QUI AIME JESUS-CHRIST CROIT A TOUTES SES PAROLES – 2
La corruption des moeurs, voilà la source d’où sont sortis et sortent tous les jours
tant de livres, de systèmes impies : matérialisme, indifférentisme, panthéisme,
déisme, naturalisme. Les uns nient l’existence de Dieu, d’autres s’en prennent
à la Providence, affirmant que Dieu, après avoir créé les hommes, les oublie,
n’ayant cure s’ils aiment leur Créateur ou l’offensent, s’ils méritent une
récompense ou un châtiment. D’autres encore nient la divine bonté et
soutiennent que Dieu a créé un grand nombre d’âmes pour l’enfer, les poussant
lui-même à pécher afin qu’elles se damnent et qu’elles aillent le maudire à
jamais dans les flammes éternelles.
Oh ! Ingratitude et malice des hommes ! Dieu, dans sa
miséricorde, les a créés afin de les rendre heureux à jamais dans le
ciel ; il les a comblés de lumières, de bienfaits, de grâces pour leur
assurer l’acquisition de la vie éternelle ; dans ce même but, il les a
rachetés avec tant d’amour, au prix de si grandes souffrances ! Et eux
travaillent à ne rien croire pour suivre leurs passions, sans retenue. Mais
non, malgré leurs efforts, ils n’arriveront jamais, les malheureux, à se
débarrasser des remords de leur conscience coupable et de la peur des divines
vengeances.
J’ai publié dernièrement sur cette matière un livre intitulé : Vérité de
la foi. J’y démontre avec clarté l’inconsistance de tous les systèmes des
incrédules modernes. Ah ! S’ils se libéraient de leurs vices et
s’appliquaient à aimer Jésus-Christ, certes, ils ne mettraient plus en doute
les dogmes de la foi, et croiraient fermement à toutes les vérités que Dieu a
révélées.
Celui qui aime Jésus-Christ du fond du coeur tient toujours devant ses yeux les
maximes éternelles et en fait la règle de sa conduite. Celui qui aime
Jésus-Christ, oh ! Comme il comprend bien cette parole du Sage :
« Vanité des vanités, tout n’est que
vanité. » (Ecclésiaste I, 2). Oui,
toute grandeur terrestre n’est que fumée, fange et tromperie ; le seul
bien, le seul bonheur d’une âme est d’aimer son Créateur et d’en accomplir la
volonté ; nous ne sommes que ce que nous sommes devant Dieu ; il ne
sert de rien de gagner le monde entier si on perd son âme ; tous les biens
terrestres ne peuvent remplir notre coeur. Dieu seul le contente ; en résumé,
il faut tout quitter pour tout gagner.
La charité croit tout. Sans aller jusqu’à cette impiété qui veut ne croire à
rien pour se livrer au vice sans frein et sans remords, il y a des chrétiens
qui ont la foi, mais une foi qui n’est guère vivace. Ils croient aux
mystères : à la Trinité, à la Rédemption, aux sacrements, à d’autres
vérités révélées, mais ils n’admettent pas pleinement l’Evangile. Jésus-Christ
a dit : « Bienheureux les pauvres,
bienheureux les affligés, bienheureux ceux qui se mortifient, bienheureux ceux
qui sont persécutés, décriés et maudits par les hommes » (St Luc VI, 2 ; Matthieu V, 5-11). Ainsi parle
Jésus-Christ dans l’Evangile. Peut-on dire qu’ils croient à ce livre sacré ceux
qui disent : Bienheureux qui a de l’argent, bienheureux qui n’a rien à
souffrir, bienheureux qui se divertit, malheureux qui est persécuté et
maltraité ? Que penser de ceux qui tiennent ce langage ? Qu’ils ne
croient pas à l’Evangile ou qu’ils n’y croient pas entièrement. Celui qui
a une foi totale, regarde comme un bonheur pour lui et comme une faveur divine
d’être pauvre en ce monde, d’être malade, mortifié, méprisé et maltraité par
les hommes. Ainsi croit, ainsi parle celui qui accepte toutes les paroles de
l’Evangile et possède un véritable amour pour Jésus-Christ. »
(Extrait de « La
pratique de l’amour envers Jésus-Christ –
Chapitre XV)
(Saint Alphonse de Liguori)
René
Pellegrini