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jeudi 15 décembre 2022

La conjuration antichrétienne - 6 : Les deux civilisations - 6


 Alexis de Tocqueville (1805-1859)

LA CONJURATION ANTICHRETIENNE – 6

 

CHAPITRE I

 

LES DEUX CIVILISATIONS – 6

     De sorte que, comme l’a observé Montesquieu : « La religion chrétienne, qui semble n’avoir d’autre objet que la félicité de l’autre vie, fait encore notre bonheur en celle-ci (1). »

     M. de Tocqueville a donné de ce fait une raison qui n’est point la seule ni même la principale, mais qu’il est bon de signaler :

« Dans les siècles de foi, on place le but final de la vie après la vie. Les hommes de ces temps-là s’accoutument donc naturellement, et, pour ainsi dire sans le vouloir, à considérer pendant une longue suite d’années un objet immobile vers lequel ils marchent sans cesse, et ils apprennent, par des progrès insensibles, à réprimer mille petits désirs passagers pour mieux arriver à satisfaire ce grand et permanent désir qui les tourmente. Lorsque ces mêmes hommes veulent s’occuper des choses de la terre, ces habitudes se retrouvent. Ils fixent volontiers à leurs actions d’ici-bas un but général et certain, vers lequel tous leurs efforts se dirigent. On ne les voit point se livrer chaque jour à des tentatives nouvelles ; mais ils ont des desseins arrêtés qu’ils ne se lassent point de poursuivre.

Ceci explique pourquoi les peuples religieux ont souvent accompli des choses si durables. Il se trouvait qu’en s’occupant de l’autre monde, ils avaient rencontré le grand secret de réussir dans celui-ci. Les religions donnent l’habitude générale de se comporter en vue de l’avenir. En ceci elles ne sont pas moins utiles au bonheur de cette vie qu’à la félicité de l’autre. C’est un de leurs plus grands côtés politiques. Mais à mesure que les lumières de la foi s’obscurcissent, la vue des hommes se resserre, et l’on dirait que chaque jour l’objet des actions humaines leur paraît plus proche.

Quand ils se sont une fois accoutumés à ne plus s’occuper de ce qui doit arriver après leur vie, on les voit retomber aisément dans cette indifférence complète et brutale de l’avenir qui n’est que trop conforme à certains instincts de l’espèce humaine. Aussitôt qu’ils ont perdu l’usage de placer leurs principales espérances à long terme, ils sont naturellement portés à réaliser sans retard leurs moindre désirs, et il semble que du moment où ils désespèrent de vivre une éternité, ils sont disposés à agir comme s’ils ne devaient exister qu’un seul jour.

Dans les siècles d’incrédulité, il est donc toujours à craindre que les hommes ne se livrent sans cesse au hasard journalier de leurs désirs, et que, renonçant entièrement à obtenir ce qui ne peut s’acquérir sans de longs efforts, ils ne fondent rien de grand, de paisible et de durable. »

(A suivre…si Dieu veut)

(1) Esprit des lois, Livre XXVI, chapitre III.


René Pellegrini

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dimanche 4 décembre 2022

Introduction à l'histoire des Patriarches - 6 : Histoire des Patriarches - 5


 Isaac figure de Jésus-Christ

INTRODUCTION A L’HISTOIRE DES PATRIARCHES – 6

HISTOIRE DES PATRIARCHES – 5

 

     Cependant, si grands que soient les patriarches, si efficaces que soient les exemples qu’ils nous ont laissés et que le Saint-Esprit a choisis lui-même pour éclairer nos consciences et stimuler nos volontés, le but dernier de l’Ecriture n’est pas de nous parler d’eux. La Bible ne nous raconte pas leurs faits mémorables et ceux des Juges ou des Rois d’Israël, à la manière de l’Iliade, l’Enéide, ou la chanson de Roland rapportent les « gestes » de leurs héros. Ce n’est pas leur grandeur morale, ce ne sont pas leurs vertus, qu’elle veut en dernier ressort nous faire connaître et proposer à notre admiration. Elle est ordonnée tout entière, depuis les premiers mots de la Genèse jusqu’au dernier verset de l’Apocalypse, à l’histoire d’un seul homme, à celle de Jésus-Christ. C’est de moi, dira t-il lui-même, qu’ont parlé Moïse et les prophètes (19) ».

« Et il leur dit : C’est ce que je vous disais lorsque j’étais encore avec vous, qu’il fallait  que s’accomplit tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. »

     Sous la trame des événements dont elle est tissée, court le fleuve d’eau vive que saint Jean vit jaillir du trône de Dieu et de l’Agneau (20).

« Et il me montra un fleuve d’eau vive, limpide comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l’agneau. »

     Ce fleuve, c’est le sens mystique ou spirituel, qui fait de l’Ecriture un livre tout à fait à part. En vertu de dispositions que seule la Sagesse divine, aidée de la Toute-Puissance, pouvait combiner, les personnages et les événements qu’elle présente ont une signification prophétique. Ils dessinent, non seulement dans ses grandes lignes, mais même dans ses détails, le mystère de la Rédemption, tel que Jésus-Christ devait un jour le réaliser. Ils ont comme jalonné à l’avance, par des signes que seuls des yeux exercés pourront reconnaître, le chemin que, bien des siècles plus tard, le Sauveur devait suivre, quand il descendrait sur la terre. Personne n’ignore, par exemple, qu’Isaac portant le bois du bûcher sur lequel il va être attaché, est la figure du Christ portant sa croix. Par ce geste, le fils d’Abraham représentait prophétiquement – sans le savoir, notons-le bien, mais sous l’action invisible du Saint-Esprit – un trait de la Passion. Cette relation secrète qui existe entre les faits historiques rapportées dans les Livres saints, et les mystères de la religion chrétiennes ; ce réseau d’allusions continuelles, quoique voilées, à la vie et à la mort du Christ, à la personne de sa très sainte Mère, qui lui est inséparablement unie dans l’œuvre de la Rédemption ; à l’Eglise qu’il a fondée et qui le continue ; à son action secrète dans les âmes, au Royaume qu’il nous a acquis par son sang : c’est là ce qui constitue proprement le sens mystique de l’Ecriture. Ce sens ne peut se découvrir par les seuls moyens de la raison humaine. Il faut, pour le déchiffrer, faire appel à une lumière plus haute, celle de la Tradition, et se mettre à l’école des hommes qui ont reçu de Dieu la mission spéciale de l’enseigner : les Pères de l’Eglise. Ce n’est pas sans appréhension que nous avons essayé d’en exposer quelques éléments, dans cet ouvrage : il est tombé aujourd’hui dans un tel discrédit, auprès des maîtres de la science biblique officielle, qu’il semble que sa carrière soit finie et sa valeur à jamais périmée. Et cependant, nous pensons, quant à nous, que sans la Bible sans lui est un corps sans âme, qu’un des plus grands malheurs de notre siècle est de l’ignorer et qu’il convient de lui appliquer au premier chef ce que disait S.S. le Pape Pie XII, dans l’Encyclique Divina Afflante : « Il faut gémir (dolendum est) de ce que ces précieux trésors de l’antiquité chrétienne soient si peu connus de maints écrivains de notre temps (21)… » Oui, en vérité, il faut en gémir…

     Nous avons donc repris dans ce livre la méthode qui fut celle des Pères et des grands commentateurs du Moyen-Age, l’explication alternée du sens littéral et du sens spirituel de l’Ecriture. On trouvera dans chaque chapitre, d’abord, l’exposé historique du récit de la Genèse ; puis, un commentaire moral et mystique emprunté, quelquefois dans sa forme et toujours dans son fond, aux grands maîtres de la Science spirituelle. Ces commentaires ont été imprimés en caractères plus petits, afin de ne pas risquer d’être confondus avec le récit biblique lui-même. Nous sommes assurés, cependant, que quiconque voudra les aborder avec un esprit de foi, avec cette âme d’enfant à laquelle le Christ a promis la révélation de ses secrets, en goûtera la saveur et qu’il comprendra mieux, en les lisant, quel trésor, quelle mine inépuisable de lumière, la Sagesse divine a donné aux hommes en écrivant, pour eux, les Livres saints.

 (A suivre...si Dieu veut)

Dom Jean de Monléon (O.S.B)

FIN DE L’INTRODUCTION 

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René Pellegrini

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