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dimanche 1 janvier 2023

Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge - 2 : Les fausses dévotions à la Sainte Vierge


TRAITE DE LA VRAIE DEVOTION A LA SAINTE VIERGE – 2

 

LES FAUSSES DEVOTIONS A LA SAINTE VIERGE - 1

 

     C’est Saint Louis-Marie Grignon de Monfort, l’apôtre de la Sainte Vierge qui nous l’enseigne. Aussi, est-il très important de faire le bon choix car les fausses dévotions pullulent, et il est assez facile de les prendre pour de vraies. En effet, le diable est un trompeur, et il fait tous ses efforts pour tromper et damner les âmes en les portant à de fausses dévotions.

     On comprend donc l’importance de bien connaître les fausses dévotions à la Très Sainte Vierge, afin de les éviter, et d’embrasser les véritables et de nous y attacher.

     Le saint dénombre sept fausses dévotions et sept de faux dévots à la Sainte Vierge. Pour cette fois, les 4 premières :

1 – Les dévots critiques sont, pour l’ordinaire, des savants orgueilleux, des esprits forts et suffisants, qui ont au fond quelque dévotion à la Sainte Vierge, mais qui critiquent presque toutes les pratiques de dévotion à la Sainte Vierge que les gens simples rendent simplement et saintement à cette bonne Mère, parce qu’elles ne reviennent pas à leur fantaisie. Ils révoquent en doute tous les miracles et histoires rapportés par des auteurs dignes de foi, ou tirés des chroniques des ordres religieux, qui font foi des miséricordes et de la puissance de la Très Sainte Vierge. Ils ne sauraient voir qu’avec peine des gens simples et humbles à genoux devant un autel ou image de la Sainte Vierge, quelquefois dans le coin d’une rue pour y prier Dieu ; et ils les accusent d’idolâtrie, comme s’ils adoraient le bois ou la pierre ; ils disent que, pour eux, ils n’aiment point ces dévotions extérieures et qu’ils n’ont pas l’esprit si faible que d’ajouter foi à tant de contes et historiettes qu’on débite de la Sainte Vierge, ou ils répondent qu’ils ont parlé en orateurs, par exagération, ou ils donnent une mauvaise explication à leurs paroles.

     Ces sortes de faux dévots et de gens orgueilleux et mondains sont beaucoup à craindre et ils font un tort infini à la dévotion à la Très Sainte Vierge, et en éloignent les peuples d’une manière efficace, sous prétexte d’en détruire les abus.

2 – Les dévots scrupuleux sont des gens qui craignent de déshonorer le Fils en honorant la Mère, d’abaisser l’un en élevant l’autre. Ils ne sauraient souffrir qu’on donne à la Sainte Vierge des louanges très justes, que lui ont donné les saints Pères ; ils ne souffrent qu’avec peine qu’il y ait plus de monde à genoux devant un autel de la Sainte Vierge que devant le Saint-Sacrement, comme si l’un était contraire à l’autre ; comme si ceux qui prient la Sainte Vierge ne priaient pas Jésus-Christ par elle ! Ils ne veulent pas qu’on parle si souvent de la Sainte Vierge et qu’on s’adresse si souvent à elle.

     Voici quelques sentences qui leur sont ordinaires : A quoi bon tant de chapelets, tant de confréries et de dévotions extérieures à la Sainte Vierge. Il y a en cela bien de l’ignorance. C’est faire une momerie de notre religion. Parlez-moi de ceux qui sont dévots à Jésus-Christ (ils le nomment souvent sans se découvrir, je le dis par parenthèse) : il faut recourir à Jésus-Christ, il est notre médiateur ; il faut prêcher Jésus-Christ, voilà le solide !

     Ce qu’ils disent est vrai dans un sens ; mais par rapport à l’application qu’ils ont font, pour empêcher la dévotion à la Très Sainte Vierge, il est très dangereux, et un fin piège du malin, sous prétexte d’un plus grand bien ; car jamais on n’honore plus Jésus-Christ que lorsqu’on honore plus la Très Sainte Vierge, puisqu’on ne l’honore qu’afin d’honorer plus parfaitement Jésus-Christ, puisqu’on ne va à elle que comme à la voie pour trouver le terme ou on va, qui est Jésus.

     La Sainte Eglise, avec le Saint-Esprit, bénit la Sainte Vierge la première, et Jésus-Christ le second : Benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventis tui, Jésus. Non pas parce que la Sainte Vierge soit plus que Jésus-Christ ou égale à lui : ce serait une hérésie intolérable ; mais c’est que pour bénir plus parfaitement Jésus-Christ, il faut auparavant bénir Marie. Disons donc avec tous les vrais dévots de la Sainte Vierge, contre ces faux dévots scrupuleux : O Marie, vous êtes bénie entre toutes les femmes, et béni est le fruit de votre ventre, Jésus.

3 – Les dévots extérieurs sont des personnes qui font consister toute la dévotion à la Très Sainte Vierge en des pratiques extérieures ; qui ne goûtent que l’extérieur de la dévotion à la Très Sainte Vierge, parce qu’ils n’ont point d’esprit intérieur ; qui diront force chapelet à la hâte, entendront plusieurs messes sans attention, iront aux processions sans dévotion, se mettront de toutes ses confréries sans amendement de leur vie, sans violence à leurs passions et sans imitation des vertus de cette Vierge très sainte. Ils n’aiment que le sensible de la dévotion, sans en goûter le solide ; s’ils n’ont pas de sensibilités dans leurs pratiques, ils croient qu’ils ne font plus rien, ils se détractent, ils quittent tout là, ou ils font tout à bâton rompu. Le monde est plein de ces sortes de dévots extérieurs, et il n’y a pas de gens plus critiques des personnes d’oraison qui s’appliquent à l’intérieur comme à l’essentiel, sans mépriser l’extérieur de modestie qui accompagne toujours la vraie dévotion.

 

4 – Les dévots présomptueux sont des pécheurs abandonnés à leurs passions, ou des amateurs du monde, qui, sous le beau nom de chrétien et de dévot à la Sainte Vierge, cachent ou l’orgueil, ou l’avarice, ou l’impureté, ou la colère, ou le jurement, ou la médisance, ou l’injustice, etc. ; qui dorment en paix dans leurs mauvaises habitudes, sans se faire beaucoup de violence pour se corriger, sous prétexte qu’ils sont dévots à la Vierge ; qui se promettent que Dieu leur pardonnera, qu’ils ne mourront pas sans confession, et qu’ils ne seront pas damnés, parce qu’ils disent leur chapelet, parce qu’ils jeûnent le samedi, parce qu’ils sont de la confrérie du Saint Rosaire ou Scapulaire, ou de ses congrégations, parce qu’ils portent le petit habit ou la petite chaîne de la Sainte Vierge.

     Quand on leur dit que leur dévotion n’est qu’une illusion du diable et qu’une présomption pernicieuse capable de les perdre, ils ne le veulent pas croire ; ils disent que Dieu est bon et miséricordieux ; qu’il ne nous a pas faits pour nous damner ; qu’il n’y a homme qui ne pèche ; qu’ils ne mourront pas sans confession ; qu’un bon peccavi à la mort suffit ; de plus qu’ls sont dévots à la Sainte Vierge ; qu’ils portent le Scapulaire ; qu’ils disent tous les jours sans reproche et sans vanité sept Pater et sept Ave en son honneur ; qu’ils disent même quelquefois le chapelet et l’Office de la Sainte Vierge ; qu’ils jeûnent, etc. Pour confirmer ce qu’ils disent et s’aveugler davantage, ils apportent quelques histoires qu’ils ont entendues ou lues en des livres, vraies ou fausses, n’importe pas, qui font foi que des personnes mortes en péché mortel, sans confession, parce qu’elles avaient, pendant leur vie, dit pendant leur vie quelques prières ou fait quelques pratiques de dévotion à la Sainte Vierge, ou ont été ressuscitées pour se confesser, ou leur âme à demeuré miraculeusement dans leurs corps jusqu’à la confession, ou par la miséricorde de la Sainte Vierge, ont obtenu de Dieu, à leur mort, la contrition et le pardon de leurs péchés, et par là ont été sauvées, et ainsi qu’ils espèrent la même chose.

     Rien n’est si damnable, dans le christianisme, que cette présomption diabolique ; car peut-on dire avec vérité qu’on aime et qu’on honore la Sainte Vierge, lorsque, par ses péchés, on pique, on perce, on crucifie et on outrage impitoyablement Jésus-Christ son Fils ? Si Marie se faisait une loi de sauver par sa miséricorde ces sortes de gens, elle autoriserait le crime, elle aiderait à crucifier et outrager son Fils ; qui l’oserait jamais penser ?

     Je dis qu’abuser ainsi de la dévotion à la Très Sainte Vierge, qui, après la dévotion à Notre-Seigneur au Très-Saint-Sacrement, est la plus sainte et la plus solide, c’est commettre un horrible sacrilège, qui, après le sacrilège de l’indigne communion, est le plus grand et le moins pardonnable.

     J’avoue que, pour être vraiment dévot à la Sainte Vierge, il n’est pas absolument nécessaire d’être si saint qu’on évite tout péché, quoiqu’il le fût à souhaiter ; mais il faut du moins (qu’on remarque bien ce que je vais dire) :

     Premièrement être dans une sincère résolution d’éviter au moins tout péché mortel, qui outrage la Mère aussi bien que le Fils ;

     Secondement se faire violence pour éviter le péché.

     Troisièmement, se mettre des confrérie, réciter le chapelet, le saint rosaire ou autres prières, jeûner le samedi, etc.

     Cela est merveilleusement utile à la conversion d’un pécheur, même endurci ; et si mon lecteur est tel, et quand il aurait un pied dans l’abîme, je le lui conseille, mais à condition qu’il ne pratiquera ces bonnes oeuvres que dans l’intention d’obtenir de Dieu, par l’intercession de la Sainte Vierge, la grâce de la contrition et du pardon de ses péchés, et de vaincre ses mauvaises habitudes, et non pas pour demeurer paisiblement dans l’état du péché, contre les remords de sa conscience, l’exemple de Jésus-Christ et des saints, et les maximes du saint Evangile.

 

(Ange Gabriel et Marie)

Anciens articles à voir ou à revoir :

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lundi 7 novembre 2022

Introduction à l'histoire des Patriarches - 4 : Histoire des Patriarches - 3


 Abraham Isaac Jacob

INTRODUCTION A L’HISTOIRE DES PATRIARCHES – 4

 

HISTOIRE DES PATRIARCHES - 3

 

     Avec lui et avec ses successeurs : Isaac, Jacob et Joseph, nous nous trouvons devant des hommes qui appartiennent à la plus haute Classe spirituelle de l’humanité. Les présenter comme de simples spécimens du milieu où ils ont vécu, comme des hommes semblables à tous les autres, à des Bédouins peu scrupuleux, est une grave erreur. Nous devons tenir pour assuré au contraire qu’ils ont brillé dans leurs temps comme la lumière dans les ténèbres, et qu’ils ont tranché sur leur entourage comme le blanc sur le noir. Et ce n’est pas une moindre erreur de penser que la perfection à laquelle ils ont été appelés, était une perfection toute relative, une perfection embryonnaire, proportionnée à leur « conscience crépusculaire », à l’état d’hommes encore à demi animaux qu’on voudrait leur attribuer. Le concept de perfection ne supporte pas plus d’amoindrissement que celui de vérité ou de justice. Il a les mêmes exigences sous la loi de nature et sous la loi de Moïse, que sous le Nouveau Testament. « Abraham, dit saint Epiphane, fut appelé par Dieu à la perfection évangélique, comme devait l’être plus tard Pierre et André, Jacques et Jean (11). »

     Toute la suite de cette histoire en fera la preuve pour lui et pour ses successeurs immédiats. Telle est l’opinion unanime de la Tradition. Et pour montrer à quel point cette affirmation doit être prise en rigueur de termes, saint Augustin ne craint pas de décerner à notre Patriarche cet éloge qui paraît à première vue dépasser la mesure : « Le mérite de la continence dans Abraham, qui engendra des enfants est égal à celui de saint Jean qui ne fut jamais marié (12). » En effet, explique saint Thomas d’Aquin : « Le mérite ne s’apprécie pas seulement d’après le genre de l’acte, mais surtout d’après l’esprit de celui qui agit.» Or Abraham avait le coeur disposé de telle sorte qu’il était prêt à garder la virginité si c’eût été convenable pour son temps. Ainsi le mérite de la continence virginale a égalé en lui le mérite de la continence virginale dans saint Jean (13). »

     Non seulement ces Patriarches pratiquèrent la perfection évangélique bien avant l’Evangile, mais ils eurent à la réaliser dans des conditions particulièrement difficiles. Ils durent la poursuivre non pas dans un désert, comme les premiers ascètes, mais au milieu du monde : non pas dans la pauvreté comme les Apôtres, mais à la tête de richesses considérables pour l’époque ; non pas dans le célibat, comme les religieux ; ni même dans l’état ordinaire de mariage, comme tant et tant de saints et de saintes, mais sous le régime de la polygamie, auquel ils se trouvaient astreints, nous verrons plus loin pourquoi. Avec une abnégation héroïque, ils n’usèrent du droit d’avoir plusieurs épouses que pour la multiplication du peuple élu, jamais pour la satisfaction de leurs passions. Dieu a voulu nous montrer en eux dès les origines du monde les prodiges que peut réaliser sa grâce, et comme elle a suffi, en plein pays païen, alors qu’il n’y avait sur la terre ni Evangile, ni Eglise, ni prédications, ni sacrements, à conduire ceux qui lui furent fidèles, jusqu’aux plus hautes cimes de la sainteté. C’est un exemple sur lequel tout homme sensé doit réfléchir, pour comprendre que, quelles que soient les conditions dans lesquels il est appelé à vivre, il peut lui aussi, s’il le veut, s’élever jusqu’à la perfection.

     La sainteté de ces hommes nous est garantie par l’Ecriture en termes qui ne peuvent laisser place à aucune équivoque. Ils ont été canonisés par la bouche de Dieu lui-même : Je suis, dit-il à Moïse, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. C’est là mon nom pour l’éternité, c’est celui qui doit me rappeler à la mémoire de génération en génération (14). Il les présente comme trois témoins irrécusables qu’il s’est choisis, de préférence à tous les hommes. Il se fait gloire d’avoir de tels serviteurs. Il les couvre de sa protection particulière, il les appelle, il les appelle « ses christs » - christos meos – et il interdit qu’on touche à leur mémoire (15). Le crédit dont ils jouissent auprès de lui est tel que, lorsque Moïse veut conjurer le déchaînement de sa colère, il ne trouve rien de plus efficace que de mettre en avant ces trois noms. L’Offertoire du VIIe dimanche après la Pentecôte rappelle chaque année ce trait en un raccourci saisissant, rendu encore plus impressionnant encore par la beauté et la puissance de la mélodie grégorienne : Moïse se mit à prier en présence du  Seigneur son Dieu, et il dit : Pourquoi, Seigneur, vous irritez-vous contre votre peuple ? Apaisez la colère de votre âme : souvenez-vous d’Abraham, d’Isaac et de Jacob auxquels vous avez promis de donner la terre où coulent le lait et le miel. Et le Seigneur s’apaisa, et il ne fit point le mal qu’il avait dit qu’il ferait à son peuple.

     Bien loin de les reléguer au second plan, Jésus-Christ qui venait pourtant remplacer l’Ancien Testament par le Nouveau, a contresigné ce texte de son sceau personnel quand il a dit : Beaucoup entreront dans le royaume des cieux avec Abraham, Isaac et Jacob (16), et tout son Evangile témoigne de l’estime profonde où il tenait les fondateurs de sa propre famille.

(A suivre…si Dieu veut)

Dom de Monléon

 

- Les italiques sont dans le texte

(11) Panarion, I.I.i, Patrologie grecque, I. VI.I, colonne 193. Et Saint Thomas d’Aquin, IIa IIae, quest. 186 a. 4.ad.

(12) De Bona conjugali, ch.XXIV.

(13) IIa Iiae, quest. 153, a. 4, ad. 1 et 3.

(14) Exode III, 6 et 15

(15) Psaumes CIV, 11  « Gardez-vous de toucher à mes oints et ne maltraitez pas mes prophètes » (105, 15 Bibles protestantes)

(16) St Matthieu VIII, 11.

 

René Pellegrini

vendredi 21 octobre 2022

La sainteté - 1 : Introduction à la sainteté - 1


      Le Père Louis Bourdaloue (1632-1704) enseigna les lettres humaines et professa la philosophie et la théologie avant de devenir un célèbre prédicateur de l’Ordre des Jésuites. Surnommé « le prédicateur des rois » son ministère de prédication dura trente- quatre ans. Il fut connu comme un homme de probité, de droiture, de franchise et ferme, quand il fallait l’être, sans égard ni à la qualité, ni au rang social.

LA SAINTETE - 1  (1)

 

INTRODUCTION A LA SAINTETE (2)

« Mirabilis Deus Sanctis in Suis. » 

« Dieu est admirable dans ses Saints. » (3

(Psaume LXVII, 36) 

     Cette publication relate un sermon prononcé, par le Père Bourdaloue, devant le roi Louis XIV, pour la Fête de tous les Saints.

     Sire,

     A considérer Dieu dans lui-même, nous ne pouvons dans lui-même l’admirer, parce qu’il est trop élevé au-dessus de nous et trop grand. Comme nous ne le connaissons sur la terre que dans ses ouvrages, ce n’est aussi sur la terre, à proprement parler, que dans ses ouvrages qu’il est admirable pour nous. Or l’ouvrage de Dieu par excellence, ce sont les Saints ; et par conséquent, disait le prophète royal, c’est surtout dans ses Saints qu’il nous paraît digne de nos admirations « Mirabilis Deus in sanctis suis. » 

     En effet, de quelque manière que nous envisagions les Saints, Dieu est admirable en eux : et quand je m’en tiendrais au seul Evangile de ce jour, qu’y a-t-il de plus admirable que d’avoir conduit des hommes à la possession d’un royaume par la pauvreté ? Que de leur avoir fait trouver la consolation et la joie par les pleurs et l’adversité ? Que de les avoir élevés par les humiliations au comble de la gloire, et, pour me servir de l’expression de saint Ambroise, de les avoir béatifiés par les misères mêmes ? Car voilà, si je puis user de ce terme, les divins paradoxes dont le Saint-Esprit nous donne l’intelligence dans cette solennité, et que nous n’aurions jamais pu comprendre, si les Saints que nous honorons n’en étaient une preuve semblable : voilà les miracles que Dieu a opérés dans ses élus : « Mirabilis Deus in Sanctis suis. » 

     J’ajoute néanmoins, mes chers auditeurs, après saint Léon, pape, une chose qui me semble encore plus propre à nous toucher, par l’intérêt que nous y devons prendre comme chrétiens. Car Dieu, dit ce Père, est particulièrement admirable dans ses Saints, parce qu’en les glorifiant il nous a pourvus d’un puissant secours, c’est celui de leur protection ; et qu’en même temps il nous a mis devant les yeux un grand modèle, c’est l’exemple de leur vie : « Mirabilis Deus in Sanctis suis, in qui bus et praesidium nobis constituit, et exemplum.». Je m’attache à cet exemple des Saints pour établir solidement les importantes vérités que j’ai à vous annoncer ; et, sans rien dire du secours que nous pouvons attendre d’eux, et que nous en recevons, je veux vous faire admirer Dieu dans la conduite qu’il a tenue en nous proposant ces illustres prédestinés, dont la sainteté doit produire en nous de si merveilleux effets pour notre sanctification. Vierge sainte, reine de tous les Saints, puisque vous êtes la mère du Saint des Saints ; vous en qui Dieu s’est montré souverainement admirable, puisque c’est en vous et par vous qu’il s’est fait homme et qu’il s’est rendu semblable à nous, faites descendre sur moi ses grâces. Il s’agit d’inspirer à mes auditeurs un zèle sincère, un zèle efficace d’acquérir cette sainteté si peu goûtée, si peu connue, si peu pratiquée dans le monde, et toutefois si nécessaire pour le salut du monde. Je ne puis mieux réussir dans cette entreprise que par votre intercession, et c’est ce que je vous demande, en vous adressant la prière ordinaire Ave Maria.

     En trois mots j’ai compris, ce me semble, trois sujets de la plus juste douleur, soit que nous soyons sensibles aux intérêts de Dieu, soit que nous ayons égard aux nôtres, quand j’ai dit que la saintetési nécessaire pour notre salut, était peu goûtée, peu connue, et peu pratiquée dans le monde. Mais je prétends aussi vous consoler, Chrétiens, quand j’ajoute que Dieu, par son adorable sagesse, a su remédier efficacement à ces trois grands maux, en nous mettant devant les yeux la sainteté de ses élus, et en les prédestinant pour nous servir d’exemples. Je m’explique.

     Cette sainteté que Dieu nous demande, et sans laquelle il n’y a point de salut pour nous, par une déplorable fatalité, trouve dans les esprits des hommes trois grands obstacles à vaincre, et qu’elle à peine souvent à surmonter, savoir, le libertinagel’ignorance et la lâcheté. Parlons plus clairement et plus simplement. Trois sortes de chrétiens dans le monde, par l’aveuglement où nous jette le péché et par la corruption du monde même, sont mal disposés à l’égard de la sainteté : car les libertins la censurent et tâchent de la décrier ; les ignorants la prennent mal, et, dans l’usage qu’ils en font, ou, pour mieux dire, qu’ils en croient faire, ils n’en ont que de fausses idées ; enfin, les lâches la regardent comme impossible, et désespèrent d’y parvenir. Les premiers, malins et critiques, la rendent odieuse, et de là vient qu’elle est peu goûtée ; les seconds, grossiers et charnels, s’en forment des idées, non selon la vérité, mais selon leur goût et selon leur sens, et de là vient qu’elle est peu connue. Les derniers, faibles et pusillanimes, s’en rebutent et y renoncent, dans la vue des difficultés qu’ils y rencontrent, et de là vient qu’elle est rare et peu pratiquée : trois dangereux écueils à éviter dans la voie du salut, mais écueils dont nous nous préservons aisément, si nous voulons profiter de l’exemple des Saints.

     Car je soutiens, et voici le partage de ce discours, je soutiens que l’exemple des Saints est la plus invincible de toutes les preuves pour confondre la malignité du libertin, et pour justifier contre lui la vraie sainteté ; je soutien que l’exemple des Saints est la plus claire de toutes les démonstrations pour confondre les erreurs du chrétien séduit et trompé, et pour lui faire voir en quoi consiste la vraie sainteté ; je soutiens que l’exemple des Saints est le plus efficace de tous les motifs pour confondre la tiédeur, beaucoup plus le découragement du chrétien lâche, et pour le porter à la pratique de la vraie sainteté. De là n’aurai-je pas droit de conclure que Dieu est admirable dans ses Saints, lorsqu’il nous les donne pour modèle ? Mirabilis Deus in Sanctis suis. Je parle, encore une fois, à trois sortes de personnes dont il est aujourd’hui question de rectifier les sentiments sur le sujet de la sainteté chrétienne : aux libertins qui la combattent, aux ignorants qui ne la connaissent pas, aux lâches qui n’ont pas le courage de la pratiquer ; et, sans autre raisonnement, je montre aux premiers que, supposé l’exemple des Saints, leur libertinage est insoutenable ; aux seconds, que leur ignorance est sans excuse ; aux derniers, que leur lâcheté n’a plus de prétexte : trois vérités que vais développer : appliquez-vous.

(A suivre…« Les libertins et la sainteté »…si Dieu veut)

 

René  Pellegrini

- C’est moi qui mets en gras dans le texte.

(1) Sermon prononcé devant le roi Louis XIV pour la Fête de tous les Saints.

(2) C’est moi qui mets les sous-titres et souligne dans les textes. 

(3) Texte de la Vulgate de Saint Jérôme, Bible officielle et canonique de l’Eglise catholique. Dans les Bibles protestantes, la traduction, depuis le texte massorétique hébreu qui ne remonte pas au-delà du VIe siècle après Jésus-Christ, est différente « De ton sanctuaire, ô Dieu ! Tu es redoutable. » (LXIII, 36). Saint Jérôme disposait de documents de première valeur, disparus depuis : Le rouleau de la Synagogue de Bethléem et les Hexaples d’Origène (IIIe siècle) avec le texte hébreu et cinq principales traductions grecques. 

mercredi 19 octobre 2022

Imitation de Jésus-Christ - 2


IMITATION DE JESUS-CHRIST - 2

 LIVRE I

IL FAUT IMITER JESUS-CHRIST, 

ET MEPRISER TOUTES LES VANITES DU MONDE 


     Un AVIS, utile à méditer pour entrer dans la vie intérieure. Ces avis, extraits du livre « l’Imitation de Jésus-Christ » par Thomas A Kempis, continueront d’être mis avec chaque publication, si les visites sont jugées suffisantes.   

     AVIS 2 : La doctrine de Jésus-Christ surpasse toute doctrine des Saints ; et qui posséderait son esprit y trouverait la manne cachée.

     Mais il arrive que plusieurs, à force d’entendre l’Evangile, n’en sont que peu touchés, parce qu’ils n’ont point l’esprit de Jésus-Christ.

     Voulez-vous comprendre parfaitement et goûter les paroles de Jésus-Christ ? Appliquez-vous à conformer toute votre vie à la sienne.

 

René Pellegrini

lundi 12 septembre 2022

Antilibéralisme - 6 : Le libéralisme est un péché - 6


 Pie XII (1876-1958) Pontificat de 1939 a 1958

ANTILIBERALISME - 6

LE LIBERALISME EST UN PECHE – 6

 

« Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de Pâque, beaucoup crurent en son nom, voyant les miracles qu’il faisait. Mais Jésus ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous. » (Saint Jean II,23,24)

« Maudit soit l’homme qui se confie dans l’homme, qui se fait un bras de chair, et dont le cœur se retire du Seigneur » (Jérémie XVII,5)

 

COMMENT SE DIRIGER AVEC PLUS DE SÛRETE AUJOURD’HUI ? – 2


LE CATHOLIQUE ENTACHE DE LIBERALISME

     Il se reconnaît à ceci : Homme de bien et de pratiques sincèrement religieuses il exhale néanmoins une odeur de libéralisme par tout ce qu’il dit, écrit, ou tient entre ses mains. Il pourrait dire à sa manière, comme Madame de Sévigné : « Je ne suis pas la rose, mais je m’en suis approché et j’ai pris quelque chose de son parfum. »

     Ce brave homme raisonne, parle et agit comme un libéral sans qu’il s’en doute. Son fort c’est la charité, il est la charité même. De quelle horreur il est rempli pour les exagérations de la presse ultramontaine ! Traiter de méchant l’homme qui répand de mauvaises idées, c’est aux yeux de ce singulier théologien pécher contre le Saint-Esprit. Pour lui il n’y a que des égarés. On ne doit ni résister ni combattre ; ce qu’il faut sans cesse s’efforcer de faire c’est d’attirer. Etouffer le mal sous l’abondance du bien, c’est sa formule favorite, lue un jour par hasard dans Balmès, et la seule chose qu’il ait retenue du grand philosophe catalan.

     De l’Evangile, il cite seulement les textes à saveur de sucre et de miel. Les effrayantes invectives contre le pharisaïsme lui font, on le dirait, l’effet de bizarreries et d’excès de langage chez le divin Sauveur. Ce qui ne l’empêche pas de s’en servir fort bien lui-même, et très durement, contre ces agaçants ultramontains qui compromettent chaque jour par leur défaut de mesure la cause d’une religion toute de paix et d’amour.

     Contre eux ce teinté de libéralisme d’ordinaire si doux se montre acerbe et violent.

     Contre eux son zèle est amer, sa polémique est aigre, sa charité agressive. C’est à lui que s’adressait le Père Félix, dans un discours célèbre où à propos des accusations dont l’éminent Louis Veuillot (1) était l’objet, il s’écriait :

« Messieurs, aimons et respectons jusqu’à nos amis. » Mais non, notre homme à teinte libérale n’agit pas de la sorte. Il garde tous les trésors de sa tolérance et de sa charité pour les ennemis jurés de sa foi ! Quoi de plus naturel, le pauvre homme ne veut-il pas les attirer ? En échange, par exemple, il n’a que sarcasmes et cruelle intolérance pour les plus héroïques défenseurs de cette même foi.

     En résumé, ce teinté de libéralisme n’a jamais pu comprendre l’opposition Per Diametrum dont parle saint Ignace dans les Exercices spirituels. Il ne connaît pas d’autre tactique que celle d’attaquer par le flanc, tactique qui, en religion, peut être la plus commode, mais qui n’est point la plus décisive. Il voudrait bien vaincre, mais à la condition de ne pas blesser l’ennemi, de ne lui causer ni mortification, ni ennui. Le seul mot de guerre lui agace les nerfs et il donne toutes ses préférences à la pacifique discussion. Il est pour les cercles libéraux dans lesquels on pérore et on délibère, et non pour les Associations ultramontaines dans lesquelles on dogmatise et on blâme…En un mot, si on reconnaît le libéral exalté et le libéral modéré à leurs fruits, c’est principalement par ses affections que l’homme à teinte libérale se fait reconnaître.

    Ces traits mal profilés, qui ne vont pas jusqu’au dessin, ni même jusqu’au croquis, encore moins jusqu’à un véritable portrait, suffisent cependant à faire discerner promptement les types de la famille libérale à leurs degrés divers.

     Pour résumer en quelques mots le trait le plus caractéristique de leur respective physionomie, nous dirons que :

- le libéral exalté rugit son libéralisme,

- le libéral modéré le pérore, et que

- le pauvre libéral teinté le soupire et le gémit.

     « Tous sont pires » comme disait de ses parents le coquin du conte populaire. Néanmoins il faut reconnaître que :

- le premier (libéral exalté) est souvent paralysé dans son action par sa propre fureur ;

- le troisième de condition hybride (libéral teinté) est par sa nature stérile et infécond, tandis que

- le deuxième (libéral modéré) est le type satanique par excellence. Il est à notre temps la véritable cause des dévastations libérales.

René Pellegrini

(1) Louis Veuillot (1813-1883) - Journaliste et homme de lettres français, Catholique fervent. Défenseur de l’enseignement privé et de l’infaillibilité pontificale.

lundi 29 août 2022

Avis et Maximes - 8 : Prendre soin de son âme


AVIS ET MAXISMES - 8

 

PRENDRE SOIN DE SON ÂME


Celui qui étant seul vient à tomber, reste seul par terre.

Il fait bien peu de cas de son âme,

puisqu’il ne se fie qu’à lui seul.

 

- Les Avis Et Maximes sont tirés des œuvres spirituelles de Saint Jean de la Croix.

COMMENTAIRE PERSONNEL:

     Comment prendre bien soin de son âme : en lui donnant le meilleur Compagnon qui soit, afin de ne pas la laissée affamée et assoiffée, mais en la nourrissant spirituellement des paroles de Notre-Seigneur.

« Comme le cerf soupire après les sources des eaux, ainsi mon âme soupire vers vous mon Dieu. Mon âme à soif du Dieu fort et vivant (…) » (Psaumes XLI, 2-3 (1)

     Les étapes de la vie de Jésus-Christ, telles que les relate l’Evangile depuis l’enfance jusqu’à la crucifixion, sont autant de leçons qu’Il donne par ses exemples en actes et en paroles pour nous tracer la voie droite, et nous  aider à prendre soin de notre âme dans ce pèlerinage terrestre afin qu’elle puisse atteindre sa demeure céleste.

     Les lectures pieuses de saint(e)s sont aussi très utiles pour la l’entretien de la vie spirituelle de notre âme. Ne négligez pas ces lectures.

 

(1) 42, 2-3 dans les Bibles protestantes

 

René Pellegrini

Mon blogue : https://la-royaute-du-christ.blogspot.com/2022/04/la-recherche-de-dieu.html

https://la-royaute-du-christ.blogspot.com/2022/04/preuves-scripturaires-de-la-royaute-de.html

mercredi 17 août 2022

Quelle attitude en temps et de privation de sacrements ? - 4 : L'Eucharistie et l'Extrême-Onction


QUELLE ATTITUDE EN TEMPS DE PERSECUTION 

ET DE PRIVATION DE SACREMENTS ? – 4

L’EUCHARISTIE ET L’EXTREME-ONCTION SANS MINISTRE DU SEIGNEUR 

     L’Eucharistie, le sacrement d’amour, avait pour vous bien des douceurs et des avantages quand vous pouviez y participer ; mais maintenant que vous en êtes privés, pour être les défenseurs de la vérité et de la justice, vos avantages sont les mêmes ; car, qui aurait osé approcher de cette table si Jésus-Christ ne nous en eût pas fait un précepte et si l’Eglise, qui désire que nous nous fortifions par ce pain de vie, ne nous eût invités à le manger par la voix de ses ministres qui nous revêtaient de la robe nuptiale ? Mais si nous comparons l’obéissance pour laquelle nous en sommes privés à celle qui nous y conduisait, il sera aisé de juger du mérite.

     Abraham obéit en immolant son fils et en ne l’immolant pas : mais son obéissance fut bien plus grande quand il mit la main à l’épée que quand il remit son épée dans le fourreau.

     Nous obéissons en nous approchant de l’Eucharistie, mais en nous retirons de ce sacrifice, nous nous immolons nous-mêmes. Altérés de la soif de la justice, et nous privant du sang de l’Agneau, qui seul peut l’étancher, nous sacrifions notre propre vie autant qu’il est en nous. Le sacrifice d’Abraham fut d’un instant, un ange arrêta le glaive, le nôtre est journalier et se renouvelle toutes les fois que nous adorons avec soumission la main de Dieu qui nous éloigne de ses autels, et ce sacrifice est volontaire.

     C’est être avantageusement privés de l’Eucharistie que d’élever l’étendard de la croix pour cause de Jésus-Christ et la gloire de son Eglise. Observez, mes enfants, que Jésus-Christ, après avoir donné son corps, ne fit aucune difficulté de mourir pour nous. Voilà la conduite du chrétien dans ses persécutions : la croix succède à l’Eucharistie. Que l’amour de l’Eucharistie ne nous éloigne donc pas de la croix ! C’est montrer et faire un glorieux progrès dans la gloire de l’Evangile que de sortir du cénacle pour monter au Calvaire. Oui, je ne crains pas de le dire, quand l’orage de la malice des hommes gronde contre la vérité et la justice, il est plus avantageux aux fidèles de souffrir pour Jésus-Christ que de participer à son corps sacré par la communion.

     Il me semble entendre le Sauveur nous dire : « Ah ! ne craignez pas d’être séparés de ma table pour la confession de mon nom ! C’est une grâce que je vous fais, qui est bien rare ; réparez par cette humiliation, privation qui me glorifie, toutes les communions qui me déshonoraient. Sentez cette grâce vous ne pouvez rien faire sans moi, et je mets entre vos mains un moyen de faire ce que j’ai fait pour vous, et de me rendre avec magnificence ce que je vous ai donné de plus grand ! Je vous l’ai donné : lorsque vous vous en êtes séparés pour être fidèles à mon service, vous rendez à ma vérité ce que vous aviez reçu de ma charité. Je n’ai rien pu donner de plus grand. Votre reconnaissance égale, par la grâce que je vous ai faite, la grandeur du don que je vous ai fait. Consolez-vous si je ne vous appelle pas à verser votre sang comme les martyrs : Voilà le mien pour y suppléer ; toutes les fois qu’on vous empêchera de le boire, je vous en tiendrai le même compte que si vous aviez répandu le vôtre, et le mien est infiniment plus précieux »

     C’’est ainsi que nous trouvons l’Eucharistie dans la privation même de l’Eucharistie ; d’un autre côté, qui peut nous séparer de Jésus-Christ et de son Eglise dans la communion, en nous approchant par la foi de ses autels d’une manière d’autant plus efficace qu’elle est plus spirituelle et plus éloignée des sens ?

     C’est ce que j’appelle communier spirituellement en s’unissant aux fidèles qui peuvent le faire dans les divers lieux de la terre.

     Cette communion vous était familière dans le temps où vous pouviez vous approcher de la Sainte Table : vous en connaissez les avantages et la manière ; c’est pourquoi je ne vous en entretiens pas.

     Je vais vous exposer ce que l’Ecriture Sainte et les Annales de l’Eglise m’offrent de réflexions sur la privation de la messe et la nécessité d’un sacrifice perpétuel pour les fidèles, dans les temps de persécution, et cela brièvement. Donnez, mes enfants, une attention particulière aux principes que je vais rappeler, ils tiennent à votre édification.

     Rien n’arrive sans la volonté de Dieu : que nous ayons un culte qui nous permette d’assister à la messe ou que nous en soyons privés, nous devons être également soumis à sa volonté sainte et, dans toutes les circonstances, soyons dignes du Dieu que nous servons.

     Le culte que nous devons à Jésus-Christ est fondé sur l’assistance qu’il nous donne et sur la nécessité que nous avons de son secours. Ce culte nous trace des devoirs comme fidèles isolés, ainsi qu’il nous en traçait autrefois dans l’exercice public de notre sainte religion.

     Comme enfants de Dieu, selon le témoignage de saint Pierre et de saint Jean, nous participons au sacerdoce de Jésus-Christ pour offrir des prières et des vœux ; si nous n’avons pas le caractère de l’ordre pour sacrifier sur les autels visibles, nous ne sommes pas sans hosties, puisque nous pouvons l’offrir dans le culte de notre amour en sacrifiant nous-mêmes Jésus-Christ à son Père sur l’autel de nos cœurs. Fidèles à ce principe, nous recueillerons toutes les grâces que nous aurions pu recueillir si nous eussions assisté au saint sacrifice de la messe. La charité nous unit à tous les fidèles de l’univers qui offrent ce divin sacrifice ou qui y assistent. Si l’autel matériel ou les espèces sensibles nous manquent, il n’y en a pas non plus dans le ciel, où Jésus-Christ est offert de la manière la plus parfaite.

     Oui, mes enfants, les fidèles qui sans prêtres étant eux-mêmes prêtres et rois, selon saint Pierre, offrent leurs sacrifices sans temple, sans ministère et sans rien de sensible ; il n’est besoin que de Jésus-Christ pour l’offrir, pour le sacrifice du cœur, où la victime doit être consumée par le feu de l’amour du Saint-Esprit, c’est être uni à Jésus-Christ, dit saint Clément d’Alexandrie, par les paroles, par les actes et par le cœur.

     Nous lui sommes unis par nos paroles quand elles sont vraies, par nos actions quand elles sont justes et par nos cœurs quand la charité les enflamme. Ainsi, disons la vérité, n’aimons que la vérité, alors nous rendrons è Dieu la gloire qui Lui est due. Quand nous sommes vrais dans nos paroles, justes dans nos actions, soumis à Dieu dans nos désirs et nos pensées, en ne parlant que de Lui seul, en Le louant de ses dons et en nous humilions de nos infidélités, nous offrons un sacrifice agréable à Dieu, qui ne peut nous être ôté. Le sacrifice que Dieu demande est un esprit pénétré de douleur, dit le saint roi David ; vous ne méprisez pas, ô mon Dieu, un cœur contrit et humilié. (Psaumes L, 19) (1)

     Il me reste à considérer l’Eucharistie comme viatique, vous pouvez en être privés à la mort ; je dois vous éclairer et vous prémunir contre une privation si sensible. Dieu, qui nous aime et nous protège, a voulu nous donner son corps aux approches de la mort pour nous fortifier dans ce dangereux passage.

     Lorsque vous portez vos regards sur l’avenir, que vous vous voyez dans votre agonie, sans victime, sans extrême-onction, et sans aucune assistance de la part des ministres du Seigneur, vous vous regardez comme dans l’abandon le plus triste et le plus affligeant !

     Consolez-vous, mes enfants, dans la confiance que vous devez à Dieu ; ce père tendre répandra sur vous ses grâces, ses bénédictions et ses miséricordes, dans ces moments terribles que vous redoutez, avec plus d’abondance que si vous pouviez être assistés par ses ministres, dont vous n’êtes privés que parce que vous n’avez pas voulu L’abandonner Lui-même.

     L’abandon et le délaissement où nous redoutons de nous trouver ressemble à celui du Sauveur sur la croix, lorsqu’il disait à son Père : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? » - Ah ! que ces paroles sont instructives : vos peines et vos délaissements vous conduisent à vos glorieuses destinées en terminant votre carrière comme Jésus-Christ termina la sienne. Jésus, dans les souffrances, dans son abandon et sa mort, était dans l’union la plus intime avec son Père. Dans vos peines et vos délaissements, soyez Lui de même unis, et que votre dernier soupir soit comme le sien : que la volonté de Dieu s’accomplisse.

     Ce que j’ai dit de la privation du viatique à la mort, je le dirai aussi de l’Extrême-Onction. Si je meurs entre les mains de personne qui, non seulement ne m’assistent pas, mais qui m’insultent, je serai d’autant plus heureux que ma mort aura plus de conformité avec celle de Jésus-Christ qui fut un spectacle d’opprobres à toute la terre !...Crucifié par les mains de ses ennemis, Il est traité comme un voleur et meurt entre deux larrons ! Il était la sagesse même, Il passe pour un insensé ; Il était la vérité, et Il passe pour un fourbe et un séducteur ! Les pharisiens et les scribes ont triomphé de Lui et en Sa présence ! Enfin, ils se sont rassasiés de son sang ! Jésus-Christ est mort dans l’infamie du supplice le plus honteux et dans les douleurs les plus sensibles ! Chrétiens, si votre agonie et votre mort sont à vos ennemis une occasion de vous insulter et de vous traiter avec opprobre, quelle fut celle de Jésus-Christ ? Je ne sais si l’ange qui fut envoyé pour suppléer à la dureté et à l’insensibilité des hommes ne fut point pour nous apprendre que dans une telle rencontre nous recevons la consolation du ciel quand celles de la terre nous manquent. Ce ne fut point sans un dessein particulier de Dieu que les apôtres, qui eussent dû consoler Jésus-Christ, demeurèrent dans un assoupissement profond.

     Que le fidèle ne s’étonne pas de se retrouver sans prêtre à sa dernière heure. Jésus-Christ fait des reproches à ses apôtres de ce qu’ils dormaient, mais il ne leur en fait point de ce qu’ils Le laissèrent sans consolation, pour nous apprendre que, si nous entrons dans le jardin des Oliviers, si nous montons au calvaire, si nous expirons seuls et sans secours humains, Dieu veille sur nous, nous console et suffit à tous nos besoins. Fidèles qui craignez les suites du moment actuel, portez vos regards sur Jésus : fixez-Le, contemplez-Le, il est votre modèle ; je n’ai rien à vous dire de plus sur ce sujet.

     Après l’avoir contemplé, craindrez-vous encore la privation des prières et des cérémonies que l’Eglise a établies pour honorer votre agonie, votre mort et votre sépulcre ? Pensez que la cause pour laquelle vous souffrez et mourrez rend cette privation une nouvelle gloire et vous donne le mérite du dernier trait de ressemblance que vous pouvez avoir avec Jésus-Christ. La Providence a permis et voulu, pour notre instruction, que les pharisiens missent des gardes au sépulcre pour garder le corps de Jésus crucifié ; elle a voulu qu’après la mort même, son corps restât entre les mains de ses ennemis pour nous apprendre que quelque longue que soit la domination de nos ennemis, nous devons le souffrir avec patience et prier pour eux.

     Saint Ignace martyr, qui avait tant d’ardeur pour être dévoré par les bêtes, ne préféra-t-il pas les avoir pour sépulcre au plus beau mausolée ? Les premiers Chrétiens que l’on livrait aux bourreaux, se sont-ils jamais mis en peine de leur agonie et de leur sépulcre ? Tous étaient sans inquiétude de ce qu’on ferait de leur corps. Oui, mes enfants, quand on se fie à Jésus-Christ pendant la vie, on se fie à lui après sa mort.

     Jésus sur la croix et près d’expirer vit les femmes qui l’avaient suivi depuis la Galilée qui se tenaient éloignées, sa Mère, Marie-Madeleine el le disciple bien-aimé étaient auprès de la croix dans l’abattement, le silence et la douleur !...Voilà, mes enfants, l’image de ce que vous verrez : la plupart des chrétiens plaignent ceux des fidèles qui sont livrés à la persécution, mais ils se tiennent éloignés ; quelques-uns, comme la mère de Jésus, approchent de la victime innocente que l’iniquité immole.

     Je remarque avec Saint Ambroise, que la mère de Jésus, au pied de la croix, savait que son fils mourait pour la rédemption des hommes et que, désirant d’expirer avec lui pour l’accomplissement de cette grande œuvre, elle ne craignait point d’irriter les Juifs par sa présence et de mourir avec son divin fils. Quand vous verrez, mes chers enfants, mourir quelqu’un dans le délaissement ou sous le glaive de la persécution, imitez la mère de Jésus, et non les femmes qui l’avaient suivi de Galilée. Soyez pénétrés de cette vérité : que le temps de mourir le plus glorieux et le plus salutaire est lorsque la vertu est la plus forte dans notre cœur ; on ne doit pas craindre pour le membre de Jésus-Christ quand il est dans la souffrance ! Assistons-le, ne fût-ce que par nos regards et par nos larmes.

     Voilà, mes enfants, ce que j’ai cru devoir vous dire : Je le crois suffisant pour répondre à vos demandes et tranquilliser votre piété ; j’ai posé les principes sans entrer dans aucun détail ; ils me paraissent inutiles. Vos fermes réflexions y suppléeront aisément et vos conversations, si jamais la Providence le permet, auront de nouveaux désirs. Je dois ajouter, mes enfants que vous ne devez point vous affliger du spectacle étonnant dont nous sommes témoins. La foi ne s’allie point à ses terreurs ; le nombre des élus est toujours fort petit. Craignez seulement que Dieu ne vous reproche votre peu de foi et de n’avoir pu veiller une heure avec Lui. Je vous avouerai cependant que l’humanité peut s’affliger, mais en vous faisant cet aveu, je dirai que la foi doit se réjouir.

LES EXHORTATIONS DE DAMARIS AUX FIDELES

     Dieu fait bien toutes choses ; portez ce jugement, mes enfants, il est le seul qui soit digne de vous. Les fidèles eux-mêmes le portaient lorsque le Sauveur faisait des guérisons miraculeuses. Ce qu’il fait à présent est bien plus grand : dans sa vie mortelle, il guérissait les corps ; actuellement, il guérit les âmes et complète par la tribulation le petit nombre des élus.

     Quels que soient les desseins de Dieu sur nous, adorons la profondeur de ses jugements et mettons en lui toute notre confiance. S’il veut nous délivrer, le moment est proche. Tous s’élèvent contre nous : nos amis nous oppriment, nos parents nous traitent en étrangers ! Les fidèles qui participent aux saints mystères avec nous sont détournés par le seul regard. On craint de dire non seulement que, comme nous, on est fidèle à sa patrie, soumis à ses lois, mais fidèles à Dieu ; on craint de dire que l’on nous chérit, et même qu’on nous connaît. Si nous sommes sans secours du côté des hommes, nous voilà du côté de Dieu, qui, selon le prophète-roi, délivrera le pauvre du puissant et le faible qui n’avait aucun secours. L’univers est l’ouvrage de Dieu ; il le régit, et tout ce qui arrive est dans les desseins de sa Providence. Quand nous croyons que la désertion va être générale, nous oublions qu’il suffit d’un peu de foi pour rendre la foi à la famille de Jésus-Christ, comme un peu de levain fait fermenter la pâte.

     Ces événements extraordinaires, où la multitude lève la hache pour saper l’ouvrage de Dieu, servent merveilleusement à manifester sa toute puissance.

     Dans tous les siècles, on verra ce que vit le peuple de Dieu quand le Seigneur voulut, par Gédéon, manifester sa toute puissance contre les Madianites. Il lui fit renvoyer presque toute son armée. Trois cents hommes seulement furent conservés, et encore sans armes, afin que la victoire fut visiblement reconnue venir de Dieu. Ce petit nombre de soldats de Gédéon est la figure du petit nombre des élus vivants dans ce siècle. Vous avez vu, mes enfants, avec l’étonnement le plus douloureux, que la multitude de ceux qui étaient appelés (puisque toute la France était chrétienne) le plus grand nombre, comme dans l’armée de Gédéon, est demeuré faible, timide, craignant de perdre leur intérêt temporel. Dieu les renvoie. Dieu ne veut se servir, dans sa justice, que de ceux qui se donnent entièrement à Lui. Ne nous étonnons donc pas du grand nombre de ceux qui Le quittent ; la vérité triomphe, quelque petit que soit le nombre de ceux qui L’aiment et Lui restent attachés. Pour moi, je ne forme qu’un vœu : c’est le désir de Saint Paul. Comme enfant de l’Eglise, je souhaite la paix de l’Eglise ; comme soldat de Jésus-Christ, je souhaite de mourir sous ses étendards.

     Si vous avez les ouvrages de Saint Cyprien, lisez-les, mes chers enfants, c’est surtout aux premiers siècles de l’Eglise qu’il faut remonter pour trouver des exemples dignes de nous servir de modèles. C’est dans les livres saints et dans ceux des premiers défenseurs de la foi qu’il faut se former une idée précise de l’objet du martyre et de la confession du nom de Jésus-Christ : c’est la vérité et la justice, ce sont les objets augustes et immuables de la foi qu’il faut confesser. C’est l’Evangile, car les instructions humaines, quelles qu’elles soient, sont variables et temporelles ; mais l’Evangile et la loi de Dieu tiennent à l’éternité. C’est en méditant cette distinction que vous verrez clairement ce qui est de Dieu et ce qui est à César, car, à l’exemple de Jésus-Christ, vous devez rendre avec respect, à l’un et è l’autre, ce que vous leur devez.

     Toutes les églises et tous les siècles sont d’accord : il ne peut y avoir rien de si saint et de si glorieux que de confesser le nom de Jésus-Christ. Mais rappelez-vous, mes enfants, que pour le confesser d’une manière digne de la couronne que nous désirons, c’est dans le temps où l’on souffre davantage qu’il faut faire paraître une plus grande sainteté. On ne trouve rien de si beau que ces paroles de Saint Cyprien lorsqu’il loue toutes les vertus chrétiennes dans les confesseurs de Jésus-Christ : « Vous avez toujours observé, leur dit-il, le commandement du Seigneur avec une vigueur digne de votre fermeté ; vous avez conservé la simplicité, l’innocence, la charité, la concorde, la modestie et l’humilité ; vous vous êtes acquittés de votre ministère avec beaucoup de soin et d’exactitude ; vous avez fait paraître de la vigilance pour aider ceux qui avaient besoin de secours ; de la compassion pour les pauvres ; de la constance pour défendre la vertu ; de courage pour maintenir la sévérité de la discipline, et enfin qu’il ne manquât rien à ces grands exemples de vertu que vous avez donnés, voilà que par une confession et des souffrances généreuses, vous animez hautement vos frères au martyre et leur tracez le chemin. »

     J’espère, mes chers enfants, quoique Dieu ne vous appelle pas au martyre, ni à aucune confession douloureuse de son nom, pouvoir un jour vous parler comme il parlait aux confesseurs Célerin et Aurèle, et louer en vous plus votre humilité que votre constance, et vous glorifier plus de la sainteté de vos mœurs que de vos peines et de vos plaies…

     En attendant cet heureux moment profitez de mes conseils et soutenez-vous vous-même par mon exemple. Dieu veille sur vous. Notre espérance est fondée ; elle nous montre ou la persécution qui finit ou la persécution qui nous couronne. Dans l’alternative de l’une ou de l’autre, je vois l’accomplissement de notre destinée.

     Que la volonté de Dieu soit faite, puisque de quelque manière qu’il nous délivre, ses miséricordes éternelles se répandent sur nous.

     Je finis, mes chers enfants, en vous embrassant et en priant Dieu pour vous ; priez-Le pour moi et recevez ma bénédiction paternelle, comme le gage de ma tendresse envers vous, de ma foi et de ma résignation à n’avoir pas d’autre volonté que celle de Dieu.

                                                                                            DEMARIS

QUELQUES REFLEXIONS PERSONNELLES

     Ainsi se termine la lettre adressée par ce prêtre exilé, pour sa foi en Jésus-Christ, et destinée à consoler et réconforter les fidèles privés des sacrements. Elle invite, à l’exemple de Jésus-Christ et des premiers chrétiens, à nous soumettre à la volonté de Dieu en TOUT ce qu’il permet ou est voulu par Lui, car rien n’arrive par hasard, rien n’échappe à la vue de Dieu. La Sainte Ecriture nous affirme que « toutes choses coopèrent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés saints selon son décret. » (Romains VIII, 28) Oui, « TOUTES CHOSES » (les privations, les souffrances) sont pour notre « BIEN » car tel est le « DECRET DE DIEU » pour ceux qui « SONT APPELES SAINTS ». Soumettons-nous donc comme Jésus-Christ s’est soumis à son Père jusqu’à la mort et à toutes les souffrances qui l’ont précédée, Lui qui pouvait, en toutes circonstances, faire appel à plus de douze légions d’anges pour le délivrer de toutes ses épreuves (St Matthieu XXVI, 53)

     Les empêchements à la vie chrétienne nous mettent à l’épreuve non pour nous rebeller contre ceux qui font obstruction (laïques ou religieux), mais pour exercer la sincérité de notre amour pour Dieu et notre sainte obéissance à ce qu’Il permet.

     La privation des sacrements et des lumières des ministres de Dieu, permise par Dieu, ne pourra jamais nous séparer de Lui si nous l’aimons car c’est la promesse formelle de Jésus-Christ « Tout ce que le Père me donne viendra à moi, et celui qui vient à moi, je ne le jetterai pas dehors » (St Jean VI, 37).

     Dans la perturbation de notre pratique habituelle et tranquille, voire routinière de la piété, je considère cette privation comme une grande miséricorde de Dieu pour nous avertir et nous préparer, par cette simple privation, à faire face à de plus grandes épreuves alliant privation et persécution dans lesquelles nous serons privés de tout secours humain, et, dans une telle situation, sans autre possibilité que de nous en remettre entièrement à la miséricorde de Dieu, notre seul recours. Que cette privation nous donne à réfléchir.

     Aujourd’hui, nous avons peut-être beaucoup d’amis (Internet ou autres) qu’en sera-t-il demain lorsque l’orage grondera véritablement ? Jésus-Christ nous instruit encore : Après vous avoir flatté, voire loué, se tiendront-ils à distance, comme les Juifs avec Jésus après l’avoir accueilli comme un roi ?

    Soyez prudent avec ceux qui font consister leur piété à la saupoudrer d’injures, de grossièretés, d’images ou de propos obscènes, ou, sincère dans leur piété mais désireux de solutionner un problème en vous invitant à manifester ou à pétitionner, dont le seul véritable intérêt sera de vous signaler aux Renseignements Généraux. Mais refuser l’obéissance à l’autorité parce qu’on veut vous obliger à désobéir à un commandement positif de Dieu est légitime : dans un tel cas nous devons obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes (Actes V, 29)

René Pellegrini

 

(1) Lire 51, 19 dans les Bibles protestantes


 

vendredi 17 juin 2022

11 certitudes sur l'Antéchrist : Certitude 8 b


 

ANTECHRIST – 12

 

11 CERTITUDES SUR L’ANTECHRIST – 8b

CERTITUDE  8b

     L’ANTECHRIST FERA UNE GUERRE ACHARNEE A DIEU ET A L’EGLISE – 2

     En considérant la Tradition chrétienne sur la manière dont s’exercera la persécution de l’Antéchrist, Saint Augustin répond :

« La première persécution (celle des Césars) a été violente : pour forcer les chrétiens de sacrifier aux idoles, on les proscrivait, on les tourmentait, on les égorgeait. La seconde est insidieuse et hypocrite ; elle existe actuellement : les hérétiques et les faux frères en sont les auteurs. Il en viendra plus tard une autre, plus dangereuse que les précédentes ; car elle joindra la séduction à la violence, c’est la persécution de l’Antéchrist. » (Enarration in Psalmum, IX, n° 27)

     Les persécutions antichrétiennes sataniques, dans l’histoire de l’Eglise, ont revêtu des formes diverses et des persécuteurs différents :

- D’abord, la violence cruelle des empereurs dans les tous premiers siècles de l’Eglise

- Ensuite, plus insidieuse, subtile et hypocrite par l’apparition des hérétiques et des faux frères qui est toujours d’actualité.

- Enfin, la haine ultime de Lucifer par l’entremise de l’Antéchrist faite « de séduction et de violence » et qui commencera contre Dieu :

« Et elle ouvrit la bouche (la bête = l’Antéchrist) pour blasphémer contre Dieu, pour blasphémer son nom, et son tabernacle, et ceux qui habitent le ciel. » (Apocalypse XIII, 6-7)

     L’Antéchrist ouvrira vraiment sa bouche et se mettra à l’œuvre, lorsque muni des pleins pouvoirs de Satan, il sera dans la plénitude de son règne ; il parlera aussi par la bouche des faux prophètes et par ses faux apôtres. Il vomira sa haine fanatique, la perfidie et le blasphème contre Dieu, d’abord :

« pour blasphémer son nom » et en interdisant de lui rendre un culte.

     Les chrétiens fidèles qui vivront à cette époque seront témoins de cet effroyable effondrement de la foi et de la piété, dont les imprécations sur Dieu du socialiste et révolutionnaire Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) ne sont qu’une anticipation

du plus grand blasphème exprimé par les hommes et proféré par le porte-parole de Lucifer à savoir, l’attribution à Dieu des péchés et du mal :

« Le premier devoir de l’homme intelligent est de chasser incessamment l’idée de Dieu de son esprit et de sa conscience ; car Dieu, s’il existe, est essentiellement hostile à notre nature (…) Dieu, c’est sottise et lâcheté ; Dieu, c’est hypocrisie et mensonge ; Dieu, c’est Tyrannie et mystère ; Dieu, c’est le mal. » (Système des contradictions, chapitre VIII, T1, page 382 – 2e édition)

     Ensuite

     « Pour blasphémer contre son tabernacle ». Ici, le tabernacle, l’objet blasphémé peut revêtir deux significations :

- Soit « blasphémer » contre le temple céleste.

- Soit « blasphémer » contre la nature humaine dont s’est revêtue la divinité, et à laquelle il s’est unie hypostatiquement, continuant ainsi d’être unie dans le ciel et la Très-Sainte Eucharistie.

     C’est donc contre ce tabernacle que l’Antéchrist, et les siens, vomira le blasphème et fera mourir ceux qui lui rendront un culte, et confesseront que Dieu s’est fait chair, et que Jésus de Nazareth qui a été crucifié est bien le Messie promis.

     Enfin,

     « Pour blasphémer ceux qui habitent dans le ciel. » c’est-à-dire les apôtres et les martyrs qui ont souffert pour le témoignage rendu au nom de Jésus en annonçant l’Evangile du salut, et ceux qui, à cette époque, souffriront et mourront pour ce même témoignage dans un monde dans lequel la foi sera quasiment éteinte. En fait, tous ceux qui résisteront à sa perfidie, à ses menaces et à sa puissance, et qui, selon l’Ecriture, seront livrés aux nations par l’Antéchrist et ses adeptes : 

« Alors, ils vous livreront aux tribulations, et ils vous tueront ; et vous serez en haine à toutes les nations, à cause de mon nom. » (St Matthieu, XXIV,9)

     Ces tribulations avec la mort comme conséquence, car ils ne pourront pas cesser de prêcher, à l’image de leur Maître et Seigneur, l’Evangile du salut dans un monde où la foi s’est quasiment éteinte, ni de témoigner pour le nom de Jésus

(A suivre…si Dieu veut)


René Pellegrini


 

 

 

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INTRODUCTION A L’HISTOIRE DES PATRIARCHES – 10   LE DEPART DU PAYS NATAL – 4 (Genèse, XI, 27 – XII, 5)        Mais par cette stabili...