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vendredi 21 octobre 2022

La sainteté - 1 : Introduction à la sainteté - 1


      Le Père Louis Bourdaloue (1632-1704) enseigna les lettres humaines et professa la philosophie et la théologie avant de devenir un célèbre prédicateur de l’Ordre des Jésuites. Surnommé « le prédicateur des rois » son ministère de prédication dura trente- quatre ans. Il fut connu comme un homme de probité, de droiture, de franchise et ferme, quand il fallait l’être, sans égard ni à la qualité, ni au rang social.

LA SAINTETE - 1  (1)

 

INTRODUCTION A LA SAINTETE (2)

« Mirabilis Deus Sanctis in Suis. » 

« Dieu est admirable dans ses Saints. » (3

(Psaume LXVII, 36) 

     Cette publication relate un sermon prononcé, par le Père Bourdaloue, devant le roi Louis XIV, pour la Fête de tous les Saints.

     Sire,

     A considérer Dieu dans lui-même, nous ne pouvons dans lui-même l’admirer, parce qu’il est trop élevé au-dessus de nous et trop grand. Comme nous ne le connaissons sur la terre que dans ses ouvrages, ce n’est aussi sur la terre, à proprement parler, que dans ses ouvrages qu’il est admirable pour nous. Or l’ouvrage de Dieu par excellence, ce sont les Saints ; et par conséquent, disait le prophète royal, c’est surtout dans ses Saints qu’il nous paraît digne de nos admirations « Mirabilis Deus in sanctis suis. » 

     En effet, de quelque manière que nous envisagions les Saints, Dieu est admirable en eux : et quand je m’en tiendrais au seul Evangile de ce jour, qu’y a-t-il de plus admirable que d’avoir conduit des hommes à la possession d’un royaume par la pauvreté ? Que de leur avoir fait trouver la consolation et la joie par les pleurs et l’adversité ? Que de les avoir élevés par les humiliations au comble de la gloire, et, pour me servir de l’expression de saint Ambroise, de les avoir béatifiés par les misères mêmes ? Car voilà, si je puis user de ce terme, les divins paradoxes dont le Saint-Esprit nous donne l’intelligence dans cette solennité, et que nous n’aurions jamais pu comprendre, si les Saints que nous honorons n’en étaient une preuve semblable : voilà les miracles que Dieu a opérés dans ses élus : « Mirabilis Deus in Sanctis suis. » 

     J’ajoute néanmoins, mes chers auditeurs, après saint Léon, pape, une chose qui me semble encore plus propre à nous toucher, par l’intérêt que nous y devons prendre comme chrétiens. Car Dieu, dit ce Père, est particulièrement admirable dans ses Saints, parce qu’en les glorifiant il nous a pourvus d’un puissant secours, c’est celui de leur protection ; et qu’en même temps il nous a mis devant les yeux un grand modèle, c’est l’exemple de leur vie : « Mirabilis Deus in Sanctis suis, in qui bus et praesidium nobis constituit, et exemplum.». Je m’attache à cet exemple des Saints pour établir solidement les importantes vérités que j’ai à vous annoncer ; et, sans rien dire du secours que nous pouvons attendre d’eux, et que nous en recevons, je veux vous faire admirer Dieu dans la conduite qu’il a tenue en nous proposant ces illustres prédestinés, dont la sainteté doit produire en nous de si merveilleux effets pour notre sanctification. Vierge sainte, reine de tous les Saints, puisque vous êtes la mère du Saint des Saints ; vous en qui Dieu s’est montré souverainement admirable, puisque c’est en vous et par vous qu’il s’est fait homme et qu’il s’est rendu semblable à nous, faites descendre sur moi ses grâces. Il s’agit d’inspirer à mes auditeurs un zèle sincère, un zèle efficace d’acquérir cette sainteté si peu goûtée, si peu connue, si peu pratiquée dans le monde, et toutefois si nécessaire pour le salut du monde. Je ne puis mieux réussir dans cette entreprise que par votre intercession, et c’est ce que je vous demande, en vous adressant la prière ordinaire Ave Maria.

     En trois mots j’ai compris, ce me semble, trois sujets de la plus juste douleur, soit que nous soyons sensibles aux intérêts de Dieu, soit que nous ayons égard aux nôtres, quand j’ai dit que la saintetési nécessaire pour notre salut, était peu goûtée, peu connue, et peu pratiquée dans le monde. Mais je prétends aussi vous consoler, Chrétiens, quand j’ajoute que Dieu, par son adorable sagesse, a su remédier efficacement à ces trois grands maux, en nous mettant devant les yeux la sainteté de ses élus, et en les prédestinant pour nous servir d’exemples. Je m’explique.

     Cette sainteté que Dieu nous demande, et sans laquelle il n’y a point de salut pour nous, par une déplorable fatalité, trouve dans les esprits des hommes trois grands obstacles à vaincre, et qu’elle à peine souvent à surmonter, savoir, le libertinagel’ignorance et la lâcheté. Parlons plus clairement et plus simplement. Trois sortes de chrétiens dans le monde, par l’aveuglement où nous jette le péché et par la corruption du monde même, sont mal disposés à l’égard de la sainteté : car les libertins la censurent et tâchent de la décrier ; les ignorants la prennent mal, et, dans l’usage qu’ils en font, ou, pour mieux dire, qu’ils en croient faire, ils n’en ont que de fausses idées ; enfin, les lâches la regardent comme impossible, et désespèrent d’y parvenir. Les premiers, malins et critiques, la rendent odieuse, et de là vient qu’elle est peu goûtée ; les seconds, grossiers et charnels, s’en forment des idées, non selon la vérité, mais selon leur goût et selon leur sens, et de là vient qu’elle est peu connue. Les derniers, faibles et pusillanimes, s’en rebutent et y renoncent, dans la vue des difficultés qu’ils y rencontrent, et de là vient qu’elle est rare et peu pratiquée : trois dangereux écueils à éviter dans la voie du salut, mais écueils dont nous nous préservons aisément, si nous voulons profiter de l’exemple des Saints.

     Car je soutiens, et voici le partage de ce discours, je soutiens que l’exemple des Saints est la plus invincible de toutes les preuves pour confondre la malignité du libertin, et pour justifier contre lui la vraie sainteté ; je soutien que l’exemple des Saints est la plus claire de toutes les démonstrations pour confondre les erreurs du chrétien séduit et trompé, et pour lui faire voir en quoi consiste la vraie sainteté ; je soutiens que l’exemple des Saints est le plus efficace de tous les motifs pour confondre la tiédeur, beaucoup plus le découragement du chrétien lâche, et pour le porter à la pratique de la vraie sainteté. De là n’aurai-je pas droit de conclure que Dieu est admirable dans ses Saints, lorsqu’il nous les donne pour modèle ? Mirabilis Deus in Sanctis suis. Je parle, encore une fois, à trois sortes de personnes dont il est aujourd’hui question de rectifier les sentiments sur le sujet de la sainteté chrétienne : aux libertins qui la combattent, aux ignorants qui ne la connaissent pas, aux lâches qui n’ont pas le courage de la pratiquer ; et, sans autre raisonnement, je montre aux premiers que, supposé l’exemple des Saints, leur libertinage est insoutenable ; aux seconds, que leur ignorance est sans excuse ; aux derniers, que leur lâcheté n’a plus de prétexte : trois vérités que vais développer : appliquez-vous.

(A suivre…« Les libertins et la sainteté »…si Dieu veut)

 

René  Pellegrini

- C’est moi qui mets en gras dans le texte.

(1) Sermon prononcé devant le roi Louis XIV pour la Fête de tous les Saints.

(2) C’est moi qui mets les sous-titres et souligne dans les textes. 

(3) Texte de la Vulgate de Saint Jérôme, Bible officielle et canonique de l’Eglise catholique. Dans les Bibles protestantes, la traduction, depuis le texte massorétique hébreu qui ne remonte pas au-delà du VIe siècle après Jésus-Christ, est différente « De ton sanctuaire, ô Dieu ! Tu es redoutable. » (LXIII, 36). Saint Jérôme disposait de documents de première valeur, disparus depuis : Le rouleau de la Synagogue de Bethléem et les Hexaples d’Origène (IIIe siècle) avec le texte hébreu et cinq principales traductions grecques. 

vendredi 2 septembre 2022

J'étais Témoin de Jéhovah - 1 : Les prémisses et la ferveur


 

J'ETAIS TEMOIN DE JEHOVAH - 1 

 

LES PREMISSES ET LA FERVEUR 

     Ce qui va suivre ne prétend pas être exhaustif mais l’exposition très ramassée des conditions de mon entrée, de la manifestation de mon zèle ministériel et de ma démission de l’Organisation des Témoins de Jéhovah. (TDJ)

     Sans culture religieuse, ni biblique, juste une préparation rapide avant de faire ma communion solennelle, j’étais une proie facile pour les TDJ. Malgré ce manque de formation, je n’avais pas d’hostilité envers Dieu, j’y pensais assez souvent. Je souhaitais avoir une Bible, mais lorsque j’en parlais on me répondait parfois que certains étaient devenus fous en la lisant. Cela me surprenait car je me disais : « si elle est le livre de Dieu comment peut-elle rendre fou ? » J’étais très dubitatif sur ce genre de réponse, mais sans chercher plus loin, je laissais faire les choses, me disant qu’un jour j’en aurai une car j’avais toujours ce désir de la lire, et alors je verrai par moi-même.

     C’est sur mon lieu de travail que je fis la connaissance d’un monsieur âgé qui n’était pas TDJ lui-même, mais il assistait parfois à quelques unes de leurs réunions tout en étant lecteur d’une de leurs publications « Réveillez-Vous ! » Sachant qu’il fréquentait les Témoins de #Jéhovah, je le taquinai à propos du déluge, sans toutefois lui manquer de respect car il était beaucoup plus âgé que moi. N’ayant aucune culture biblique je lui fis cette remarque « Comment pouvez-vous croire que tous les animaux aient pu rentrer dans l’arche ? » IL me répondit qu’il y avait bien eu un déluge et qu’il m’apporterait une publication sur ce sujet. Ce qui fut fait avec un Réveillez-Vous !

     En lisant la description du déluge dans cette publication cela devenait plausible car, où moi je voyais « tous les animaux », il ne s’agissait, en fait, que de couples d’animaux, ou une sélection très réduite, propre à sauver l’espèce, de même que d’autres explications concernant la nourriture à bord de l’arche, etc. J’étais très intéressé par cette lecture, et, ce que j’attendais depuis si longtemps se trouvait tout à la fin : la demande d’une étude biblique gratuite à domicile. J’écrivis immédiatement et quelques semaines plus tard on frappa à ma porte, j’ouvris et vis un monsieur d’une quarantaine d’années avec une jeune fille (sa fille) me demandant si j’étais bien M. Pellegrini car une demande d’étude biblique, à mon nom, lui avait été remise. Je les fis entrer car j’avais beaucoup de questions à leur poser. Il manipulait très bien la Bible et répondait à mes questions en s’appuyant assez souvent sur elle. J’étais très impressionné. Après plus d’une heure de discussions il me demanda si j’étais d’accord, ainsi que mon épouse, pour entreprendre cette étude biblique. C’était demander à un aveugle s’il voulait la vue. J’avais 25 ans, ma femme 22 ans. Nous étions en 1969, mariés depuis 18 mois environ, et avions un bébé de quelques mois. 

     Rendez-vous fut pris pour un jour régulier d’étude. Elle se fit sur un livre à couverture bleue de 190 pages et 22 chapitres « La vérité qui conduit à la vie éternelle ». Nous allions de découvertes en découvertes. Pas d’enfer, pas d’âme immortelle, #Jésus-Christ n’était pas Dieu, mais son Fils et inférieur à Lui, la bataille d’Harmaguédon, etc. etc. Nous avions l’impression d’être dans un autre monde. Nous avions enfin la vérité, toutes les réponses à nos questions appuyées sur la Parole de Dieu. Nous n’arrêtions pas d’en parler à notre entourage : Nous voulions les sauver de l’anéantissement d’Harmaguédon, nous ne voulions que leur bonheur éternel, nous voulions qu’ils soient heureux avec nous dans un Nouvel Eden, ce monde nouveau ou nouveau système de choses où il n’y aurait plus de larmes, ni de douleurs. Ils semblaient ne pas comprendre que nous ne voulions que leur bien. Certains se moquaient. Les relations familiales s’en ressentirent fortement.

     J’avais faim et soif de vérité, mes progrès furent très rapides et six mois plus tard, dans une Assemblée de circonscription qui réunissait deux à trois milles personnes, je me faisais baptiser par immersion pour être « un Témoin de Jéhovah » Ma femme, à l’Assemblée suivante. Nous étions voués à Jéhovah pour faire sa volonté en prêchant la « Bonne nouvelle du Royaume de Dieu » de porte en porte. 

     Dans le ministère de porte en porte il arrivait, de temps en temps, que des personnes me fassent remarquer que les TDJ avaient fait de fausses prophéties, je ne voulais pas y croire car comment les dirigeants de l’Organisation (ceux qui étaient oints = les élus pour le ciel) pouvaient-ils se tromper ? Ne s’étaient-ils pas présentés comme les prophètes pour notre temps ? Ce n’était pas possible d’autant plus que lorsque j’en parlais aux plus anciens de ma Congrégation, ils me répondaient que ce n’était que pure calomnie, parce qu’il y avait de la haine pour les TDJ. De plus, aucun de ces détracteurs n’avaient pu me fournir une preuve écrite pour valider leurs dires. Cependant, j’aurai bien aimé, pour fermer le bec à ces détracteurs, avoir en ma possession des ouvrages anciens des TDJ pour voir ce qu’ils disaient en ces temps-là. Malheureusement, la bibliothèque de notre salle du Royaume (lieu de réunion des TDJ) ne contenait pas de tels ouvrages. 

     Notre vie tournait autour des cinq réunions hebdomadaires. Ma femme a eu beaucoup de mérites à assumer toutes ses obligations familiales, de réunions et de prédication avec, au final, 5 petits enfants en 1975. Tout cela rendu possible par sa débrouillardise et sa très bonne organisation des tâches. Ces quelques mots pour lui rendre hommage. 

     Mes progrès étant rapides et mon zèle pour Jéhovah bien visible, j’obtins très vite des responsabilités dans ma Congrégation, passant par tous les postes ministériels : serviteur aux publications ; serviteur aux territoires (mise à jour et distribution des zones de prédication) ; serviteur à l’école du ministère théocratique (formation des prédicateurs), serviteur au bulletin intérieur (à usage interne) devenu ensuite la Tour de Garde; conducteur, en semaine, d’une étude sur un ouvrage des TDJ, avec un petit groupe, chez un frère; conducteur de la Tour de Garde; orateur (par roulements entre anciens) dans la réunion publique du dimanche. 

     Une fois, je pris mes congés payés pour m’engager dans le service de pionnier ordinaire en Vendée (à Pouzauges) avec un autre jeune couple. Ce service consistait à assurer 75 heures de prédication dans le mois. En plus du porte-à-porte nous organisâmes une réunion publique. J’étais tout à Jéhovah (plutôt tout à une organisation se servant de Jéhovah). Cela dura 7 ans (1969-1976). Vers le milieu de l’année 1975 tout bascula, année ou j’exerçai la charge de Président de notre Congrégation qui comptait environ 80 témoins.

(A Suivre…« J'étais Témoin de Jéhovah : Tout s’effondre »…si Dieu veut)

René Pellegrini

samedi 2 juillet 2022

Quelle attitude en temps de persécution et de privation de sacrements ? - 1


QUELLE ATTITUDE EN TEMPS DE PERSECUTION

ET DE PRIVATION DE SACREMENTS ? - 1


     Beaucoup de Catholiques sont inquiets et indignés, à juste titre, face aux mesures prises par les autorités gouvernementales les privant des offices religieux et des sacrements, suite au Coronavirus. Cette situation de privation n’est pas nouvelle, des Catholiques l’ont connue lors de la Révolution de 1789 et ses suites. Pour notre consolation et calmer certains scrupules causés par l’empêchement, éviter de nous fourvoyer dans des manifestations sans véritable profit en ces temps eschatologiques et de châtiments, et conserver notre équilibre spirituel en le gardant enchaîné à la foi qui est au-delà du sensible, nous pourrons tirer profit - en cette situation préparatoire à d’autres plus pénibles encore - de la lettre que vous pourrez considérer comme vous ayant été adressée et intitulée :

     CONSOLATIONS pour les fidèles en temps de persécutions, de schismes, d’hérésies…Par M. DEMARIS prêtre catholique, professeur de théologie dans la maison des missionnaires de Saint Joseph à Lyon, exilé vers 1803, et mort pour la foi en Jésus-Christ.

     M. DEMARIS, voyant les fidèles menacés de se trouver sans pasteurs, sa charité, quoique enchaîné, lui fit écrire (à leur prière) la Règle de conduite qui suit, pour leur consolation.

MES CHERS ENFANTS,

     Placés au milieu des vicissitudes humaines et du danger qu’offre le choc des passions, vous adressez vos charités à votre père et vous demandez une règle de conduite.

     Je vais vous la montrer et tâcher de porter dans vos âmes la consolation dont vous avez besoin : Jésus-Christ, le modèle des chrétiens, nous apprend par sa conduite ce que nous devons faire dans les moments pénibles où nous nous trouvons. Quelques pharisiens lui dirent un jour :

« Retirez-vous d’ici, parce qu’Hérode veut vous faire mourir ». Il leur répondit : « Allez dire à ce renard que je chasse les démons, et que je guéris les malades aujourd’hui et demain, et le troisième jour j’aurai fini. Mais je dois agir encore aujourd’hui et demain et après-demain, car ils ne convient pas qu’un prophète meure hors de Jérusalem » (St Luc XIII, 31-33)

     Vous tremblez, mes chers enfants ; tout ce que vous voyez, tout ce que vous entendez est effrayant, mais consolez-vous, c’est la volonté de Dieu qui s’accomplit. Vos jours sont comptés, sa providence pèse sur vous. Chérissez ces hommes que l’humanité vous offre comme farouches ; ce sont des instruments que le Ciel emploie à ses desseins et, comme une mer courroucée, ils ne passeront pas la ligne prescrite contre les flots qui se balancent, s’agitent et se menacent.

     Le tourbillon orageux de la révolution qui frappe à droite et à gauche, et les bruits qui vous alarment, ce sont les menaces d’Hérode : qu’ils ne vous détournent point de vos bonnes œuvres ; qu’ils n’altèrent point votre confiance et qu’ils ne flétrissent pas l’éclat de vos vertus, qui vous unissent à Jésus-Christ. Il est votre modèle, et les menaces d’Hérode ne le détournent point de la carrière de sa destinée.

     Je sais que vous pouvez être privés de votre liberté, et que l’on peut même chercher à vous faire mourir. Je vous dirai donc ce que Saint Pierre disait aux premiers fidèles :

« Ce qui est agréable à Dieu est que, dans la vue de lui plaire, nous endurions les maux et les peines qu’on nous fait souffrir avec injustice : en effet, quel sujet de gloire aurez-vous si c’est par vos fautes que vous endurez de mauvais traitements ? Mais si en faisant le bien vous les souffrez avec patience, c’est là ce qui est agréable à Dieu, car c’est à quoi vous avez été appelés, puisque Jésus-Christ a souffert pour nous, vous laissant son exemple, afin que vous marchiez sur ses traces. Lui qui n’avait commis aucun péché, et de la bouche duquel aucune parole trompeuse n’est jamais sortie, quand on l’a chargé d’injures, il n’a point répondu par des injures ; quand on le maltraitait, il n’a point fait de menaces, mais il s’est livré entre les mains de celui qui le jugeait injustement. » (I Pierre II, 19-24)

     Les disciples de Jésus-Christ, dans leur fidélité à Dieu, sont fidèles à leur patrie et plein de respect envers les autorités ; fermes dans leurs principes, avec une conscience sans reproche, adorant la volonté de Dieu. Ils ne doivent point fuir lâchement la persécution : quand on aime la croix, on est hardi à l’embrasser et l’amour même nous réjouit. Elle est nécessaire à notre union intime avec Jésus-Christ ; elle peut arriver à chaque instant, mais elle n’est pas aussi méritoire et si glorieuse. Si Dieu ne vous appelle pas au martyre, vous serez comme ces illustres confesseurs dont saint Cyprien dit :

« Que sans être morts par la main du bourreau, ils ont cueilli le mérite du martyre, parce qu’ils y étaient préparés. »

     La conduite de Saint Paul, tracée dans les Actes des Apôtres nous donne ce beau modèle tiré de celui de Jésus-Christ. Allant à Jérusalem, il apprit, à Césarée, qu’il y serait exposé à la persécution ; les fidèles le prièrent de l’éviter ; mais il se croyait appelé à être crucifié avec Jésus-Christ, si telle était sa volonté. Pour toute réponse, il leur dit :

« Ah ! cessez d’attendrir mon cœur par vos larmes, je vous déclare que je suis prêt à souffrir à Jérusalem, non seulement la prison, mais la mort même pour l’amour de Jésus-Christ. » (XXI, 13)

     Voilà, mes chers enfants, quelles doivent être vos dispositions : le bouclier de la foi doit nous armer, l’espérance doit nous soutenir et la  charité doit nous conduire en tout. Si en tout et toujours nous devons être simples comme des colombes et prudents comme des serpents, nous devons l’être surtout lorsque nous sommes contristés pour Jésus-Christ.

     Je vous rappellerai ici une maxime de saint Cyprien qui, dans ces moments, doit être la règle de votre foi et de votre piété :

« Ne cherchons pas trop, dit cet illustre martyre, l’occasion du combat et ne le fuyez pas trop : attendons-la de l’ordre de Dieu et espérons tout de sa miséricorde. Dieu demande plutôt une humble confession qu’une protestation trop hardie. »

     L’humilité est toute notre force. Cette maxime nous invite à méditer sur la force, la patience et même la joie avec laquelle les saints ont souffert.

     Voyez ce que dit Saint Paul, vous serez convaincus que lorsqu’on est animé par la foi, les maux ne nous affectent qu’au dehors et ne sont qu’un instant de combat que la victoire couronne. Cette vérité consolante ne peut être appréciée que du juste. Aussi ne soyez pas surpris si, de nos jours, nous croyons ce que saint Cyprien (3) vit de son temps, lors de la première persécution : que la plus grande partie des fidèles couraient au combat avec joie.

     Aimer Dieu et ne craindre que lui seul, tel est l’apanage du petit nombre des élus. C’est cet amour et cette crainte qui font les martyrs, en détachant les fidèles du monde et en les attachant à Dieu et à sa sainte loi.

     Pour soutenir cette amour et cette crainte dans vos cœurs, veillez et prier, augmentez vos bonnes œuvres et joignez à cela les instructions édifiantes dont les premiers fidèles nous ont donné l’exemple. Entretenez-vous selon l’usage des premiers chrétiens, que nous retrace le chapitre des Actes des Apôtres.

     Cette pratique vous sera d’autant plus salutaire que vous êtes privés des ministres du Seigneur, qui alimentaient vos âmes du pain et de la parole.  Vous pleurez ces hommes précieux à votre piété, j’évalue votre perte : vous paraissez isolés à vous-mêmes, mais cet isolement, aux yeux de la foi, ne peut-il pas être salutaire ? C’est par la foi que les fidèles sont unis. En approfondissant cette vérité, nous croyons que l’absence du corps ne rompt point cette union, parce qu’elle ne rompt pas les liens de la foi, mais plutôt qu’elle l’augmente en la dépouillant de toute sensibilité.

(A suivre…si Dieu veut)

(1) Comme on conduisait saint Cyprien au supplice, le peuple, pénétré de douleur et fondant en larmes, s’écria : allons et mourrons avec lui ! Le Saint fit donner 25 écus d’or à son exécuteur.

QUELQUES REFLEXIONS SUITE A CET EXTRAIT

A - Cette lettre met en évidence le vocabulaire de ce prêtre. Il parle de charité (vertu surnaturelle et théologale) et non de solidarité maître-mot du vocabulaire maçonnique repris en chœur par l’immense majorité des Catholiques suivant en cela le très mauvais exemple venu d’en haut.

B - Je rappelle souvent combien il est important de garder notre regard fixé sur Jésus et sur ses comportements, en actes et paroles, face aux situations auxquelles il fut confronté, et rappelé ci-dessus par Saint Pierre. Il est notre exemple et notre enseignant en ces matières.

C - Nous remarquons que ce prêtre demande de respecter les autorités bien que celles- ci soient révolutionnaires, qu’elles aient spolié l’Eglise et l’aient envoyé en exil. Il est choquant de voir des chrétiens injurier, tenir des propos haineux envers des personnes détenant l’autorité qu’elles soient politiques ou religieuses qui leur déplaisent, ou qui les caricaturent avec des images suggérant la haine ou le mépris à leur encontre. Ce christianisme n’est pas le mien.

René Pellegrini

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