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vendredi 2 septembre 2022

J'étais Témoin de Jéhovah - 1 : Les prémisses et la ferveur


 

J'ETAIS TEMOIN DE JEHOVAH - 1 

 

LES PREMISSES ET LA FERVEUR 

     Ce qui va suivre ne prétend pas être exhaustif mais l’exposition très ramassée des conditions de mon entrée, de la manifestation de mon zèle ministériel et de ma démission de l’Organisation des Témoins de Jéhovah. (TDJ)

     Sans culture religieuse, ni biblique, juste une préparation rapide avant de faire ma communion solennelle, j’étais une proie facile pour les TDJ. Malgré ce manque de formation, je n’avais pas d’hostilité envers Dieu, j’y pensais assez souvent. Je souhaitais avoir une Bible, mais lorsque j’en parlais on me répondait parfois que certains étaient devenus fous en la lisant. Cela me surprenait car je me disais : « si elle est le livre de Dieu comment peut-elle rendre fou ? » J’étais très dubitatif sur ce genre de réponse, mais sans chercher plus loin, je laissais faire les choses, me disant qu’un jour j’en aurai une car j’avais toujours ce désir de la lire, et alors je verrai par moi-même.

     C’est sur mon lieu de travail que je fis la connaissance d’un monsieur âgé qui n’était pas TDJ lui-même, mais il assistait parfois à quelques unes de leurs réunions tout en étant lecteur d’une de leurs publications « Réveillez-Vous ! » Sachant qu’il fréquentait les Témoins de #Jéhovah, je le taquinai à propos du déluge, sans toutefois lui manquer de respect car il était beaucoup plus âgé que moi. N’ayant aucune culture biblique je lui fis cette remarque « Comment pouvez-vous croire que tous les animaux aient pu rentrer dans l’arche ? » IL me répondit qu’il y avait bien eu un déluge et qu’il m’apporterait une publication sur ce sujet. Ce qui fut fait avec un Réveillez-Vous !

     En lisant la description du déluge dans cette publication cela devenait plausible car, où moi je voyais « tous les animaux », il ne s’agissait, en fait, que de couples d’animaux, ou une sélection très réduite, propre à sauver l’espèce, de même que d’autres explications concernant la nourriture à bord de l’arche, etc. J’étais très intéressé par cette lecture, et, ce que j’attendais depuis si longtemps se trouvait tout à la fin : la demande d’une étude biblique gratuite à domicile. J’écrivis immédiatement et quelques semaines plus tard on frappa à ma porte, j’ouvris et vis un monsieur d’une quarantaine d’années avec une jeune fille (sa fille) me demandant si j’étais bien M. Pellegrini car une demande d’étude biblique, à mon nom, lui avait été remise. Je les fis entrer car j’avais beaucoup de questions à leur poser. Il manipulait très bien la Bible et répondait à mes questions en s’appuyant assez souvent sur elle. J’étais très impressionné. Après plus d’une heure de discussions il me demanda si j’étais d’accord, ainsi que mon épouse, pour entreprendre cette étude biblique. C’était demander à un aveugle s’il voulait la vue. J’avais 25 ans, ma femme 22 ans. Nous étions en 1969, mariés depuis 18 mois environ, et avions un bébé de quelques mois. 

     Rendez-vous fut pris pour un jour régulier d’étude. Elle se fit sur un livre à couverture bleue de 190 pages et 22 chapitres « La vérité qui conduit à la vie éternelle ». Nous allions de découvertes en découvertes. Pas d’enfer, pas d’âme immortelle, #Jésus-Christ n’était pas Dieu, mais son Fils et inférieur à Lui, la bataille d’Harmaguédon, etc. etc. Nous avions l’impression d’être dans un autre monde. Nous avions enfin la vérité, toutes les réponses à nos questions appuyées sur la Parole de Dieu. Nous n’arrêtions pas d’en parler à notre entourage : Nous voulions les sauver de l’anéantissement d’Harmaguédon, nous ne voulions que leur bonheur éternel, nous voulions qu’ils soient heureux avec nous dans un Nouvel Eden, ce monde nouveau ou nouveau système de choses où il n’y aurait plus de larmes, ni de douleurs. Ils semblaient ne pas comprendre que nous ne voulions que leur bien. Certains se moquaient. Les relations familiales s’en ressentirent fortement.

     J’avais faim et soif de vérité, mes progrès furent très rapides et six mois plus tard, dans une Assemblée de circonscription qui réunissait deux à trois milles personnes, je me faisais baptiser par immersion pour être « un Témoin de Jéhovah » Ma femme, à l’Assemblée suivante. Nous étions voués à Jéhovah pour faire sa volonté en prêchant la « Bonne nouvelle du Royaume de Dieu » de porte en porte. 

     Dans le ministère de porte en porte il arrivait, de temps en temps, que des personnes me fassent remarquer que les TDJ avaient fait de fausses prophéties, je ne voulais pas y croire car comment les dirigeants de l’Organisation (ceux qui étaient oints = les élus pour le ciel) pouvaient-ils se tromper ? Ne s’étaient-ils pas présentés comme les prophètes pour notre temps ? Ce n’était pas possible d’autant plus que lorsque j’en parlais aux plus anciens de ma Congrégation, ils me répondaient que ce n’était que pure calomnie, parce qu’il y avait de la haine pour les TDJ. De plus, aucun de ces détracteurs n’avaient pu me fournir une preuve écrite pour valider leurs dires. Cependant, j’aurai bien aimé, pour fermer le bec à ces détracteurs, avoir en ma possession des ouvrages anciens des TDJ pour voir ce qu’ils disaient en ces temps-là. Malheureusement, la bibliothèque de notre salle du Royaume (lieu de réunion des TDJ) ne contenait pas de tels ouvrages. 

     Notre vie tournait autour des cinq réunions hebdomadaires. Ma femme a eu beaucoup de mérites à assumer toutes ses obligations familiales, de réunions et de prédication avec, au final, 5 petits enfants en 1975. Tout cela rendu possible par sa débrouillardise et sa très bonne organisation des tâches. Ces quelques mots pour lui rendre hommage. 

     Mes progrès étant rapides et mon zèle pour Jéhovah bien visible, j’obtins très vite des responsabilités dans ma Congrégation, passant par tous les postes ministériels : serviteur aux publications ; serviteur aux territoires (mise à jour et distribution des zones de prédication) ; serviteur à l’école du ministère théocratique (formation des prédicateurs), serviteur au bulletin intérieur (à usage interne) devenu ensuite la Tour de Garde; conducteur, en semaine, d’une étude sur un ouvrage des TDJ, avec un petit groupe, chez un frère; conducteur de la Tour de Garde; orateur (par roulements entre anciens) dans la réunion publique du dimanche. 

     Une fois, je pris mes congés payés pour m’engager dans le service de pionnier ordinaire en Vendée (à Pouzauges) avec un autre jeune couple. Ce service consistait à assurer 75 heures de prédication dans le mois. En plus du porte-à-porte nous organisâmes une réunion publique. J’étais tout à Jéhovah (plutôt tout à une organisation se servant de Jéhovah). Cela dura 7 ans (1969-1976). Vers le milieu de l’année 1975 tout bascula, année ou j’exerçai la charge de Président de notre Congrégation qui comptait environ 80 témoins.

(A Suivre…« J'étais Témoin de Jéhovah : Tout s’effondre »…si Dieu veut)

René Pellegrini

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