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mardi 25 octobre 2022

Introduction à l'histoire des Patriarches - 3 : Histoire des Patriarches - 2

Moïse devant le buisson Ardent. Exode III,14 : Je Suis  celui qui est ; Ego sum qui sum (latin) ; en Hébreu : Ehyieh aser Ehyieh (Jéhovah ou Yahveh) 

INTRODUCTION A L’HISTOIRE DES PATRIARCHES – 3

HISTOIRE DES PATRIARCHES - 2


     Mais il ne se contenta pas d’approfondir la science pour elle-même, il s’en servit comme d’une échelle pour s’élever à la connaissance de Dieu.

     C’était un homme très sage et très prudent, dit encore Josèphe, de très grand esprit, et si éloquent qu’il pouvait persuader de ce qu’il voulait. Comme nul autre ne l’égalait en capacité et en vertu, il donna aux hommes une connaissance de la grandeur de Dieu beaucoup plus parfaite qu’ils ne l’avaient auparavant. Car il fut le premier qui osa dire qu’il n’y a qu’un Dieu, que l’univers est l’ouvrage de ses mains et que c’est à sa seule bonté, et non pas à nos propres forces que nous devons attribuer tout notre bonheur. Ce qui le portait à parler de la sorte, c’était qu’après avoir attentivement considéré ce qui se passe sur la terre et sur la mer, le cours du soleil, de la lune et des étoiles, il avait aisément jugé qu’il y a quelque puissance supérieure qui règle leurs mouvements, et sans laquelle toutes choses tomberaient dans la confusion et dans le désordre ; qu’elles n’ont par elles-mêmes aucun pouvoir de nous procurer des avantages que nous en tirons. Mais qu’elles le reçoivent de cette puissance supérieure à qui elles sont absolument soumises : c’est là ce qui nous oblige à l’honorer seul et à reconnaître ce qui nous oblige à l’honorer seul et à reconnaître ce que nous lui devons, par de continuelles actions de grâces. (9)

     Si Abraham avait écrit une théodicée, ou un traité de métaphysique, il faudrait sans aucun doute le placer au-dessus des plus grands philosophes de la Grèce, au-dessus de Parménide, d’Aristote et de Platon.

     Nous sommes remplis d’admiration pour ces grands esprits, quand nous voyons que, par le labeur méthodique de leur raison, ils ont su, non seulement découvrir au-delà de l’univers l’existence du Dieu unique, mais encore déterminer le caractère essentiel de sa nature, à savoir qu’il est l’Être nécessaire, l’Être par excellence. En contemplant cet Être pur, ils ont compris qu’il est immuable, éternel, non produit, ni créé, incorruptible, intact et entier dans son unité, toujours égal à lui-même, infini, contenant en soi la somme de les perfections. Il est la première intelligence, il est l’acte pur, il est la vie, il est la beauté, il est l’harmonie invisible, il domine tout, suffit en tout et surpasse tout…Mais avant toutes choses il est CELUI QUI EST, to on (en grec) « L’Être est, dit Parménide, et il n’est pas possible qu’il ne soit pas ; il n’y a rien soit ou doive être, autre que l’Être, et en dehors de lui. »

     Or le Dieu qui se révèlera un jour à Moïse dans le buisson ardent, donnera précisément comme son trait propre, comme son signe distinctif, d’être CELUI QUI EST, ego sum qui sum. Mais en même temps il se déclara le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Que déduire du rapprochement de ces deux textes, sinon qu’Abraham avait déjà parcouru le processus que devait suivre plus tard les philosophes de la Grèce ; qu’il avait su découvrir au-dessus de toutes les choses créées, le Dieu Un, et qu’à ce Dieu, il donnait pour note essentielle d’être CELUI QUI EST.

     Seulement ? tandis que nos philosophes mélangeront toujours quelques erreurs à la vérité et n’arriveront jamais de ce fait qu’à une notion inexacte de Dieu, la parole dite à Moïse permet de croire qu’Abraham seul, au cours de sa recherche, réussit à se maintenir toujours dans le plan de la vérité. Si belles ue soient les conceptions des Grecs, Dieu n’a jamais dit : « Je suis le Dieu d’Aristote, ou le Dieu de Platon »…Mais il a dit, et combien de fois, et avec quelle force, Je suis le Dieu d’Abraham !...

     Il est vrai qu’il existe une tradition juive selon laquelle Abraham aurait été initié au monothéisme par l’un des fils de Noé, qui lui aurait enseigné également l’hébreu, considéré comme langue sacrée. Cette tradition, si elle est fondée, ne détruit pas le mérite de notre Patriarche. Il est tout à fait permis de penser que les philosophes grecs eux-mêmes furent guidés dans leur recherche du vrai Dieu par quelques vestiges de la révélation primitive, et saint Augustin considère comme très probable l’opinion selon laquelle Platon aurait eu connaissance des premiers livres de la Bible (10). La gloire d’Abraham serait alors d’avoir mis tout son savoir au service de cette croyance, et il mériterait d’être par là comparé à saint Thomas et aux docteurs qui ont montré l’accord de la raison et de la foi, plutôt qu’à Platon ou à Aristote. Nous sommes loin, on le voit, de ceux qui voudraient le ravaler au rang des Polynésiens ou de l’homme de Cro-Magnon !...

     Mais si, seul entre tous les sages de l’antiquité, Abraham est parvenu à une connaissance exacte de Dieu, c’est qu’ayant compris que pour s’approcher de l’Être pur il fallait être pur soi-même, il eut le courage de mettre sa pratique d’accord avec sa théorie. Tandis que les plus éminents des philosophes grecs, tout en croyant au Dieu Un, continuaient à sacrifier aux idoles et à céder aux vices de leur temps, Abraham eut l’âme assez noble pour se dégager entièrement du paganisme, et pour mener une vie irréprochable.

(A suivre…si Dieu veut)

(9)  Flavius Josèphe, I, I, ch. VII

(10)  Saint Augustin, Cité de Dieu, I. VIII, ch, XI.

- Aristote, Platon et Parménide sont des philosophes grecs

 

René Pellegrini


 


lundi 13 juin 2022

Traité du Saint-Esprit - 11 : L'Esprit du bien et l'Esprit du mal - 2


L’ESPRIT DU BIEN ET L’ESPRIT DU MAL – 2

TRAITE DU SAINT-ESPRIT – 11

CHAPITRE 1

     En attendant, l’existence de deux Esprits opposés suppose l’existence d’un monde supérieur au nôtre. Par là, nous entendons un monde composé d’êtres plus parfaits et plus puissants que nous, dégagés de la matière et purement spirituels : Dieu, les anges bons et mauvais, en nombre incalculable ; monde des causes et des lois, sans lequel le nôtre n’existerait pas ou marcherait au hasard, comme le navire sans boussole et sans pilote ; monde pour lequel l’homme est fait et vers lequel il aspire ; monde qui nous en enveloppe de toutes parts, et avec lequel nous sommes incessamment en rapports ; à qui nous parlons, qui nous voit, qui nous entend, qui agit sur nous et sur les créatures matérielles, réellement, efficacement, comme l’âme agit sur le corps.

     Loin d’être une chimère, l’existence de ce monde supérieur est la première des réalités. La religion, l’histoire, la raison, se réunissent pour en faire l’article fondamental de la foi du genre humain. Aujourd’hui plus que jamais, il est nécessaire de le démontrer : car la négation du surnaturel est la grande hérésie de notre temps. Naguère M. Guizot (1) lui-même en faisait la remarque. Il écrivait :

     « Toutes les attaques dont le christianisme est aujourd’hui l’objet, quelque diverses qu’elles soient dans leur nature ou dans leur mesure, partent d’un même point et tendent à un même but, la négation du surnaturel dans les destinées de l’homme et du monde, l’abolition de l’élément surnaturel dans la religion chrétienne, dans son histoire comme dans ses dogmes. Matérialistes, panthéistes, rationalistes, sceptiques, critiques, érudits, les uns hautement, les autres très discrètement, tous pensent et parlent sous l’empire de cette idée, que le monde et l’homme, la nature morale comme la nature physique, sont uniquement gouvernés par des lois générales, permanentes et nécessaires, dont aucune volonté spéciale n’est jamais venue et ne vient jamais suspendre ou modifier le cours. » (2)

     Rien n’est plus exact. Nous ajouterons seulement qu’indiquer le mal n’est pas le guérir. Afin de mettre sur la voie du remède, il aurait fallu dire comment, après dix-huit siècles de surnaturalisme chrétien, l’Europe actuelle se trouve peuplée de naturalistes de toute nuance, dont la race, florissante dans l’antiquité païenne, avait disparu depuis la prédication de l’Evangile (3). Quoi qu’il en soit, les négations individuelles s’évanouissent devant les affirmations générales. Or, le genre humain a toujours affirmé l’existence d’un monde surnaturel.

     L’existence d’une religion chez tous les peuples est un fait. Ce fait est inséparable de la croyance à un monde surnaturel.

« C’est, continue M. Guizot, sur une foi naturelle au surnaturel, sur un instinct inné du surnaturel que toute religion se fonde. Dans tous les lieux, dans tous les climats, à toutes les époques de l’histoire, à tous les degrés de la civilisation, l’homme porte en lui ce sentiment, j’aimerais mieux dire ce pressentiment, que le monde qu’il voit, l’ordre au sein duquel il vit, les faits qui se succèdent régulièrement et constamment autour de lui, ne sont pas tout. En vain il fait chaque jour dans ce vaste ensemble des découvertes et des conquêtes ; en vain il observe et constate savamment les lois permanentes qui y président : sa pensée ne se renferme point dans cet univers livré à la science. Ce spectacle ne suffit point à son âme ; elle s’élance ailleurs ; elle cherche, elle entrevoit autre chose ; elles aspire pour l’univers et pour elle-même à d’autres destinées, à un autre maître : Par delà tous les cieux, le Dieu des cieux réside, a dit Voltaire ; et le Dieu qui est par delà les cieux, ce n’est pas la nature personnifiée, c’est le surnaturel en personne. C’est à lui que les religions s’adressent ; c’est pour mettre l’homme en rapport avec lui qu’elles se fondent. Sans la foi instinctive de l’homme au surnaturel, sans son élan spontané et invincible vers le surnaturel, la religion ne serait pas. » (4)

     Le genre humain ne croit pas seulement à l’existence isolée d’un monde surnaturel, il croit encore à l’action libre et permanente, immédiate et réelle de ses habitants sur le monde inférieur. De cette foi constante nous trouvons la preuve dans un fait non moins éclatant que la religion elle-même, c’est la prière :

     « Seul entre tous les êtres ici-bas, l’homme prie. Parmi les instincts moraux, il n’y en a point de plus naturel, de plus universel, de plus invincible que la prière. L’enfant s’y porte avec une docilité empressée. Le vieillard s’y replie comme dans un refuge contre la décadence et l’isolement. La prière monte d’elle-même sur les jeunes lèvres qui balbutient à peine le nom de Dieu, et sur les lèvres mourantes qui n’ont plus la force de le prononcer. Chez tous les peuples, célèbres ou obscurs, civilisés ou barbares, on rencontre à chaque pas des actes et des formules d’invocation. Partout où vivent des hommes, dans certaines circonstances, à certaines heures, sous l’empire de certaines impressions de l’âme, les yeux s’élèvent, les mains se joignent, les genoux fléchissent, pour implorer ou pour rendre grâces, pour adorer ou pour apaiser. Avec transport ou avec tremblement, publiquement ou dans le secret de son cœur, c’est à la prière que l’homme s’adresse en dernier recours, pour combler les vides de son âme ou porter les fardeaux de sa destinée. C’est dans la prière qu’il cherche, quand tout lui manque, de l’appui pour sa faiblesse, de la consolation dans ses douleurs, de l’espérance pour la vertu. » (5)

  

(A suivre…« L’Esprit du bien et l’Esprit du mal – 3 »…si Dieu veut) 

 

- Les gras dans le texte et la note 1 sont de moi. Les autres de Mgr Gaume.

(1) François Pierre Guillaume Guizot (1787-1874), fut un historien et homme politique français, membre de l’académie française. D’origine protestante (Huguenot)

(2) Dans son ouvrage « L’Eglise et la société chrétienne » rédigé en 1861, chapitre IV, p.19 et 20 – Dans sa prétendue Vie de Jésus, Renan vient de donner tristement raison à M. Guizot. Renan n’est qu’un écho.

(3) Dans l’ouvrage de Mgr Gaume, le Rationalisme.

(4) L’Eglise et la société chrétienne, en 1861 chapitre IV, page 21.

(5) L’Eglise et la société chrétienne, en 1861, chapitre IV, page 22.

 

René Pellegrini

 

Mis sur un autre blogue le 13 janvier 2013

 

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