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lundi 9 janvier 2023

Introduction à l'histoire des Patriarches - 9 : Le départ du pays natal - 3


INTRODUCTION A L’HISTOIRE DES PATRIARCHES – 9

 

LE DEPART DU PAYS NATAL – 3

(Genèse, XI, 27 – XII, 5)

 

     Epouvanté d’un pareil crime, redoutant la vengeance de ses dieux, Tharé alla trouver le roi et lui dénonça son fils. Le souverain fit amener Abram en sa présence et l’invita à adorer le feu, que les Chaldéens considéraient comme le principe de toutes choses. Mais le jeune homme s’y refusa énergiquement : « Pourquoi, demanda-t-il, n’adorez-vous pas plutôt l’eau, qui éteint le feu ? – ou le nuage, qui porte l’eau ? – ou le vent, qui dissipe le nuage ? – ou l’homme, qui résiste au vent ? » Et il confessa intrépidement sa foi dans le Dieu invisible, maître souverain de l’univers, exhortant tous les assistants à l’adorer, comme lui. Outré d’indignation, le roi ordonna de chauffer, pendant trois jours et trois nuits sans désemparer, le four de son palais : après quoi, en présence d’une foule immense, on y jeta Abraham, et avec lui son frère Aran, qui avait adhéré à sa foi. Mais Dieu protégea son serviteur que le feu n’osa toucher et qui sortit sain et sauf de la fournaise. Aran, au contraire, fut dévoré par les flammes, parce que – disent nos auteurs – son cœur n’adhérait pas entièrement à Dieu. A la suite de ce prodige, Abram devint l’objet de la considération générale et se retira dans la maison de son père. De nombreux serviteurs du roi s’attachèrent à lui et embrassèrent dès lors du culte du vrai Dieu (12). Quelle est la part de vérité et celle de la légende dans cette histoire ? Il est naturellement impossible de le dire. Certains voudraient n’y voir qu’une transposition à l’épisode des trois enfants dans la fournaise…En tout cas, le fait même de la persécution ne paraît pas contestable. Parmi les multiples témoignages que l’on peut évoquer, citons, en particulier, celui de l’historien Josèphe, dans ses Antiquités judaïques (13) ; celui de saint Jérôme, qui tient pour « vrai » (vera est traditio Hebracorum, dit-il) – qu’Abraham, ayant méprisé les idoles et confessé le Seigneur, fut miraculeusement préservé du feu dans lequel il avait été jeté (14) ; enfin et surtout celui de la Bible elle-même. Au IIe livre d’Esdras, Dieu est remercié d’avoir tiré Abraham du feu des Chaldéens : Domine Deus qui elegisti Abram, et eduxisti cum de igne Chaldacorum…(15). Et la version arabe de la Genèse dit d’Aran qu’il mourut, non pas dans le pays des Chaldéens, comme le fait la Vulgate, mais : dans la fournaise des Chaldéens.

     A la suite de cet épisode dramatique, Tharé, revenu sans doute à des sentiments orthodoxes, se résolut à émigrer sous un ciel plus clément. Il se mit en route, suivi d’Abram, de Saraï et de Lot, le fils d’Aran. Nachor, par contre, n’est pas mentionné dans ce départ, ni sa femme Melcha : il est probable qu’ils demeurèrent quelque temps encore en Chaldée. Plus tard, ils devaient rejoindre la tribu familiale à Charan et s’y fixer. Nous les retrouverons là quand il s’agira de marier Isaac.

     Le dessein de Tharé était d’atteindre la terre de Chanaan, c’est-à-dire la Palestine actuelle. Mais il ne pouvait, des bords du Bas-Euphrate, s’y rendre directement : la région qui sépare la Chaldée des rives du Jourdain, est, en effet, un désert, un des plus sévères du globe, et ses bêtes y auraient péri de faim. Il lui fallait suivre le tracé du « Croissant fertile », c’est-à-dire remonter d’abord vers le nord en longeant l’Euphrate, jusque vers le point où se trouve actuellement Damas, puis de là, redescendre vers le sud-ouest. La caravane se mit donc en marche. A petites journées elle atteignit Charan, point de passage, et peut-être marché important, situé dans la région de l’Anti-Taurus, sur un affluent de l’Euphrate, le Balikh.

     C’est un pays fort accueillant pour un nomade pasteur de troupeaux. Assez bien arrosée par quelques pluies et par les rivières, cette région a de l’herbe. Au printemps, la flore y est même somptueuse : des marguerites blanches, des tulipes de sang et des crocus jaunes y font un tapis moucheté ; les capriers agitent leurs touffes mauves, et de hautes hampes à bouquets roses surgissent de partout. Cette steppe odorante est riche dès que mai arrive, mais les troupeaux ne manquent jamais vraiment de pâture. Charan au creux de ses collines était sans doute comme aujourd’hui une bourgade aux maisons de briques peintes à la chaux, dont les minuscules coupoles (chacune recouvre une pièce) font comme un conglomérat de billes (16).

     Tharé trouva le site à son goût. La distance qui le séparait des Chaldéens était maintenant suffisante ; il jugea inutile de pousser plus loin et fixa ses tentes en cet endroit. Il y demeura jusqu’à sa mort, qui l’atteignit à l’âge de deux cent cinq ans.

(12) Le récit que nous venons de faire est tiré de divers écrits rabbiniques, mais surtout du Livre de la génération d’Adam, que l’on trouve au Dictionnaire des Apocryphe de Migne, I. II, col. 1111 et suiv. Le traducteur de cet ouvrage dit ici en note : « Abraham sauvé miraculeusement du four ardent à Ur en Chaldée, en récompense de sa foi…et le motif de sa condamnation, sont une tradition de la synagogue. Elle est consignée dans les livres anciens : la paraphrase chaldaïque de Jonathan, le Talmud, le Midrash-Rabba, le Midrash-Schokhertob. Elle revient souvent dans la liturgie de la synagogue. La mort d’Aran, telle qu’elle est racontée ici, est également la tradition constante de la synagogue, aussi bien que le moyen employé par Abraham pour amener son père à confesser lui-même l’impuissance des idoles, en lui disant que la grande avait brisé toutes les autres.» - Le tombeau d’Aran se voyait encore à Ur du temps de saint Jérôme. Le saint le dit lui-même à la fin de son traité : Sur l’emplacement et les noms des lieux hébreux.

(A suivre…si Dieu veut)

Don Jean de Monléon (O.S.B)

 

(13) I. I, c. 7

(14) Hier., c. 1005,1006

(15) IX, 7.

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vendredi 30 décembre 2022

Introduction à l'histoire des Patriarches - 8 : Le départ du pays natal - 2



 INTRODUCTION A L’HISTOIRE DES PATRIARCHES – 8

LE DEPART DU PAYS NATAL – 2


(Genèse, XI, 27 – XII, 5)


     Tel était cadre privilégié dans lequel s’écoula la première partie de la vie d’Abraham. Toutefois, de cette période initiale de son existence, nous ne savons rien : sinon, qu’il épousa une de ses parentes, laquelle avait le nom de Saraï, et qu’elle ne lui donna point d’enfant. Il nous apprendra lui-même, par la suite, que cette Saraï était « sa sœur » ou plus exactement sa demi-sœur, née du même père que lui, mais d’une autre mère (4). La chose n’a rien d’étonnant : le faible développement de la race humaine à cette époque reculée rendait inévitables les mariages entre consanguins (5). Néanmoins, il n’est pas certain que Saraï fut réellement la demi-sœur d’Abraham, et fille comme lui de Tharé. D’après la tradition juive, telle que la rapporte l’historien Josèphe (6), et d’après saint Jérôme (7), elle aurait eu pour père Aran, frère d’Abraham : elle serait, par conséquent, la nièce de son époux et la petite-fille de Tharé. Celui-ci, en effet, avait eu trois fils : Abraham, Nachor et Aran. Aran eut lui-même un héritier, Lot, qui jouera un rôle important dans la suite de cette histoire ; et deux filles qu’il nomma Melcha et Jescha. Melcha épousa son oncle Nachor. Quant à Jescha, il faudrait, d’après les auteurs cités plus haut, l’identifier avec Saraï : les deux sœurs auraient donc épousé leurs deux oncles. Et les mots de « sœur » et de « fille » dont se servira plus loin le Patriarche à propos de sa femme, seraient à prendre au sens large, de « proche parente » et de « descendante ».

     Quoiqu’il en soit de ce point obscur, l’Ecriture ne nous dit rien de la vie d’Abraham à Ur, ni de celle de ses ancêtres. La première fois qu’elle met en scène cette famille illustre entres toutes, c’est pour nous apprendre son départ vers d’autres cieux, vers la terre de Chanaan.

     Pourquoi cette émigration ? Quelle fut la raison qui détermina notre héros à quitter une région prospère, une ville brillante où, sans doute, il comptait parmi les personnages du plus haut rang, et à embrasser pour le restant de ces jours une existence errante et vagabonde ? L’Ecriture et l’histoire sont muettes sur ce point, et nous sommes réduits à des conjonctures. Mais le sentiment des anciens est trop unanime pour qu’on puisse le passer sous silence : le motif qui obligea Abraham à partir fut la persécution religieuse.

     D’après saint Epiphane, le polythéisme se déchaînait alors partout avec une virulence effrayante (8). Et saint Jérôme dit de même que « le monde tout entier gisait sans vie, tué par le glaive de l’idolâtrie…Seul Abraham avait gardé la chaleur de la foi (9)… » Au milieu de cette débâcle générale, il se posa en champion du monothéisme.

     Son père lui-même, Tharé, avait donné dans le culte des faux dieux. L’Ecriture nous l’apprend d’une manière formelle au livre de Josué (10). Saint Epiphane le tient pour plus coupable encore : « Il fut le premier, dit-il, qui imagina de fabriquer des idoles en argile (11) », peut-être ces théraphim que nous retrouverons, vénérés encore de Laban son petit-fils.

     A défaut de documents historiques sur la manière dont les choses se passèrent, il n’est pas défendu de demander quelque lumière aux traditions rabbiniques. Sous l’enchevêtrement de leurs extravagances habituelles, il existe un fonds commun qui peut se résumer ainsi : Abraham, disent-ils, avait le cœur droit, et il se rendait compte de la vanité des idoles qu’adoraient ses contemporains : ces idoles qui avaient une bouche, et qui ne parlaient pas ; des yeux, et qui ne voyaient point ; des oreilles, et qui n’entendaient point ; des pieds, et qui étaient bien incapables de se mouvoir. Il cherchait la divinité dans les astres, dans le soleil, dans la lune, dans les rois de la terre : il demandait à son père, à sa mère, qui était le Seigneur du monde, et leurs réponses ne le satisfaisaient point. Tharé avait dans sa maison un oratoire où trônaient douze grandes statues d’idoles, en l’honneur des douze mois de l’année, sans parler d’une quantité de petites. Chaque jour, il se prosternait devant elles pour les adorer. Il affirmait à son fils que c’étaient là les dieux qui avaient fait et qui conservaient tout ce que l’on voyait sur la terre. Abraham les observait avec le plus grand soin, et leur impuissance lui apparaissait comme une évidence. Un jour enfin, n’y tenant plus, il s’empara d’une hache et se jeta sur elles. Comme bien on pense, elles n’opposèrent aucune résistance, et il les mit en pièces. Cependant, il épargna la plus grande, plaça la hache entre ses mains, et sortit de l’oratoire. Quand Tharé s’aperçut de ce massacre, il entra dans une grande colère, et ses soupçons se portèrent aussitôt sur Abram. « Pourquoi as-tu commis ce crime envers mes dieux ? » lui-dit-il quand il l’eut rejoint. « Pardon mon père, répondit l’autre, je n’ai rien fait de mal. J’ai offert un plat de chevreau à vos dieux, et tous s’empressèrent d’y goûter sans attendre que le plus grand fut servi. Alors, furieux, celui-ci s’arma d’une hache et les mit en pièces l’un après l’autre. Vous voyez bien que le fer est encore entre ses mains. » La colère de Tharé redoubla en entendant ce langage : « Qu’est-ce que tu me racontes là ? cria-t-il. C’est toi qui a mis la hache aux mains du plus grand. Comment ces dieux auraient-ils pu faire ce que tu dis ? Ils ne sont que du bois et de la pierre, et c’est moi qui les ai façonnés. – S’il en est ainsi, reprit Abram, pourquoi les adorez-vous ? Comment vous protègeront-ils, quand vous les invoquerez, eux qui sont incapables de se défendre eux-mêmes ? N’est-ce pas insensé d’adorer ainsi des matières brutes ? Croyez-moi, mon père, renoncez à cette impiété, adorez le Dieu qui a créé le ciel et la terre. » Sur ces mots, il brisa la dernière statue et s’enfuit.

(A suivre…si Dieu veut)

Dom Léon de Monléon

(4) Genèse XX,13.

(5) D’après saint Méthode, l’usage des mariages entre parents très proches resta en vigueur jusqu’à la circoncision d’Abraham, où il fut aboli, à cause des inconvénients qu’il présentait. Convivium decem. Virginum, c.3. Pat.gr., I. XVIII

(6) Flavius Josephe I.I. ch.VI et IX.

(7) Hier., c.956

(8) Panarion, I.I.I.I, 5-8. Pat. Gr., t. XLI, col. 182 et 199.

(9) Commentaire in Isaie, I. XVIII, ch. LXV,8. Pat. Lat., c. 661

(10) Josué XXIV, 2.

(11) Loc. cit.

ABONNE(E)S et LECTEURS de ma Page, malgré que s’annoncent des jours toujours plus difficiles pour ceux qui veulent rester fidèles à Notre-Seigneur Jésus-Christ permettez-moi, quand même, de vous présenter mes MEILLEURS VŒUX pour la prochaine année, et de vous rappelez, pour votre bien, cette exhortation de Saint Paul :

« (…) frères bien-aimés, soyez fermes et inébranlables, travaillant toujours de plus en plus à l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur. » (I Corinthiens XV,58)

René Pellegrini

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mardi 11 octobre 2022

Introduction à l'histoire des Patriarches - 2 : Histoire des Patriarches - 1


 
INTRODUCTION A L’HISTOIRE DES PATRIARCHES – 2

 

HISTOIRE DES PATRIARCHES -1

 

     On voudrait, dans cet ouvrage, répondre à l’appel de l’éminent écrivain qui, par la lecture assidue des Pères de l’Eglise, a su découvrir la sève cachée sous la lettre des Livres Saints et qui, mettant un génie hors de pair au service d’une foi inébranlable, a donné à la Bible une place qu’elle n’avait jamais eu encore dans la littérature française. La préface que l’on vient de lire (1) exprime avec une force et une conviction dont il est impossible n’être pas touché, le vœu de tous ceux – et ils sont légion – qui aspirent à voir l’interprétation traditionnelle de l’Ecriture en honneur, non pas sans doute, à la place, mais à côté de l’exégèse littérale et scientifique qui prétend aujourd’hui régner seule.

     Nous nous sommes efforcés de retrouver dans leurs attitudes exactes, dans leurs proportions harmonieuses, dans leur beauté originelle ces figures patriarcales, ces statues merveilleuses que le Saint-Esprit lui-même a sculptées avec amour aux premiers temps du monde, à la fois pour orner le temple éternel de Dieu, celui où on l’adore en esprit et en vérité, et pour servir de modèles, indéfiniment, à travers les siècles, aux hommes qui voudraient vivre en hommes.

     Tel était à leur endroit le sentiment des Pères de l’Eglise.

     A un jeune homme qui lui demandait quelques conseils pour tendre à la perfection, saint Grégoire de Nysse répondait en citant d’abord ce texte d’Isaïe : « Regardez Abraham et Sara, qui vous ont enfantés. » Puis il ajoutait :

     C’est à des âmes égarées que ces paroles sont adressées. De même en effet que, pour les marins emportés loin de la direction du port, la vue d’un feu qui s’élève d’une hauteur, ou de la cime d’une montagne aperçue de loin, sert de point de repère pour retrouver la bonne route ; de même les âmes égarées, l’esprit sans pilote dans l’océan de la vie, sont-elles ramenées au port de la divine volonté par l’exemple d’Abraham et de Sara. Et comme l’humanité est divisée en deux sexes, et qu’à tous deux est proposé le libre choix entre le vice et la vertu, la Parole divine à mis sous les yeux de l’un comme de l’autre un modèle à imiter, afin que les hommes regardant Abraham, les femmes regardant Sara, les deux sexes puissent, par des exemples appropriés, dirigés leur vie selon la vertu.

     Il nous suffira donc de rappeler la vie d’un de ces personnages pour lui faire remplir l’office de phare, et montrer ainsi comment il est possible de faire aborder l’âme au port paisible de la vertu, où elle ne sera plus exposée aux orages de la vie, et où elle ne risquera plus de faire naufrage dans les abimes du péché, sous le choc des vagues successives des passions. La raison pour laquelle la vie de ces âmes saintes a été écrite en détail, n’est-elle pas de diriger dans la voie du bien, par l’exemple des justes des temps anciens, la vie de leurs successeurs ? Mais, dira-t-on, si je ne suis ni chaldéen, comme cela est écrit d’Abraham, ni l’enfant adoptif de la fille du roi d’Egypte, comme l’Ecriture l’enseigne de Moïse ; si je n’ai rien de commun dans ma façon de vivre avec aucun de ces hommes d’autrefois, comment conformerai-je ma vie à celle de l’un d’entre eux ? Je ne vois pas comment imiter quelqu’un qui diffère totalement de moi par ses habitudes. Nous répondrons à cela qu’il importe peu, pour le vice ou la vertu, que l’on soit Chaldéen, et que ni le fait de vivre en Egypte, ni celui d’habiter Babylone n’excluent quelqu’un du chemin de la perfection. Ce n’est pas en Judée seulement que Dieu est connu des justes, ce n’est pas à Sion seulement, encore que l’Ecriture sainte semble le dire, que se trouve la maison de Dieu. Mais il nous faudra une #méditation attentive et une vue plus perçante, pour discerner, au-delà de la lettre de l’Ecriture, de quels Chaldéens et de quels Egyptiens il faut nous éloigner, et quelle est la captivité de Babylone à laquelle nous devons échapper pour atteindre la vie bienheureuse. (2) »

     De même, saint Ambroise, commence les deux livres qu’il a écrit sur Abraham, par les réflexions suivantes :

 

« Platon, prince des philosophes, a jugé utile de construire, dans ses ouvrages, une république idéale, afin que ses concitoyens eussent en elle un modèle à imiter. Et Xénophon a dessiné dans sa Cyropédie, le type du roi juste et sage, pour servir d’enseignement aux princes. Ainsi, Moïse, en écrivant la vie d’Abraham, nous a montré le modèle de l’homme de Dieu, avec cet avantage sur les auteurs précédents, qu’au lieu de forger de toutes pièces un être fictif, il met devant nos yeux un personnage réel, doté des vertus les plus authentique (3).

     Il résulte clairement de ces témoignages, et de beaucoup d’autres que, pour les Pères de l’Eglise, Abraham n’est pas un être primitif, émergeant à peine de l’état sauvage ou de l’animalité, comme on pourrait le croire en entendant certains auteurs contemporains parler à son sujet, de « bédouin sournois et pillard », de « vagabond civilisé », « d’enfant de la steppe », de « conscience crépusculaire »…que sais-je encore ?

     Abraham, personne n’osera le contester, est une des plus grandes figures de l’histoire universelle. A l’heure où l’humanité tout entière se ruait frénétiquement dans le polythéisme et se prosternait sans honte devant les idoles les plus variées, les plus grotesques, les plus immondes, il apparaît comme le mainteneur du monothéisme, comme l’ancêtre et le chef de tous ceux qui adorent le Dieu Un, le Dieu transcendant, le Dieu qui est Esprit. A ce titre, sa haute stature domine et l’histoire du peuple juif, qui se tient pour son descendant direct et son héritier, et celle du christianisme, et encore celle de l’Islam. Les fils du Prophète, en effet, le considèrent comme leur chef, non pas seulement parce qu’il est le père d’Ismaël, leur ancêtre racial, mais surtout parce qu’ils voient en lui le modèle de l’intransigeance monothéiste, dont ils font le principe premier de leur religion. Aussi occupe-t-il dans le Coran une place beaucoup plus importante que le fils d’Agar, qui n’y a qu’un rôle effacé. #Allah est son Dieu avant d’être celui de #Mahomet. Si les #Musulmans veillent jalousement sur sa tombe à Hébron, c’est qu’ils la considèrent comme un dépôt qui leur revient de droit. #Jésus est le chef des chrétiens, Moïse celui des #Juifs, mais Ibrahim (ou Abraham) est leur Patriarche à eux, celui qui, béni d’Allah, a légué à ses descendants la foi véritable, c’est-à-dire l’Islam.

     L’Eglise catholique, de son côté, ne lui témoigne pas moins d’égard et de vénération que la religion juive. Trois fois au moins chaque jour, elle le nomme dans sa liturgie, à des moments particulièrement solennels : au Benedictus de l’Office des Laudes, au Magnificat des Vêpres, et surtout au Canon de la Messe, honneur insigne qu’elle n’accorde qu’à de rares privilégiés. Elle montre, par là, qu’elle le tient pour l’un des noms les plus capables de lui concilier, à ce moment redoutable, la bienveillance du Tout-Puissant. Elle nous fait dire à nous, chrétiens, en parlant de lui : « Abraham le très grand » (Pater fidei nostrae, Abraham summus (3) ». Toute la tradition catholique est empreinte à son endroit du même caractère de respect, de haute estime, d’admiration : sa vie est considérée unanimement comme le modèle de celle du juste, comme le miroir de toutes les vertus. Les Pères ont loué à l’envi et sans dissonance aucune, sa foi, son obéissance, sa patience, sa charité, son humilité, sa piété. Et si saint Jérôme a écrit une fois : Peccavit Abraham, Abraham a péché, c’est justement pour montrer que nul homme n’est exempt de quelques faiblesses, même s’il compte parmi les plus grands saints (4).

     Ainsi, trois des principaux courants de la civilisation humaine se réclament en lui d’une origine commune : ils semblent sortir de cette source unique pour irriguer et fertiliser toute la terre.

(A suivre…si Dieu veut)

Dom de Monléon

(1) Saint Grégoire de Nysse, De la vie de Moïse, Patrologie grecque, t.XLIV, col.301.

(2) De Abraham libri duo, I.I, ch. I

(3) Antienne des premières Vêpres de la Quinquagésime.

(4) Commentaires sur Isaïe, I. XII, ch. XLIII, 36

 

René Pellegrini

mardi 6 septembre 2022

Le massacre de la Légion thébaine : La foi en acte


LE MASSACRE DE LA LEGION THEBAINE


LA FOI EN ACTE –

 

     En commentant le récit sur cette légion chrétienne, je prends le risque de heurter certaines consciences sensibles ou ne goûtant pas ce qui va suivre. Je ne cherche pas à provoquer ni à blesser. Chacun s’examinera par rapport au comportement décrit et au désir qu’il a de s’y conformer ou d’y tendre. Je souhaiterai que mes commentaires soient reçus, par ceux qui seraient en désaccord, comme la volonté de montrer jusqu’où peut conduire une foi profonde formée sans réserve sur le modèle parfait de Jésus-Christ et à laquelle je ne suis pas insensible, car l’Eglise les ayant portés sur les autels ils sont, à mon sens, dignes d’être suivis et imités avec l’aide de la grâce et autant qu’elle le permet. Je m’excuse pour la longueur de cet article, mais, pour en faciliter le suivi et sa compréhension, j’ai préféré le donner en totalité.

     Le massacre de la légion thébaine – six mille six cents hommes – qui eut lieu aux temps du tyrannique empereur Dioclétien, et que j’extraie de la « Fleur des Saints » du Père Ribadeneira. Ce récit nous est rapporté par Saint Eucher, évêque de Lyon, dans une lettre adressée à l’évêque Salvius.

     Pourquoi un tel massacre ? Parce que le prince Maximien avait ordonné à cette légion – qu’il avait fait venir spécialement d’Orient – d’aller avec d’autres troupes, enlever les chrétiens parmi lesquels, bien entendu, des hommes, des femmes et des enfants de tous âges, et de les conduire à la mort. Devant le refus motivé des chefs chrétiens de la légion, le tyran exerce une première contrainte, il fait décimer (un sur dix) la légion, ce qui provoque la mort de plus de 600 soldats chrétiens.

     « La fureur qu’elle excita dans l’esprit de ce prince fut si violente, qu’il commanda sur le champ qu’on décimât la légion, afin que ceux que le sort aurait épargné, épouvantés par le danger qu’ils venaient d’éviter, et par la vue de leurs compagnons égorgés à leurs yeux, se résolussent d’obéir ; mais ni ce triste spectacle, ni la crainte d’une pareille destinée, ne purent les ébranler. Ils s’écrièrent tous qu’on ne verrait jamais leurs mains souillées du meurtre de leurs frères, ni fumantes de leur sang innocent ; qu’ils détestaient le culte impie des idoles, qu’ils étaient des adorateurs du vrai Dieu, et qu’ils endureraient les dernières extrémités et la mort même, plutôt que de faire quelque chose contre la religion qu’ils professaient. »

     Observons bien que le refus d’obéissance est en rapport avec un ordre reçu, mais un ordre mauvais. Le païen Maximien exigeait des soldats chrétiens « le meurtre de leurs frères ». Il est impossible pour un vrai chrétien d’obéir à un ordre mauvais ou injuste. Le fondement d’un tel refus étant « adorateurs du vrai Dieu, ils respecteraient la religion qu’ils professaient ». Le premier massacre n’ayant en rien changé l’attitude des légionnaires, et leurs propos ayant été rapportés à Maximien, il exerce une nouvelle contrainte, et décime une seconde fois.

« Cela ayant été rapporté à Maximien, il ordonna qu’on décimât la légion pour la seconde fois, et qu’on ne laissât pas ensuite de contraindre ceux qui resteraient à exécuter ses premiers ordres. La légion fut donc encore décimée ; mais le reste, sans s’étonner, persévéra toujours dans le même refus ; les officiers et les soldats s’exhortent mutuellement les uns les autres à demeurer fermes dans une si belle résolution. Mais celui qui leur inspirait le plus cette admirable fermeté, était saint Maurice, leur colonel, auquel se joignirent Exupère, maréchal de camp, et Candide, prévôt de la légion. Ces trois officiers ne cessaient de leur représenter la sainteté du serment qu’ils avaient fait à Jésus-Christla fidélité qu’ils lui devaient comme à leur véritable empereur ; qu’il était beau de mourir pour la défense de la loi de Dieu ; que l’exemple de leurs compagnons qu’ils voyaient étendus sur la poussière, comme autant de victimes sacrifiées à Dieu, les devait merveilleusement encourager ; que du haut du ciel, où ils venaient de monter, ils leur tendaient la main, et leur montraient des couronnes toutes pareilles à celles qu’ils apercevaient briller sur leurs têtes. Ces trois grands hommes n’eurent pas de peine à allumer dans le cœur de leurs soldats, ce feu divin dont ils brûlaient eux-mêmes. »

     Ils sont passifs, n’esquissent aucun geste pour se défendre ou pour protéger leurs frères d’armes exécutés sous leurs yeux. Cependant, il est dit qu’ils moururent pour « la défense de la loi de Dieu ». Ils ont donc parfaitement défendu la loi divine en n’intervenant pas : en refusant de tuer leurs frères.

     Ce qui suit illustre parfaitement leur foi et la fidélité du serment fait à Jésus-Christ lorsqu’un ordre de l’autorité temporelle entre en conflit avec un commandement de Dieu.

« Tous soupiraient après le martyre. Ainsi animés de ce beau feu. Ils firent présenter à Maximien un écrit conçu à peu près en ces termes : Seigneur, nous sommes vos soldats, il est vrai, mais nous sommes aussi les serviteurs du vrai Dieu, et nous nous faisons gloire de le confesser. Vous nous honorez de la milice ; mais nous devons à Dieu le don inestimable de l’innocence. Nous recevons de vous la solde comme une récompense due à nos travaux ; mais nous tenons de Dieu la vie, comme un don purement gratuit, et que nous ne pouvons jamais mériter. Il ne nous est donc plus permis d’obéir à notre empereur, dès que Dieu nous le défend : oui notre Dieu, et le vôtre, seigneur. Commandez-nous des choses justes, vous nous trouverez soumis, obéissants, prêts à tout entreprendre pour votre service et pour votre gloire : Montrez-nous l’ennemi ; et nous répondons de sa défaite, nos mains n’attendent que votre ordre pour se tremper dans le sang ; mais nous ne répandrons jamais celui de nos frères, de vos sujets. »

     Placés dans un état d’obéissance à l’égard de leur prince – bien que païen et sanguinaire – qui est leur autorité supérieure, ils sont aussi « serviteurs de Dieu » de qui ils tiennent les dons inestimables « de l’innocence et de la vie » ce qui leur fait dire « Commandez-nous des choses justes » justifiant ainsi leur désobéissance par l’ordre mauvais reçu, se dressant contre l’autorité souveraine de Dieu.

     Pensez-y militaires et forces de l’ordre catholiques et chrétiens car viendra le temps où vous aurez de graves décisions à prendre, lorsqu’on vous enverra contre vos frères - sans armesans défense, se tenant tranquille et loin de toute agitation et propagande révolutionnaire contre les autorités établies, n’ayant que le mauvais goût de vouloir louer, aimer, servir Dieu et, selon la mission reçue de confesser leur foi devant les hommes, jusqu’à la fin du monde, et de dénoncer verbalement, ou par écrit, tout ce qui se dresse contre les enseignements divins auxquels tout homme doit se soumettre, qu’elle que soit sa position sociale, s’il ne veut pas finir par ressembler à un animal mû uniquement par ses sens, et faire retour à l’animalité et à la barbarie desquelles le christianisme l’a progressivement sorti.

     Ce qui suit peut paraître surprenant :

« Avons-nous pris les armes, pour en exterminer les Romains, ou pour les défendre ? Et n’est-ce pas pour la justice, pour la conservation de l’empire, pour y maintenir la tranquillité, que nous avons jusqu’à présent combattu ? Ca toujours été le prix aussi bien que le motif de tant de périls où nous nous exposons chaque jour ? »

     Pour la défense d’un empire païen, ils prirent les armes, mirent en péril leur vie. Pourquoi ne les prennent-ils pas pour protéger leurs frères en danger de mort ? Sommes-nous en présence d’une légion de chrétiens déficients mentaux ? NON ! L’Eglise les a inscrits dans le catalogue des saints : ils ont été portés sur les autels. Ils sont donc des exemples pour la foi que nous pouvons imiter à condition de nous nourrir de ce qui l’élève et la rend ferme en s’appuyant, prioritairement, non sur les émotions produites sur les sens humains, mais sur l’adhésion de notre intelligence à la vérité révélée et enseignée par l’exemple de Jésus, des saints et l’enseignement infaillible de l’Eglise.    

     Tout aussi surprenant et à méditer ce qui suit :

« Mais enfin, seigneur, si nous manquons à la fidélité que nous avons promise à Dieu, quelle assurance aurez-vous que nous garderons celle que nous vous avons jurée ? Un double serment nous lie envers Dieu, et envers notre empereur ; si nous violons le premier, le second nous doit peut coûter à rompre. Vous nous commandez d’égorger des chrétiens ; que n’employez-vous à ce grand exploit vos autres soldats ? Ils vous ont si bien servi, lorsque vous leur avez donné l’ordre de faire main basse sur nos compagnons. »

     Remarquons leur comportement à l’égard de leurs frères voués à une mort certaine. Qui doit faire ce sordide travail de tuer les chrétiens ? « Vos autres soldats ». Ils n’ignorent pas ce qui a déjà été fait « main basse sur leurs compagnons » Inconscience ? Ils sont encore plus de 5000, de surcroît valeureux soldats, ne feraient-ils pas mieux de s’organiser pour se défendre ? Mourir pour mourir, autant que ce soit en combattant et en portant secours aux plus faibles plutôt que de se laisser massacrer, et ainsi ouvrir le chemin pour l’égorgement de leurs frères sans défense (hommes, femmes, vieillards, enfants et enfants à naître) par des soldats païens ! Ils ne font rien pour se (et les) protéger, mais :

« Qu’attendez-vous pour en faire autant de nous ? Qui vous arrête ? Nous confessons un Dieu créateur de toutes choses, et un Jésus-Christ, son Fils, et Dieu comme son Père. Nous venons de voir nos chers compagnons expirer sous le fer meurtrier de vos bourreaux, et nous sommes tous couverts de leur sang. Nous avez-vous vu verser la moindre larme ? Avons-nous jeté le moindre soupir ? Vous a-t-on dit que nous déplorions leur mort prématurée ? Au contraire, nous l’avons accompagné de nos vœux, de mille marques de joie. Nous leur portons envie, nous les estimons heureux d’avoir été trouvés dignes de souffrir pour leur Dieu»

     Voilà qui donne à réfléchir et à méditer. Ils disent « nous venons de voir » et ils n’ont pas bougé, et de nouveau ce qui les détermine et souligne ce qu’est la foi bien comprise et vécue « être digne de souffrir pour Dieu ».

« Au reste, qu’on n’appréhende rien de notre désespoir ; la crainte de la mort n’amènera point nos mains pour repousser celle qu’on voudra nous donner ; et notre empereur, quoique acharné à notre perte, ne nous sera pas moins respectable. Nous ne parerons point les coups qu’il nous fera porter, et nous ne nous servirons point de nos armes pour empêcher l’exécution de ses ordres, quelque injuste qu’ils soient. Nous aimons donc mieux mourir nous-mêmes que de faire le moindre mal à nos frères, et entre mourir innocents et vivre coupables, il n’y a pas à balancer aux choix. Enfin nous sommes chrétiens, nous ne pouvons nous résoudre à verser le sang des chrétiens. »

     C’est ce qu’ils firent :

« Maximien s’étant fait lire cet écrit, également fort et respectueux, et n’espérant plus de pouvoir vaincre la constance de ces généreux chrétiens, se résolut de les faire passer tous par le fil de l’épée. Nos saints voyant approcher les soldats l’épée nue, mirent bas les armes ; présentant la gorge aux bourreaux, ils recevaient le coup mortel sans pousser la moindre plainte. Ils auraient pu vendre bien cher leur vie ; et fort de leur nombre et de leur valeur, faire sentir aux soldats qui les massacraient, qu’il n’était pas si facile de la leur ôter. Mais se ressouvenant que Celui qu’ils adoraient, et pour l’amour duquel ils mourraient, semblable à un paisible agneau, n’avait pas ouvert la bouche pour se plaindre de l’injustice de ses ennemis ; ils se laissèrent déchirer comme d’innocentes brebis, qu’une bande de loups affamés ont assaillies dans un lieu écarté. La terre fut en un instant couverte de corps, ou morts ou mourants, et de longs ruisseaux de sang coulaient de tous côtés. »

    Les soldats ne se défendent pas et assument totalement l’injustice qu’on leur fait subir. Ils ont acquis la sainteté sans pour autant avoir tenté l’impossible pour se sauver eux-mêmes, leurs frères d’armes et les autres chrétiens de la mort.

     Moins de quarante ans plus tard, la Rome païenne et impériale se convertissait au christianisme. Le sang des martyrs, semence de chrétiens, avait fait son œuvre.

« Quel tyran, quelque altéré qu’il en fût, en a jamais fait rouler ainsi des torrents sur le sable ? Un seul arrêt a-t-il jamais puni tant de criminels à la fois ? Cependant, quoiqu’un crime commis par une multitude de coupables demeure presque toujours impuni, ici la multitude ne peut sauver même les innocents. C’est ainsi qu’un seul homme, abusant de sa puissance, fit périr d’une seule parole un peuple tout entier de saints. C’est ainsi que fut éteint dans son sang cette légion d’anges mortels ; mais il faut croire que dans le moment elle s’alla joindre aux légions des esprits célestes, pour louer et bénir le Dieu des armées. »

     Voilà comment ce sont comportés des chrétiens face à un tyran usant de violence pour forcer à commettre un acte contraire à la loi divine, sans faire valoir la légitime défense.

CONCLUSION PERSONNELLE

     On cherche à comprendre un tel comportement. Il ne se comprend que par la foi fondée solidement sur l’adhésion sans réserve à l’exemple de leur Seigneur et Maître face à ses ennemis, et professée sans faille jusqu’à ses ultimes conséquences car « se ressouvenant que Celui qu’ils adoraient, et pour l’amour duquel ils mourraient, semblable à un paisible agneau, n’avait pas ouvert la bouche pour se plaindre de l’injustice de ses ennemis ». Foi qui demeura fidèle au serment les liant à Jésus-Christ par le baptême, et par lequel ils furent revêtus de Jésus-Christ en sa mort et sa résurrection pour marcher en communion et en vérité dans la lumière qu’est l’exemple laissé par Notre-Seigneur : Lui qui pouvait faire appel à son Père et lui enverrait plus de 12 légions d’anges pour le délivrer. (St Matthieu XXVI, 53)

« Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et là où je suis, mon serviteur sera aussi. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera » (St Jean XII, 26) et la vérité qu’est venu enseigner Notre-Seigneur concerne aussi bien nos comportements face à la vie qu’à la mort.

     La foi de ces légionnaires chrétiens n’est pas enfantine, elle ne demande ni à être maternée par la Sainte Vierge, ni à se soustraire à l’épreuve que Dieu permet : elle est adulte. Cette foi a parfaitement compris que « le disciple n’est pas au-dessus du Maître ; mais tout disciple sera parfait, s’il est comme son Maître. » (St Luc VI, 40) et ce que signifie vraiment mettre ses pas de disciple dans ceux de Jésus-Christ. « Car c’est à cela que vous avez été appelés, parce que le Christ aussi a souffert pour nous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces ; (…) lui qui injurié, ne rendait point d’injures, et, maltraité, ne faisait point de menaces, mais se livrait à celui qui le jugeait injustement. » (I Pierre II, 21-24). Aucune incitation à la révolte dans l’enseignement de Saint Pierre mais exhortation à fixer son regard sur le Christ pour en suivre l’exemple.

     Devant cette foi des légionnaires chrétiens pas seulement théorique mais en acte, qu’en est-il de la nôtre ? N’est-elle pas trop éreintée et énervée après deux siècles de laïcité, par la conjugaison et la diffusion mortelle du faux humanisme de la Renaissance, des fausses doctrines et faux principes du protestantisme et de ses progénitures, des faux principes révolutionnaires de la judéo-maçonnerie, un milieu ambiant naturaliste, des exemples considérés comme normaux et répétés de rébellion, d’insubordination comme unique solution aux problèmes face aux autorités dirigeantes, et leurs répercussions dans tous les domaines de la vie avec leur incitation à nous y conformer pour ne pas être différents et être acceptés par ce monde oublieux de Dieu, de ses commandements et de sa morale ?

     Tous ces faits dans lesquels baigne continuellement la vie chrétienne n’ont-ils pas vicié et ramolli cette foi la réduisant à un simple confort psychique, ou stérilisée par le confort matériel, les plaisirs, les amusements et les distractions en tous genres, auxquels s’ajoute le brigandage que fut le Concile Vatican II favorisant un catholicisme qui ne s’accommode plus que de compromis, de politiquement et de religieusement corrects, de silences coupables et répétés devant le mal qu’on n’ose plus appeler mal, favorisant ainsi les censures de beaux parleurs que certaines vérités dérangent privant ainsi leurs frères de ce qu’ils devraient connaître pour leur éviter certaines erreurs dangereuses pour leur foi ? Ces censeurs qui vous snobent et refusent de répondre aux demandes légitimes d’explications. Refusant de répondre aux hommes que répondront-ils à Dieu ? Tous ces faits créent une atmosphère qui met sournoisement sur la voie de la trahison et de la lâcheté saupoudrées d’Alléluia, de bêlement et de protestation d’amour de Dieu et de la Sainte Vierge mais qui sonnent faux, car ils sous estiment dangereusement le rude combat pour la foi à mener au sein même de notre religion, avec l’aide de Dieu, contre l’enfer et ses suppôts qui se déchaînent pour subvertir et perdre les âmes aussi bien religieusement que politiquement.

 

René Pellegrini

 

Mis sur un autre blogue le 7 novembre 2018

dimanche 8 mai 2022

Le retour des Juifs en Palestine - 3 : Autres versets bibliques et interprétations - 1



 LE SIONISME - 3

 

« Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations,

jusqu'à ce que les temps des nations soient accomplis.»

 (Luc XXI, 24)

« Je vous retirerai d’entre les nations, et je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous amènerai dans votre pays (…) »

(Ezéchiel XXXVI, 26)

 

LE RETOUR DES JUIFS EN PALESTINE – 3

Autres versets bibliques et interprétations -1

 

     Commençant à examiner les ‘’versets irréfutables’’ les plus significatifs d’Ezéchiel, prophète de la divine fidélité, à cause des promesses qui remplissent la dernière partie de ses écrits. Il prophétise alors qu’il se trouve en déportation à Babylone. Ses prophéties concernent en premier lieu Israël, mais leur portée territoriale va bien au-delà des limites nationales pour introduire dans les temps messianiques et de l’Eglise du Christ. Selon le sentiment commun des Pères de l’Eglise et des interprètes catholiques, il ne faut chercher dans ces prophéties qu’une allégorie du règne du Messie et de son Eglise.

EZECHIEL XI, 17

     Promesse de salut dont on peut dire qu’elles appartiennent par avance au Nouveau Testament. Comparer avec Jérémie XXXI, 31-34

« Dis-leur donc : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Je vous rassemblerai du milieu des peuples, et je vous réunirai des pays où vous avez été dispersés, et je vous donnerai la terre d’Israël (…) Et je leur donnerai un même cœur, et je mettrai dans leurs entrailles un esprit nouveau ; j’ôterai de leur chair le cœur de pierre, et je leur donnerai un cœur de chair afin qu’ils marchent dans mes préceptes, qu’ils observent et pratiques mes ordonnances, et qu’il soit mon peuple, et que je sois leur Dieu » (Voir aussi Jérémie XXXI,33)

Cette prophétie s’est littéralement accomplie lors du retour de l’exil babylonien sur la terre d’Israël, au VIe siècle avant Jésus-Christ. Mais, comme le montre le contexte, le but de ce retour d’exil va au-delà d’une possession territoriale, elle visait un changement du cœur et de l’esprit des Juifs. Cette heureuse possession et transformation n’était pas seulement d’ordre géographique mais aussi spirituel. Elle ne peut trouver sa pleine réalisation qu’en entrant dans la nouvelle Alliance du Messie et son Eglise.

EZECHIEL 36 : 22-32

« La parole de Dieu me fut adressée en ces termes : Fils de l’homme, la maison d’Israël a habité dans sa terre ; ils l’ont souillée par leurs œuvres et leurs affections ; leur voie a été devant moi comme la souillure d’une femme qui a ses règles. Alors j’ai répondu mon indignation sur eux, à cause du sang qu’ils avaient versé sur la terre, et de leurs idoles par lesquelles ils l’avaient souillée. Je les ai dispersés parmi les nations, et ils ont été disséminés en divers pays ; je les ai jugés selon leurs voies et selon leurs œuvres.(…): Ainsi parle le Seigneur Dieu : Ce n’est pas pour vous que j’agirai, maison d’Israël, mais c’est pour mon saint nom, que vous avez profané parmi les nations où vous êtes allés (…) Car je vous retirerai d’entre les nations, et je vous rassemblerai de tous les pays, et je vous amènerai dans votre paysJe répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés de toutes vos souillures, et je vous purifierai de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai un esprit nouveau au milieu de vous ; j’ôterai de votre chair le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chairJe mettrai mon esprit au milieu de vous, et je ferai que vous marchiez dans mes préceptesque vous gardiez et que vous pratiquiez mes ordonnances. Vous habiterez le pays que j’ai donné à vos pères, et vous serez mon peuple, et je serai votre Dieu ».

     On notera que cette délivrance n’intervient pas en fonction de leur mérite « mais pour mon saint nom, que vous avez profané parmi les nations où vous êtes allés » Ainsi, même dans leur dispersion ils continuaient à profaner Dieu. Le culte juif contenait de nombreuses ablutions pour laver les souillures légales toutes extérieures (Nombres XIX, 17 et ss; Psaumes L, 4.9, etc). Mais ici il s’agit d’une purification bien supérieure, toute intérieure, qui concerne « le cœur nouveau…un esprit nouveau » qui ne peut advenir qu’en reconnaissant le Christ pour Maître et Seigneur et en le servant. 

     Si ces versets sont significatifs d’un retour marquant la fin du temps des nations, près de 70 ans après être revenu en Israël, où sont ce « cœur nouveau et cet esprit nouveau ? » Comment « marchent-ils dans mes préceptes ? » après près de 70 ans d’inimitié contre le Christ, et en bafouant par la loi du talion les commandements d’amour laissés par Jésus et la Charte du Royaume de Dieu stipulant d’aimer ses ennemis et de prier pour eux ? Ces prescriptions dont Jésus nous donna l’exemple pratique en disant pour ses bourreaux, sur la Croix de son supplice : « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (St Luc XXIII, 34).

     Où voit-on se manifester cette « eau pure de Dieu ? » qui devait les « purifier de toutes les idoles » lorsqu’ils font, de par l’esprit matérialiste qui les habite, une idole de la terre d’Israël, sans compter toutes les autres idoles que véhiculent la publicité, le cinéma, le théâtre, les musiques indécentes, etc., et les mœurs coupables sans différence aucune avec les nations paganisées non juives ? Quelle triste et indécent spectacle offre ce peuple en profanant Dieu de nos jours comme il le profanait aux temps des prophètes.

     Ce texte s’il a bien montré son accomplissement littéral au VIe siècle avant Jésus-Christ par un retour effectif en Israël, il ne s’y arrête pas mais englobe dans la vision prophétique son aboutissement et sa pleine réalisation sous le règne messianique de Jésus-Christ. La thèse théologique d’un retour des Juifs en Palestine comme accomplissement des promesses divines marquant la fin du temps des nations sera difficilement soutenable lorsque seront abordé les textes négatifs.

(A suivre… « Autres versets bibliques et interprétations - 2 »…si Dieu veut)

 

René Pellegrini

Introduction à l'histoire des Patriarches - 10 : Le départ du pays natal - 4

INTRODUCTION A L’HISTOIRE DES PATRIARCHES – 10   LE DEPART DU PAYS NATAL – 4 (Genèse, XI, 27 – XII, 5)        Mais par cette stabili...