaillibilité ordinaire n’a pas été proclamée.

     C’est une vérité de foi catholique non définie, mais constamment enseignée et reconnue (comme révélée) dans l’Eglise universelle. Elle est du deuxième échelon de la liste des vérités à croire.

     Si les Catholiques clercs et laïcs, en fils obéissants et dociles, avaient tenu compte des avertissements et condamnations portés par les Encycliques du Magistère ordinaire infaillible du Pape tels que, par exemple, le libéralisme, le socialisme, le communisme et les erreurs modernes, ils ne se seraient pas précipités, en déifiant leur propre raison comme les Protestants, pour soutenir des doctrines telles que la démocratie, les droits de l’homme, la laïcité révolutionnaire, la souveraineté populaire - qui sont des doctrines antichrétiennes - proposées par les systèmes politiques précités et soutenus, encore de nos jours, par des membres du laïcat et du clergé traditionalistes ou conciliaires, avec les conséquences qu’ils déplorent aujourd’hui.

 

René Pellegrini

(3) Saint Luc X, 16.

- Quant à ceux de l’Eglise conciliaire ou de la Fraternité saint Pie X qui essaient de justifier leur credo en la faillibilité du magistère ordinaire du Pape, en évoquant les Papes Libère (IVe siècle) et Honorius Ier (VIIe siècle) qu’ils revoient posément leur histoire de l’Eglise. Aucun Pape, depuis leur époque, n’a jamais accrédité leur sophisme : Le Concile Vatican I, Léon XIII et Pie XII confirment par leurs déclarations que les Papes n’ont jamais erré dans leurs enseignements.

« Nous déclarons, disons et définissons qu’il est absolument nécessaire au salut, pour toute créature humaine, d’être soumise au Pontife Romain » (Boniface VIII, Bulle Unam sanctam, 1302)

« Il est nécessaire de s’en tenir avec une adhésion inébranlable a tout ce que les Pontifes Romains ont enseigné ou enseigneront. » (Léon XIII, Encyclique immortale Dei, 1885)

« Tu est Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise : Ces paroles ont été justifiées par l’événement, car la religion catholique a toujours été conservée sans tache dans le Siège Apostolique. » (Pape Saint Hormisdas, Libellus Fidei, 517)

Anciens articles à voir ou à revoir :

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https://la-royaute-du-christ.blogspot.com/2022/04/protection-contre-lilluminisme.html

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https://la-royaute-du-christ.blogspot.com/2022/04/priere-pour-obtenir-la-grace-dune-bonne.html

 


 

 


 

samedi 15 octobre 2022

Le Magistère ordinaire du Pape est-il infaillible ? - 2


 Ouverture du Concile de Nicée (325) par l’Empereur Constantin Ier

LE MAGISTERE ORDINAIRE DU PAPE EST-IL INFAILLIBLE ? – 2

 

     Remarquons bien que « la règle de foi » n’est pas seulement une affaire de dogme pour clore des controverses théologiques, car elle est de tous les jours. En effet, c’est tous les jours qu’elle se trouve confronté à des décisions à prendre face à des problèmes moraux, politiques et sociaux ou à de nouvelles idéologies. Comme il est impossible de réunir un Concile tous les jours, il faut donc que les Catholiques puissent s’appuyer sur des enseignements sûrs afin de ne pas se fourvoyer, le Magistère ordinaire Pontifical y pourvoie, par Encycliques généralement. La promesse d’assistance par l’Esprit-Saint n’étant pas limitée à des temps ou des époques particulier(e)s car bénéficiant de l’assistance continu de Jésus mis en évidence par le temps présent « Je suis…tous les jours » (…) Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et leur enseignant à observer tout ce que je vous ai commandé. Et voici que je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles ». (St Matthieu XXVIII,19,20) »

     Si les mots ont toujours un sens après deux siècles d’enseignements révolutionnaires « Tous les jours » est assez clair, sauf à croire que celui qui a dit « Je suis la voie, la VERITE et la vie » (St Jean XIV,6) plaisante ou leur donne une fausse espérance. Déjà à ce stade, une certitude peut se faire jour, mais continuant d’avancer en l’étayant par d’autres réflexions avant d’apporter, après celles de Jésus, des preuves autorisées de l’infaillibilité du Magistère Pontifical Ordinaire.

LES VERITES A CROIRE PAR LE MAGISTERE ORDINAIRE

     Le plus souvent les vérités à croire sont proposées par le Magistère ordinaire et, comme le dit Dom Paul Nau :

« Celui-ci ne consiste plus en une proposition isolée prononçant irrévocablement sur la foi et la garantissant à elle seule, mais dans l’ensemble des actes qui peuvent concourir à donner un enseignement. »

     Nous parlons bien de vérités à croire et non d’opinions des Papes surgissant tout à coup, de manière isolée, sans lien avec des actes précédents. En effet, la grande majorité des vérités à croire nous viennent par le Magistère pontifical ordinaire. Elles n’énoncent pas simplement une proposition, un jugement, une condamnation isolés, mais elles s’inscrivent dans un « ensemble d’actes qui peuvent concourir à donner un enseignement. » Ainsi, un acte du Magistère ordinaire n’est pas un enseignement isolé, sans lieu avec le dépôt de la foi. C’est pour cette raison qu’il devient une VERITE A CROIRE.

     Et Dom Paul Nau ajoute : « C’est le procédé normal de la tradition au sens fort du terme, ce fut le seul que connurent pratiquent les premiers siècles et c’est encore celui qui atteint le plus généralement l’ensemble des chrétiens. »

     Ainsi, l’Eglise pendant plus de dix-huit siècles, jusqu’au Concile Vatican I (1870), n’a connu que le Magistère ordinaire pour lui enseigner les dogmes de la foi et les vérités à croire permettant de donner un enseignement doctrinal avec certitude. 

    « Magistère ordinaire, comme jugement solennel, exigent également la foi pour la doctrine qu’ils proposent. C’est donc qu’ils la peuvent assurer contre toute erreur. Faute de cette certitude, en effet, nul ne pourrait être tenu d’y accorder sa foi, c’est-à-dire d’y adhérer sur l’autorité de la Vérité première. »

     Pénétrant plus avant dans la compréhension

« C’est autre chose de limiter les cas où l’on peut vérifier les conditions d’un jugement solennel et de limiter au seul jugement solennel les modes authentiques de présentation de la foi par le Souverain Pontife. »

« De même, c’est autre chose d’imposer comme objet de foi ce qui est enseigné comme révélé par le magistère ordinaire et universel et de limiter à cela seul l’obligation de croire. Ces limites, ni l’une ni l’autre des Constitutions de Vatican I ne les ont posées. On ne saurait donc s’autoriser de l’enseignement de Vatican I pour exclure le magistère pontifical ordinaire des modes authentiques de présentation des règles de foi ». Le magistère ordinaire et universel c’est-à-dire l’enseignement des évêques en union avec le Pape.

     Alors, que l’Eglise s’en remettait uniquement à l’enseignement pontifical ordinaire avec une « tranquille assurance » pourquoi avoir attendu tous ces siècles et le besoin d’ imposer le dogme de l’infaillibilité solennel du Pape ?

     Le Concile Vatican I « a défini avec netteté l’infaillibilité du Pape dans les jugements solennels, qui étaient alors l’objet d’ardentes controverses. »

     Ce sont donc les « ardentes controverses sur la foi à accorder aux enseignements solennels du Pape qui détermina cette décision. » Donc, « Il n’avait pas à rappeler, et n’a pas rappelé, du moins par un texte officiel, la tradition reconnaissant le caractère de règle de foi à l’enseignement ordinaire du Saint Siège, tradition qui jouissait alors « d’une tranquille possession. »

     Après avoir posé le problème, les constats qu’ils entraînent et les vérités à croire, dans un prochain article nous verrons les textes qui prouvent l’infaillibilité du Magistère Pontifical Ordinaire et l’erreur de la thèse de l’infaillibilité minimaliste.

(A suivre…si Dieu veut)

 

René Pellegrini

 

 

lundi 5 septembre 2022

Antilibéralisme - 5 : Le libéralisme est un péché - 5


ANTILIBERALISME – 5


LE LIBERALISME EST UN PECHE – 5

« Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de Pâque, beaucoup crurent en son nom, voyant les miracles qu’il faisait. Mais Jésus ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous. » (Saint Jean II,23,24)

« Maudit soit l’homme qui se confie dans l’homme, qui se fait un bras de chair, et dont le cœur se retire du Seigneur » (Jérémie XVII,5)

COMMENT SE DIRIGER AVEC PLUS DE SÛRETE AUJOURD’HUI ? – 1

     Pour le Catholique la réponse n’est pas difficile : il suffit de se laisser instruire par Rome. Plus précisément par le Pape, représentant Notre-Seigneur ici-bas, s’exprimant par son double magistère : Extraordinaire ou Ex cathedra utilisé pour les définitions dogmatiques, et Ordinaire, celui de tous les jours, utilisé par exemple par les Encycliques, Bulles et autres documents par lesquels il enseigne, dirige et avertit l’Eglise, ne pouvant pas réunir à tout instant un Concile dont les décisions, toutefois, n’ont de valeur que parce qu’elles sont validées par le Pape et non pas l’inverse. Mais aussi, par le Magistère Ordinaire Universel des évêques en union avec Rome.

     Si la chose allait de soi jusqu’au Pape Pie XII pour tous les fidèles conscients de l’infaillibilité pontificale sous ces deux modes d’expression, et de l’obéissance qui lui est due selon l’affirmation de Notre Seigneur « Qui vous écoute m’écoute » (1) la question est devenue beaucoup plus délicate depuis le Concile Vatican II et les changements doctrinaux intervenus depuis, entre autres : la liberté religieuse, la réforme liturgique…Si on y ajoute, pour beaucoup de fidèles, l’ignorance historique de l’insidieux et pervers processus révolutionnaire et les tendances modernistes et progressistes à l’œuvre dans le domaine politique et religieux, ceci secondé - par ignorance, crainte (2) ou dissimulation malveillante d’infiltrée - par l’attitude incompréhensible de censure obstinément pratiquée par certains responsables de groupes catholiques Facebook sur des publications propres à mettre en garde et à éclairer aussi bien sur ces processus subversifs que moralement, voire doctrinalement, sans oublier la propagande médiatique, il y a de quoi avoir la conscience brouillée pour bien des fidèles et, sauf grâce spéciale, bien du mal à s’y retrouver ou à se préserver des voies de garage et des chausse-trappes.

     Alors comment faire ? Comment reconnaître qu’un livre, un journal, un blogue, un site Internet, une œuvre ou une personne est libéral(e) ? C’est très important pour pouvoir exercer son propre jugement et éviter de se fourvoyer.

     Un petit livre intitulé « Le libéralisme est un péché » écrit par un prêtre espagnol du XIXe siècle, Don Sarda y Salvany, lu et approuvé par la Sacré Congrégation de l’Index, va nous aider à discerner quelles genres de personnes nous fréquentons ou côtoyons obligatoirement ou occasionnellement, ou de journaux, ouvrages, sites que nous aimons lire, d’œuvres que nous soutenons. En nous rappelons que Bonum est ex intigritate causa et malum quoque defecta, c’est-à-dire : Le bien procède d’une cause dont tous les éléments doivent être bons, le mal se reconnaît à n’importe quel défaut. Le bon, terme de l’appétit pour une chose, se divise en trois catégories : il s’appelle utile en tant que moyen pour parvenir à une fin, honnête en tant que dernier but recherché pour lui-même, et délectable en tant que repos dans ce but atteint.

     Le libéralisme est un péché qui affecte à des degrés divers pratiquement toutes les personnes croyant(e)s ou incroyant(e)s. Il y a grosso modo trois types de libéraux : exaltés, modérés et entachés de libéralisme.

     Pour cette fois nous examinerons le type psychologique du libéral exalté et modéré :

LIBERAL EXALTE

     Le libéral exalté se reconnaît tout d’abord parce qu’il ne cherche ni à nier ni à cacher sa perversité. Il est l’ennemi déclaré du Pape, des prêtres, et de tout ce qui est ecclésiastique ; il suffit qu’une chose soit sacrée pour qu’elle excite son implacable haine.

     Parmi les journaux il recherche les plus incendiaires ; il vote pour les candidats les plus ouvertement impies, et de son funeste système il accepte jusqu’aux conséquences les plus extrêmes.

     Il se fait gloire de vivre en dehors des pratiques religieuses, et à grand peine il les tolère chez sa femme et ses enfants ; il appartient ordinairement aux sociétés secrètes et meurt presque toujours privé des secours de l’Eglise

LE LIBERAL MODERE

     Il est d’ordinaire aussi mauvais que le précédent ; mais il fait grand soin de ne pas le paraître. Les bonnes manières et les convenances sociales sont tout pour lui ; ce point excepté, le reste lui importe peu.

     Incendier un couvent ne lui paraît pas bien ; s’emparer du sol du couvent incendié lui semble beaucoup plus régulier et tolérable.

     Qu’une misérable feuille de mauvais lieu vende ses blasphèmes en prose, vers ou gravure à deux sous l’exemplaire, c’est un excès qu’il prohiberait, et il se plaint même qu’un gouvernement conservateur ne le prohibe pas ; mais, qu’on dise absolument les mêmes choses en style élégant, dans un livre bien imprimé ou dans un drame aux vers sonores, surtout si l’auteur est un académicien ou quelque chose de ce genre, il n’y voit plus d’inconvénient. Au seul nom de club il est pris de sueurs froides et de fièvre : parce que, dit-il, c’est là qu’on séduit les masses et qu’on bouleverse les fondements de l’ordre social ; mais, selon lui, on peut parfaitement consentir à l’ouverture d’athénées libres (3).

     Qui oserait condamner la discussion scientifique de tous les problèmes sociaux ? En effet, une école sans catéchisme est une insulte à la nation catholique qui la paie ; mais une Université catholique, c’est-à-dire une université entièrement soumise au catéchisme, ou plus exactement au critérium de la foi, n’était bonne qu’aux temps de l’Inquisition.

     Le libéral modéré ne déteste pas le Pape ; seulement il blâme certaines prétentions de la Curie romaine et certaines exagérations de l’ultramontanisme qui ne cadrent pas avec les idées du jour.

     Il aime les prêtres surtout ceux qui sont éclairés, c’est-à-dire ceux qui pensent comme lui à la façon moderne : quant aux ‘’fanatiques’’ et aux réactionnaires il les évite ou les plaint.

     Il va à l’Eglise et parfois même s’approche des sacrements ; mais sa maxime est que dans l’Eglise on doit vivre en chrétien, et que hors de l’Eglise, il convient de vivre selon le siècle où l’on est né, sans s’obstiner à ramer contre le courant. Il navigue ainsi entre deux eaux, meurt d’ordinaire avec un prêtre à ses côtés, et sa bibliothèque pleine de livres défendus.

(A suivre…si Dieu veut)

 

René Pellegrini

 

(1) Saint Luc X,16

(2) Si c’est par crainte, sachez que le temps approche où vous devrez prendre des décisions beaucoup moins faciles que celles consistant à censurer. Réfléchissez bien à ce que vous faîtes car vous n’êtes pas sans savoir que vous privez certains de vos frères et sœurs de connaissances utiles (sociales, morales, doctrinales) qu’ils ignorent sans doute ou dont ils ne mesuraient pas forcément toute la portée.

(3) c’est-à-dire les collèges, les lycées dans lesquels tout est mis en œuvre pour faire oublier Dieu et sa loi car le but des programmes scolaires de l’école laïque des suppôts de l’enfer est surtout de prendre le fils d’un chrétien pour en faire un païen.

« Une fois le système de l’instruction laïque et obligatoire fonctionnant, on laïcisera les écoles communales, au besoin graduellement. Une fois la dernière école libre fermée, on matérialisera l’enseignement dans les écoles de l’Etat restées seules. » (Grand Orient, 1877)

« L’école laïque n’a pas pour but de faire acquérir à l’enfant des connaissances déterminées ; seule la méthode qui sera suivie restera et servira à l’enfant pour lui permettre d’acquérir plus tard une école de parti, enseignant les doctrines conformes à celles du parti démocratique qui est au pouvoir. » (Convent de la Grande Loge, 1911)

 

Pie XI (1857-1939) Pontificat du 6 février 1922 au 10 février 1939

 


 

dimanche 7 août 2022

Le Magistère ordinaire du Pape est-il infaillible ? - 1


 Image du Concile Vatican I (1869-1870) convoqué par le Pape Pi IX, et interrompu le 2  0 septembre 1870 par l’entrée des troupes italiennes dans Rome.

LE MAGISTERE ORDINAIRE DU PAPE EST-IL INFAILLIBLE ? - 1

     C’est une doctrine très importante qui divise les Catholiques sur le Magistère solennel ou ex cathedra du Pape et son Magistère pontifical ordinaire. Il faut s’efforcer de bien comprendre cette infaillibilité car elle conditionnera gravement notre perception et l’accueil que nous ferons aux documents venant du Saint Siège (Bulle, Encyclique, etc.) adressés, généralement, à l’ensemble des Eglises. Accueil, le plus souvent dédaigné, voire galvaudé par des expressions du genre : ce n’est qu’une Encyclique et ce n’est pas infaillible, ou ce n’est pas un dogme. Un état d’esprit générant une réception négligée qui, inévitablement, ne sera pas sans conséquences sur les comportements sociaux et politiques des Catholiques qui snobent ainsi des avertissements ou des principes destinés à les guider, dans les différents contextes auxquels ils sont confrontés.

     Etant donné l’extrême importance de ce sujet, il fera l’objet de deux ou trois autres publications avec plusieurs constats permettant de bien comprendre ce que recoupe vraiment ce Magistère ordinaire, afin de mettre en évidence et de combattre la mauvaise foi et l’obstination réductrice envers ce Magistère, des pharisiens ecclésiastiques et laïcs qui peuplent l’Eglise conciliaire, des taupes ecclésiastiques et laïcs de la Fraternité Saint Pie X et d’ailleurs, car les infiltrations ennemies dans l’Eglise existent depuis ses débuts sans jamais cesser : « les faux frères » dont parlait Saint Paul (Galates II,4). Pour cela, je m’appuierai, entre autres, sur une brochure de Dom Paul Nau (1901-1984), moine bénédictin de Solesmes, intitulé « Le Magistère pontifical ordinaire, lieu théologique » et le Dictionnaire de Théologie Catholique (DTC) de Vacant et Mangenot. Les citations de Dom Paul Nau et du DTC seront mises entre « »

     Dans cette première partie Dom Paul Nau pose le problème et les constats qu’il soulève.

« Par un étrange renversement, tandis que l’infaillibilité personnelle du Pape, dans le jugement solennel, si longtemps discuté, était définitivement placée hors de toute controverse, c’est l’autorité du magistère ordinaire de l’Eglise romaine qui semble parfois perdu de vue. Tout se passe comme si l’éclat de la déclaration vaticane avait rejeté dans l’ombre une vérité jusque là universellement reconnue. Comme si la définition de l’infaillibilité du jugement solennel faisait désormais de celui-ci le mode unique, pour le souverain Pontife, de présenter la règle de la foi. Comme si l’équivalence entre l’autorité doctrinale du Pape et celle de l’Eglise n’était vérifiée que dans le seul magistère solennel. L’étude des textes conciliaires (de Vatican I) pourra seule nous renseigner sur le bien fondé d’une telle interprétation. Le Concile du Vatican I avait pris soin pourtant de rappeler la raison d’être exacte de l’assistance charismatique promise par le Christ aux successeurs de Saint Pierre : « L’Esprit Saint n’a jamais promis aux successeurs de Pierre la révélation d’une nouvelle doctrine ; mais par son assistance, ils conserveraient et exposeraient fidèlement le Saint Dépôt de la Foi. »

     Cette précision montre que nous n’avons aucune révélation nouvelle à attendre depuis les Apôtres, premiers dépositaires du Dépôt de la Foi. Il faudra seulement que la doctrine transmise par les Apôtres soit rendue présente à travers les siècles, pour que les fidèles puissent y adhérer par la foi. Les Encycliques y pourvoient. Ainsi, pour ce qui est de la conservation et de la présentation du dépôt de la foi, alors que le Protestant la demande à la lettre des écrits apostoliques et, après leurs lectures, fait « sa vérité » déifiant la raison individuelle et, par le fait même, rejetant tout ce qui lui déplait dans les affirmations de l’Eglise ; le Catholique la demande à l’enseignement des apôtres, à leurs traditions, et singulièrement au successeur de Saint Pierre lorsqu’il est légitime. (1).

     Dom Paul Nau poursuit ainsi :

« On comprend aisément comment à pu s’introduire ce glissement de perspective : depuis 1870, les manuels de théologie ont pris pour énoncé de leurs thèses, les textes même du Concile. Aucun de ceux-ci ne traitant in recto, de l’enseignement ordinaire du seul souverain pontife, celui-ci a été perdu de vue et tout l’enseignement pontifical a paru se réduire aux définitions ex cathedra. De plus l’attention étant entièrement attirée sur celle-ci, on s’est habitué à ne plus considérer les interventions doctrinales du Saint Siège que dans la seule perspective du jugement solennel, celle d’un jugement qui à lui seul apporte à la doctrine toutes les garanties requises. Dans cette perspective il était impossible de saisir la vraie nature du magistère ordinaire. C’est pourtant celle de plus d’un auteur ecclésiastique, notamment celle de L. Choupin qu’on nous présentait encore récemment comme « le meilleur ouvrage (2) sur le sujet. » »

     Cette façon de faire concernant le « magistère ordinaire » me semble peu respectueuse des données de l’histoire de l’Eglise et de la tradition sur ce sujet qui a constitué, pendant des siècles « une vérité jusque là universellement reconnue»

     « Le concile Vatican I ne traitant pas de l’enseignement ordinaire du Pape mais uniquement de son enseignement solennel, les théologiens en ont déduit que l’infaillibilité de l’enseignement du Souverain Pontife se réduisait aux définitions ex cathedra, qu’elles seules offraient toutes les garanties doctrinales. Par le fait même, l’enseignement ordinaire du Pape ou Magistère Pontifical ordinaire s’en est trouvé amoindri car considéré comme n’offrant pas les mêmes garanties. »

     Ces théologiens et les fidèles qui les suivent ont-ils pris une bonne décision en sous-estimant les enseignements du Magistère ordinaire ? Qu’en est-il exactement ? Nous verrons cela lors dans les prochaines publications.

 (A suivre… si Dieu veut)

René Pellegrini

(1) Légitime, car il y a déjà eu une quarantaine d’antipapes depuis les débuts de l’Eglise.

(2) Valeur des décisions doctrinales et disciplinaires du Saint Siège, Paris 1913)

Introduction à l'histoire des Patriarches - 10 : Le départ du pays natal - 4

INTRODUCTION A L’HISTOIRE DES PATRIARCHES – 10   LE DEPART DU PAYS NATAL – 4 (Genèse, XI, 27 – XII, 5)        Mais par cette stabili...