FAUT-IL OBSERVER LE SABBAT ? – 11
Réfutation doctrinale
Après avoir considéré l’immutabilité de Dieu dans
sa nature, il reste à la considérer dans sa moralité.
IMMUTABILITE DE DIEU DANS SA MORALITE
Considéré dans sa moralité Dieu est immuable pour deux raisons :
* Il ne peut changer dans ses décrets car un tel changement supposerait :
. Une déficience intellectuelle puisqu’il se révèlerait incapable de
tout prévoir dès le début ou,
. Une imperfection dans la volonté qui, sans raison suffisante, se
proposerait tantôt un but, tantôt un autre. Or ni le défaut d’intelligence, ni
l’imperfection de volonté ne conviennent à l’Être infini.
* Il ne peut acquérir de nouvelles
relations, au moins réelles. En effet, la
relation réelle ajoute à l’être une nouvelle entité. Or, on ne peut ajouter à
l’Acte pur (Dieu) aucune entité réelle, mais seulement aux créatures qui
reçoivent de Dieu l’existence.
C’est pourquoi, et sans qu’il y ait en Lui aucun
changement ou relations rajoutées, Dieu entretient avec sa création des
relations de Créateur, de Maître, de Providence, etc., de la même manière
qu’une statue immobile se trouve tantôt à gauche, tantôt à droite de
l’observateur qui seul change de position.
De ce qui précède, il est donc parfaitement exact
de conclure que « Dieu ne change pas » et, de plus, c’est ce
qu’enseigne la Bible en deux endroits :
MALACHIE III, 6 :
« Car je suis le Seigneur, et je ne
change pas ; et vous enfants de Jacob, vous n’avez pas été consumés. »
Ce verset biblique souligne l’immutabilité de Dieu
dans ses promesses. En effet, il aurait pu anéantir son peuple rebelle mais,
fidèles aux promesses faites autrefois aux fils de Jacob, il châtiera les Juifs
prévaricateurs sans les exterminer.
Toutefois, il ne faut pas confondre l’immutabilité
ou l’absence de changement avec l’inactivité et l’infécondité car l’Acte pur –
qui est Dieu – est l’activité suprême et, sans le moindre changement, son
opération est indéfectible.
SAINT JACQUES I, 17 :
« Toute grâce excellente et tout don parfait
vient d’en haut, et descend du Père des lumières, chez qui
il n’y a pas de variation, ni d’ombre, ni de changement. »
Dans la Somme Théologique III, question 61,
article 4, saint Thomas, commentant ce verset et constatant la différence
existant entre les sacrements de la Loi ancienne et ceux de la Loi nouvelle,
non moins que leur nécessité, se pose la question suivante :
« Mais la volonté divine n’a-t-elle
pas changé si elle offre maintenant, sous le climat de la grâce, des sacrements
différents de ceux qu’elle proposait avant le Christ pour la sanctification des
hommes ? »
Et il répond :
« On n’accuse pas un maître de maison
d’être capricieux parce qu’il donne à ses gens des ordres différents suivant
les saisons. De même après la venue du Christ, Dieu institue des sacrements
différents de ceux qui existaient sous la Loi, cela ne met en Lui aucun
changement, car les uns convenaient à une grâce qu’il s’agissait de préfigurer,
les autres conviennent à une grâce qu’il faut montrer comme présente. »
Les changements opérés par Dieu dans le cours du
temps sont donc affaire ‘’de saisons’’ où, si l’on préfère :
* De circonstances modifiées, par exemple :
. L’abandon des châtiments projetés contre les Ninivites, après leur
pénitence collective suite à la prédication de Jonas :
« La parole du Seigneur fut adressée une
seconde fois à Jonas, en ces termes : Lève-toi, et vas à Ninive, la grande
ville, et prêches-y la prédication que je t’ordonne (…) et Jonas commença à entrer dans la ville
pendant un jour de marche ; et il cria, en disant : Encore quarante
jours, et Ninive sera détruite. Les Ninivites crurent à Dieu ;
ils publièrent un jeûne et se couvrirent de sacs, depuis le plus grand jusqu’au
plus petit. La chose parvint au roi de Ninive ; et il se leva de son
trône, ôta son vêtement, se couvrit d’un sac et s’assit sur la cendre. Il fit
crier et publier dans Ninive cet ordre (…) que chacun revienne de sa voie mauvaise et de l’iniquité qui est dans ses
mains (…) Dieu vit leurs œuvres, il vit qu’ils étaient
revenus de leur voie mauvaise et il se repentit du mal qu’il avait
résolu de leur faire, et il ne le fit pas. »
(Jonas III, 1-10)
. celle de la circoncision de la chair et des sacrifices d’animaux de
la Loi de Moïse à une autre, celle de l’économie de la foi ou la grâce en Jésus-Christ
(le plus grand que Moïse) avec la circoncision du cœur et les sacrifices
d’action de grâces.
Que ces modifications n’aient opéré aucun
changement, ni ne manifeste aucune inconstance morale en Dieu, c’est ce que
révèle et confirme le Saint-Esprit.
« Ainsi la loi a été notre
précepteur dans le Christ, pour que nous fussions justifiés par la
foi. Mais, la foi étant venue, nous ne sommes plus soumis
au précepteur. » (Galates III, 24-25)
« Mais maintenant, dans le Christ
Jésus, vous qui étiez autrefois éloignés, vous avez été rapprochés par le
sang du Christ (…) Il a
renversé le mur de séparation, l’inimitié dans sa chair ; il a aboli
la loi des ordonnances avec ses prescriptions (…) »
(Ephésiens II, 13-15)
Le commandement du Sabbat, donné sous l’économie
de la Loi ancienne, établi pour les motifs inventoriés dans les articles 4 à 9,
était lié principalement au souvenir de la création du monde. Il
était, sous le rapport du septième jour, une loi
cérémonielle, et, sous cet aspect, non immuable. Il pouvait
donc être aboli et il fut logiquement remplacé par l’événement majeur survenu
dans l’histoire humaine que fut la résurrection de Jésus-Christ qui, eut lieu
un dimanche et ouvrit sur une nouvelle économie : la nouvelle
création en Jésus-Christ sans que l’aspect moral et immuable de
ce précepte s’en trouve annulé, à savoir : le culte obligatoire qui
doit être rendu à Dieu qui, Lui, demeure éternellement.
FIN DE L’ARTICLE SUR LE SABBAT
René Pellegrini
- « En effet, la fin de la loi, c’est le Christ, pour la justification
de tous ceux qui croient. » (Romains X,4 dans la Vulgate de Saint Jérôme)