EXCELLENCE DE LA PHILOSOPHIE CHRETIENNE - 4
ORIGINE
DU MOT PHILOSOPHIE ET LES FORMES DE CONNAISSANCE
Quelques
notions préliminaires pour faciliter l’approche de la philosophie en générale
et chrétienne en particulier.
ORIGINE DU MOT PHILOSOPHIE
Le mot de philosophie
remonterait à Pythagore (VIe siècle avant Jésus-Christ). On rapporte
qu’interrogé sur l’art ou la science qu’il professait, il répondit modestement,
par manière de protestation contre le titre orgueilleux de Sages (Sophoi en
grec) que se donnaient ses devanciers et, considérant que la sagesse ne pouvait
convenir en propre qu’à Dieu, qu’il n’était ni artiste, ni savant mais
simplement philosophe (philosophos) c’est-à-dire ami (philos) de la sagesse
(sophia).
Ce mot, laisse
donc entrevoir son origine psychologique, il emprunte son nom à la sagesse (1)
Une question se
pose à son sujet : « La philosophie est-elle une science ?
Pour y répondre convenablement il sera nécessaire d’examiner les différentes
formes de savoir, de connaissance ou science.
I - LA CONNAISSANCE VULGAIRE OU VERITES DU SENS COMMUN
Bien que
n’étant pas à dédaigner, la connaissance vulgaire ne constitue que le premier
échelon de la science, c’est-à-dire l’intelligence dans son activité spontanée,
avant toute forme de réflexion scientifique. En effet, le sens commun acquiert
naturellement maintes certitudes légitimes puisque fondées sur
une évidence immédiate qui fait connaître
seulement, soit :
* Des
faits concrets ou sensibles, par exemple :
- L’existence des
choses extérieures : un rocher, une maison, un arbre, etc.
- L’existence du
sujet pensant : moi-même.
* Des
faits généraux dont les éléments et les causes ne sont connus que d’une façon
confuse, par exemple :
- La nocivité de telle
espèce de champignons,
- L’effet spécial
d’un remède, etc.
* Des
propositions générales immédiatement évidentes à l’intelligence, telles que :
a) Les principes premiers ou axiomes, ou leurs applications directes, par
exemple :
- ce qui est, est.
- le tout est plus grand que la partie.
- ce qui n’existe pas par soi tient l’existence d’un autre.
b) Les
opérations élémentaires d’arithmétique.
. 2 + 2 = 4 ; 2 X 3 = 6.
II – LA CONNAISSANCE SCIENTIFIQUE
Elle vise à
substituer à la connaissance vulgaire, un savoir accompagné d’une certitude
raisonnée qui permet d’expliquer les choses et les faits, parce qu’ils
résultent de l’étude méthodique des causes universelles et nécessaires dont ils
sont l’œuvre complexe ainsi que des lois de leur jeu.
Telle est la
science en générale. L’usage aujourd’hui tend, malheureusement, à restreindre
l’application du nom de « science » aux sciences de la nature,
plus précisément celles qui portent sur une catégorie d’êtres, ou de faits,
étudiés dans leurs causes prochaines propres dont on cherche à préciser le mode
d’activité, et qui aboutissent à formuler des lois nécessaires et absolues
fondées sur le déterminisme des phénomènes de la nature. Telles sont les
sciences particulières : la physique, la biologie, la chimie, la mécanique
céleste, etc., avec toutes leurs branches spéciales qui s’occupent surtout du comment
des choses et des faits.
La vraie
science consiste donc à savoir par les causes. Elle est donc une connaissance
certaine, générale et stable, c’est-à-dire une connaissance valant pour
tous les cas, et applicable en tout temps et en tout lieu, par exemple :
le théorème de Pythagore.
Plus on
s’avance, à propos d’un être quelconque, dans l’étude de chacune de ces sortes
de causes, jusqu’à la connaissance de ce qu’il y a, en elles, de plus général,
plus on connaît intimement et parfaitement cet être, plus on en a une science
profonde.
Comprenant en
quoi consiste le savoir scientifique, il nous sera aisé de répondre, lors d’un
prochain article, à la question que nous nous posions ci-dessus, à
savoir : la philosophie est-elle une science ?
(A suivre…« La science ou connaissance philosophique »…si Dieu veut)
René Pellegrini
(1) Lorsqu’on parle de sagesse,
il faut distinguer entre :
- La sagesse, vertu
intellectuelle spéculative, qui est normalement la reine des vertus
intellectuelles puisqu’elle procède du jugement de la raison et, a pour objet,
la recherche des causes les plus élevées des choses ou encore considère la
cause la plus haute qui est Dieu.
- Le don de sagesse qu’il
serait préférable d’appeler, selon Saint Thomas d’Aquin, « esprit de sagesse »
car, nous dit-il :
« Or
dans l’Ecriture les dons nous sont révélés non pas précisément sous ce nom-là,
mais plutôt sous celui d’esprit. C’est ainsi qu’il est dit en Isaïe XI,
2-3 : sur
lui reposera l’esprit de sagesse et d’intelligence (…) »
Le don de
sagesse est infusé par Dieu et, grâce à lui, l’homme est rendu promptement
mobile à l’inspiration divine. Ce dont est pour la sanctification intime et
pour le salut de chaque âme, faisant partie de l’état de grâce, et existant
dans toute âme se trouvant dans cet état.
- Le charisme de sagesse appelé
aussi grâce gratuite « gratiae gratis datae ». A la différence du don
de sagesse, il n’est pas nécessaire pour le salut. Il peut être transitoire
chez celui qui en est porteur. Il n’est donné que pour la manifestation du
divin dans le monde, pour le bien et l’édification de la Sainte Eglise de Dieu.