Ouverture du Concile de Nicée (325) par l’Empereur Constantin Ier
LE MAGISTERE ORDINAIRE DU PAPE EST-IL INFAILLIBLE ? – 2
Remarquons bien que « la règle de
foi » n’est pas seulement une affaire de dogme pour clore des controverses
théologiques, car elle est de tous les jours. En effet, c’est tous les
jours qu’elle se trouve confronté à des décisions à prendre face à des
problèmes moraux, politiques et sociaux ou à de nouvelles idéologies. Comme il
est impossible de réunir un Concile tous les jours, il faut donc que les
Catholiques puissent s’appuyer sur des enseignements sûrs afin de ne pas se
fourvoyer, le Magistère ordinaire Pontifical y pourvoie, par Encycliques
généralement. La promesse d’assistance par l’Esprit-Saint n’étant pas limitée à
des temps ou des époques particulier(e)s car bénéficiant de l’assistance
continu de Jésus mis en évidence par le temps présent « Je suis…tous les
jours » (…) Allez donc, enseignez toutes les
nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et leur
enseignant à observer tout ce que je vous ai commandé. Et voici que je suis
avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles ». (St
Matthieu XXVIII,19,20) »
Si les mots ont toujours un sens après
deux siècles d’enseignements révolutionnaires « Tous
les jours » est assez clair, sauf à croire que celui qui a dit
« Je suis la voie, la VERITE et la vie »
(St Jean XIV,6) plaisante ou leur donne une fausse espérance. Déjà à ce stade, une
certitude peut se faire jour, mais continuant d’avancer en l’étayant par
d’autres réflexions avant d’apporter, après celles de Jésus, des preuves
autorisées de l’infaillibilité du Magistère Pontifical Ordinaire.
LES
VERITES A CROIRE PAR LE MAGISTERE ORDINAIRE
Le plus souvent les vérités à croire sont
proposées par le Magistère ordinaire et, comme le dit Dom Paul Nau :
« Celui-ci
ne consiste plus en une proposition isolée prononçant
irrévocablement sur la foi et la garantissant à elle seule, mais dans
l’ensemble des actes qui peuvent concourir à donner un enseignement. »
Nous parlons bien de vérités à croire
et non d’opinions des Papes surgissant tout à coup, de manière isolée, sans
lien avec des actes précédents. En effet, la grande majorité des vérités à
croire nous viennent par le Magistère pontifical ordinaire. Elles n’énoncent
pas simplement une proposition, un jugement, une condamnation isolés,
mais elles s’inscrivent dans un « ensemble d’actes qui peuvent
concourir à donner un enseignement. » Ainsi, un acte du Magistère
ordinaire n’est pas un enseignement isolé, sans lieu avec le dépôt de la foi.
C’est pour cette raison qu’il devient une VERITE A CROIRE.
Et Dom Paul Nau ajoute : « C’est
le procédé normal de la tradition au sens fort du terme, ce fut le seul que
connurent pratiquent les premiers siècles et c’est encore celui qui atteint le
plus généralement l’ensemble des chrétiens. »
Ainsi, l’Eglise pendant plus de dix-huit siècles, jusqu’au Concile Vatican I (1870), n’a connu que le Magistère
ordinaire pour lui enseigner les dogmes de la foi et les vérités à croire permettant
de donner un enseignement doctrinal avec certitude.
« Magistère ordinaire, comme
jugement solennel, exigent également la foi pour la doctrine qu’ils proposent.
C’est donc qu’ils la peuvent assurer contre toute erreur. Faute de cette
certitude, en effet, nul ne pourrait être tenu d’y accorder sa foi, c’est-à-dire
d’y adhérer sur l’autorité de la Vérité première. »
Pénétrant plus avant dans la compréhension
« C’est
autre chose de limiter les cas où l’on peut vérifier les conditions d’un
jugement solennel et de limiter au seul jugement solennel les modes
authentiques de présentation de la foi par le Souverain Pontife. »
« De
même, c’est autre chose d’imposer comme objet de foi ce qui est enseigné
comme révélé par le magistère ordinaire et universel et de limiter à cela
seul l’obligation de croire. Ces limites, ni l’une ni l’autre des
Constitutions de Vatican I ne les ont posées. On ne saurait donc s’autoriser
de l’enseignement de Vatican I pour exclure le magistère pontifical
ordinaire des modes authentiques de présentation des règles de foi ». Le
magistère ordinaire et universel c’est-à-dire l’enseignement des évêques en
union avec le Pape.
Alors, que l’Eglise s’en remettait
uniquement à l’enseignement pontifical ordinaire avec une « tranquille
assurance » pourquoi avoir attendu tous ces siècles et le besoin d’
imposer le dogme de l’infaillibilité solennel du Pape ?
Le Concile Vatican I « a défini avec
netteté l’infaillibilité du Pape dans les jugements solennels, qui
étaient alors l’objet d’ardentes controverses. »
Ce sont donc les « ardentes
controverses sur la foi à accorder aux enseignements solennels du
Pape qui détermina cette décision. » Donc, « Il n’avait pas à
rappeler, et n’a pas rappelé, du moins par un texte officiel, la tradition
reconnaissant le caractère de règle de foi à l’enseignement ordinaire du Saint
Siège, tradition qui jouissait alors « d’une tranquille possession. »
Après avoir posé le problème, les constats
qu’ils entraînent et les vérités à croire, dans un prochain article nous
verrons les textes qui prouvent l’infaillibilité du Magistère Pontifical
Ordinaire et l’erreur de la thèse de l’infaillibilité minimaliste.
(A
suivre…si Dieu veut)
René
Pellegrini