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vendredi 4 novembre 2022

Excellence de la philosophie chrétienne - 4 : Origine du mot philosophie -et les formes de connaissance

 

EXCELLENCE DE LA PHILOSOPHIE CHRETIENNE - 4

 

ORIGINE DU MOT PHILOSOPHIE ET LES FORMES DE CONNAISSANCE

     Quelques notions préliminaires pour faciliter l’approche de la philosophie en générale et chrétienne en particulier.

ORIGINE DU MOT PHILOSOPHIE

     Le mot de philosophie remonterait à Pythagore (VIe siècle avant Jésus-Christ). On rapporte qu’interrogé sur l’art ou la science qu’il professait, il répondit modestement, par manière de protestation contre le titre orgueilleux de Sages (Sophoi en grec) que se donnaient ses devanciers et, considérant que la sagesse ne pouvait convenir en propre qu’à Dieu, qu’il n’était ni artiste, ni savant mais simplement philosophe (philosophos) c’est-à-dire ami (philos) de la sagesse (sophia).

     Ce mot, laisse donc entrevoir son origine psychologique, il emprunte son nom à la sagesse (1)

     Une question se pose à son sujet : « La philosophie est-elle une science ? Pour y répondre convenablement il sera nécessaire d’examiner les différentes formes de savoir, de connaissance ou science.

I - LA CONNAISSANCE VULGAIRE OU VERITES DU SENS COMMUN

     Bien que n’étant pas à dédaigner, la connaissance vulgaire ne constitue que le premier échelon de la science, c’est-à-dire l’intelligence dans son activité spontanée, avant toute forme de réflexion scientifique. En effet, le sens commun acquiert naturellement maintes certitudes légitimes puisque fondées sur une évidence immédiate qui fait connaître seulement, soit :


* Des faits concrets ou sensibles, par exemple :

    - L’existence des choses extérieures : un rocher, une maison, un arbre, etc.

    - L’existence du sujet pensant : moi-même.


* Des faits généraux dont les éléments et les causes ne sont connus que d’une façon confuse, par exemple :

 

   - La nocivité de telle espèce de champignons,

    - L’effet spécial d’un remède, etc.

 

* Des propositions générales immédiatement évidentes à l’intelligence, telles que :


 

 a)    Les principes premiers ou axiomes, ou leurs applications directes, par exemple :

- ce qui est, est.

         - le tout est plus grand que la partie.

         - ce qui n’existe pas par soi tient l’existence d’un autre.

 

     b) Les opérations élémentaires d’arithmétique.


         . 2 + 2 = 4 ; 2 X 3 = 6.


II – LA CONNAISSANCE SCIENTIFIQUE

 

     Elle vise à substituer à la connaissance vulgaire, un savoir accompagné d’une certitude raisonnée qui permet d’expliquer les choses et les faits, parce qu’ils résultent de l’étude méthodique des causes universelles et nécessaires dont ils sont l’œuvre complexe ainsi que des lois de leur jeu.

     Telle est la science en générale. L’usage aujourd’hui tend, malheureusement, à restreindre l’application du nom de « science » aux sciences de la nature, plus précisément celles qui portent sur une catégorie d’êtres, ou de faits, étudiés dans leurs causes prochaines propres dont on cherche à préciser le mode d’activité, et qui aboutissent à formuler des lois nécessaires et absolues fondées sur le déterminisme des phénomènes de la nature. Telles sont les sciences particulières : la physique, la biologie, la chimie, la mécanique céleste, etc., avec toutes leurs branches spéciales qui s’occupent surtout du comment des choses et des faits.

     La vraie science consiste donc à savoir par les causes. Elle est donc une connaissance certaine, générale et stable, c’est-à-dire une connaissance valant pour tous les cas, et applicable en tout temps et en tout lieu, par exemple : le théorème de Pythagore.

     Plus on s’avance, à propos d’un être quelconque, dans l’étude de chacune de ces sortes de causes, jusqu’à la connaissance de ce qu’il y a, en elles, de plus général, plus on connaît intimement et parfaitement cet être, plus on en a une science profonde.

     Comprenant en quoi consiste le savoir scientifique, il nous sera aisé de répondre, lors d’un prochain article, à la question que nous nous posions ci-dessus, à savoir : la philosophie est-elle une science ?

(A suivre…« La science ou connaissance philosophique »…si Dieu veut)

 

René Pellegrini

 

(1) Lorsqu’on parle de sagesse, il faut distinguer entre :

La sagesse, vertu intellectuelle spéculative, qui est normalement la reine des vertus intellectuelles puisqu’elle procède du jugement de la raison et, a pour objet, la recherche des causes les plus élevées des choses ou encore considère la cause la plus haute qui est Dieu.

Le don de sagesse qu’il serait préférable d’appeler, selon Saint Thomas d’Aquin, « esprit de sagesse » car, nous dit-il :

« Or dans l’Ecriture les dons nous sont révélés non pas précisément sous ce nom-là, mais plutôt sous celui d’esprit. C’est ainsi qu’il est dit en Isaïe XI, 2-3 : sur lui reposera l’esprit de sagesse et d’intelligence (…) »

     Le don de sagesse est infusé par Dieu et, grâce à lui, l’homme est rendu promptement mobile à l’inspiration divine. Ce dont est pour la sanctification intime et pour le salut de chaque âme, faisant partie de l’état de grâce, et existant dans toute âme se trouvant dans cet état.

Le charisme de sagesse appelé aussi grâce gratuite « gratiae gratis datae ». A la différence du don de sagesse, il n’est pas nécessaire pour le salut. Il peut être transitoire chez celui qui en est porteur. Il n’est donné que pour la manifestation du divin dans le monde, pour le bien et l’édification de la Sainte Eglise de Dieu.

mardi 26 juillet 2022

Traité du Saint-Esprit - 14 : L'Esprit du bien et l'Esprit du mal - 2

CHAPITRE 1

TRAITE DU SAINT-ESPRIT - 14

L’ESPRIT DU BIEN ET L’ESPRIT DU MAL – 2

     En attendant, l’existence de deux Esprits opposés suppose l’existence d’un monde supérieur au nôtre. Par là, nous entendons un monde composé d’êtres plus parfaits et plus puissants que nous, dégagés de la matière et purement spirituels : Dieu, les anges bons et mauvais, en nombre incalculable ; monde des causes et des lois, sans lequel le nôtre n’existerait pas ou marcherait au hasard, comme le navire sans boussole et sans pilote ; monde pour lequel l’homme est fait et vers lequel il aspire ; monde qui nous en enveloppe de toutes parts, et avec lequel nous sommes incessamment en rapports ; à qui nous parlons, qui nous voit, qui nous entend, qui agit sur nous et sur les créatures matérielles, réellement, efficacement, comme l’âme agit sur le corps.

     Loin d’être une chimère, l’existence de ce monde supérieur est la première des réalités. La religion, l’histoire, la raison, se réunissent pour en faire l’article fondamental de la foi du genre humain. Aujourd’hui plus que jamais, il est nécessaire de le démontrer : car la négation du surnaturel est la grande hérésie de notre temps. Naguère M. Guizot (2) lui-même en faisait la remarque. Il écrivait :

     « Toutes les attaques dont le christianisme est aujourd’hui l’objet, quelque diverses qu’elles soient dans leur nature ou dans leur mesure, partent d’un même point et tendent à un même but, la négation du surnaturel dans les destinées de l’homme et du monde, l’abolition de l’élément surnaturel dans la religion chrétienne, dans son histoire comme dans ses dogmes. Matérialistes, panthéistes, rationalistes, sceptiques, critiques, érudits, les uns hautement, les autres très discrètement, tous pensent et parlent sous l’empire de cette idée, que le monde et l’homme, la nature morale comme la nature physique, sont uniquement gouvernés par des lois générales, permanentes et nécessaires, dont aucune volonté spéciale n’est jamais venue et ne vient jamais suspendre ou modifier le cours. » (3)

     Rien n’est plus exact. Nous ajouterons seulement qu’indiquer le mal n’est pas le guérir. Afin de mettre sur la voie du remède, il aurait fallu dire comment, après dix-huit siècles de surnaturalisme chrétien, l’Europe actuelle se trouve peuplée de naturalistes de toute nuance, dont la race, florissante dans l’antiquité païenne, avait disparu depuis la prédication de l’Evangile (4). Quoi qu’il en soit, les négations individuelles s’évanouissent devant les affirmations générales. Or, le genre humain a toujours affirmé l’existence d’un monde surnaturel.

     L’existence d’une religion chez tous les peuples est un fait. Ce fait est inséparable de la croyance à un monde surnaturel.

« C’est, continue M. Guizot, sur une foi naturelle au surnaturel, sur un instinct inné du surnaturel que toute religion se fonde. Dans tous les lieux, dans tous les climats, à toutes les époques de l’histoire, à tous les degrés de la civilisation, l’homme porte en lui ce sentiment, j’aimerais mieux dire ce pressentiment, que le monde qu’il voit, l’ordre au sein duquel il vit, les faits qui se succèdent régulièrement et constamment autour de lui, ne sont pas tout. En vain il fait chaque jour dans ce vaste ensemble des découvertes et des conquêtes ; en vain il observe et constate savamment les lois permanentes qui y président : sa pensée ne se renferme point dans cet univers livré à la science. Ce spectacle ne suffit point à son âme ; elle s’élance ailleurs ; elle cherche, elle entrevoit autre chose ; elles aspire pour l’univers et pour elle-même à d’autres destinées, à un autre maître : Par delà tous les cieux, le Dieu des cieux réside, a dit Voltaire ; et le Dieu qui est par delà les cieux, ce n’est pas la nature personnifiée, c’est le surnaturel en personne. C’est à lui que les religions s’adressent ; c’est pour mettre l’homme en rapport avec lui qu’elles se fondent. Sans la foi instinctive de l’homme au surnaturel, sans son élan spontané et invincible vers le surnaturel, la religion ne serait pas. » (3)

     Le genre humain ne croit pas seulement à l’existence isolée d’un monde surnaturel, il croit encore à l’action libre et permanente, immédiate et réelle de ses habitants sur le monde inférieur. De cette foi constante nous trouvons la preuve dans un fait non moins éclatant que la religion elle-même, c’est la prière :

     « Seul entre tous les êtres ici-bas, l’homme prie. Parmi les instincts moraux, il n’y en a point de plus naturel, de plus universel, de plus invincible que la prière. L’enfant s’y porte avec une docilité empressée. Le vieillard s’y replie comme dans un refuge contre la décadence et l’isolement. La prière monte d’elle-même sur les jeunes lèvres qui balbutient à peine le nom de Dieu, et sur les lèvres mourantes qui n’ont plus la force de le prononcer. Chez tous les peuples, célèbres ou obscurs, civilisés ou barbares, on rencontre à chaque pas des actes et des formules d’invocation. Partout où vivent des hommes, dans certaines circonstances, à certaines heures, sous l’empire de certaines impressions de l’âme, les yeux s’élèvent, les mains se joignent, les genoux fléchissent, pour implorer ou pour rendre grâces, pour adorer ou pour apaiser. Avec transport ou avec tremblement, publiquement ou dans le secret de son cœur, c’est à la prière que l’homme s’adresse en dernier recours, pour combler les vides de son âme ou porter les fardeaux de sa destinée. C’est dans la prière qu’il cherche, quand tout lui manque, de l’appui pour sa faiblesse, de la consolation dans ses douleurs, de l’espérance pour la vertu. » (4) 

(A suivre…« L’Esprit du bien et l’Esprit du mal – 3 »…si Dieu veut) 

 

- Les gras dans le texte et les notes 1 et 2 sont de moi. Les autres de Mgr Gaume.

(1) Docteur de l’Eglise, il fut le fléau des hérétiques. Pour sa mort, les auteurs varient : entre 364 et 378, sous les règnes de Valentinien I et Valens.

(2) François Pierre Guillaume Guizot (1787-1874), fut un historien et homme politique français, membre de l’académie française. D’origine protestante (Huguenot)

(3) Dans son ouvrage « L’Eglise et la société chrétienne » rédigé en 1861, chapitre IV, p.19 et 20 – Dans sa prétendue Vie de Jésus, Renan vient de donner tristement raison à M. Guizot. Renan n’est qu’un écho.

(4) Dans l’ouvrage de Mgr Gaume, le Rationalisme.

(5) L’Eglise et la société chrétienne, chapitre IV, page 22.

 

René Pellegrini

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