QUELLE
ATTITUDE EN TEMPS DE PERSECUTION
ET DE
PRIVATION DE SACREMENTS ? - 1
Beaucoup de Catholiques sont inquiets et indignés, à juste titre, face aux
mesures prises par les autorités gouvernementales les privant des offices
religieux et des sacrements, suite au Coronavirus. Cette situation de privation
n’est pas nouvelle, des Catholiques l’ont connue lors de la Révolution de 1789
et ses suites. Pour notre consolation et calmer certains scrupules causés par
l’empêchement, éviter de nous fourvoyer dans des manifestations sans véritable
profit en ces temps eschatologiques et de châtiments, et conserver notre
équilibre spirituel en le gardant enchaîné à la foi qui est au-delà du
sensible, nous pourrons tirer profit - en cette situation préparatoire à
d’autres plus pénibles encore - de la lettre que vous pourrez considérer comme
vous ayant été adressée et intitulée :
CONSOLATIONS pour les fidèles en temps de
persécutions, de schismes, d’hérésies…Par M. DEMARIS prêtre catholique,
professeur de théologie dans la maison des missionnaires de Saint Joseph à
Lyon, exilé vers 1803, et mort pour la foi en Jésus-Christ.
M. DEMARIS, voyant les fidèles menacés de se trouver sans pasteurs, sa
charité, quoique enchaîné, lui fit écrire (à leur prière) la Règle de conduite
qui suit, pour leur consolation.
MES CHERS ENFANTS,
Placés au milieu des vicissitudes humaines et du danger qu’offre le choc
des passions, vous adressez vos charités à votre père et vous demandez
une règle de conduite.
Je vais vous la montrer et tâcher de porter dans vos âmes la consolation
dont vous avez besoin : Jésus-Christ, le modèle des chrétiens, nous apprend par
sa conduite ce que nous devons faire dans les moments pénibles où nous nous
trouvons. Quelques pharisiens lui dirent un jour :
« Retirez-vous d’ici, parce qu’Hérode veut vous faire mourir ». Il leur
répondit : « Allez dire à ce renard que je chasse les démons, et que je guéris
les malades aujourd’hui et demain, et le troisième jour j’aurai fini. Mais je
dois agir encore aujourd’hui et demain et après-demain, car ils ne convient pas
qu’un prophète meure hors de Jérusalem » (St Luc XIII, 31-33)
Vous tremblez, mes chers enfants ; tout ce que vous voyez, tout ce que vous
entendez est effrayant, mais consolez-vous, c’est la volonté de Dieu qui
s’accomplit. Vos jours sont comptés, sa providence pèse sur vous. Chérissez ces
hommes que l’humanité vous offre comme farouches ; ce sont des instruments que
le Ciel emploie à ses desseins et, comme une mer courroucée, ils ne passeront
pas la ligne prescrite contre les flots qui se balancent, s’agitent et se
menacent.
Le tourbillon orageux de la révolution qui frappe à droite et à gauche, et
les bruits qui vous alarment, ce sont les menaces d’Hérode : qu’ils ne vous
détournent point de vos bonnes œuvres ; qu’ils n’altèrent point votre confiance
et qu’ils ne flétrissent pas l’éclat de vos vertus, qui vous unissent à
Jésus-Christ. Il est votre modèle, et les menaces d’Hérode ne le détournent
point de la carrière de sa destinée.
Je sais que vous pouvez être privés de votre liberté, et que l’on peut même
chercher à vous faire mourir. Je vous dirai donc ce que Saint Pierre disait aux
premiers fidèles :
« Ce qui est agréable à Dieu est que, dans la vue de lui plaire, nous
endurions les maux et les peines qu’on nous fait souffrir avec injustice : en
effet, quel sujet de gloire aurez-vous si c’est par vos fautes que vous endurez
de mauvais traitements ? Mais si en faisant le bien vous les souffrez avec
patience, c’est là ce qui est agréable à Dieu, car c’est à quoi vous avez été
appelés, puisque Jésus-Christ a souffert pour nous, vous laissant son
exemple, afin que vous marchiez sur ses traces. Lui qui n’avait commis
aucun péché, et de la bouche duquel aucune parole trompeuse n’est jamais
sortie, quand on l’a chargé d’injures, il n’a point répondu par des injures ;
quand on le maltraitait, il n’a point fait de menaces, mais il s’est livré
entre les mains de celui qui le jugeait injustement. » (I Pierre II, 19-24)
Les disciples de Jésus-Christ, dans leur fidélité à Dieu, sont fidèles à leur patrie et plein de respect envers les
autorités ; fermes dans leurs principes, avec une conscience sans reproche,
adorant la volonté de Dieu. Ils ne doivent point fuir lâchement la
persécution : quand on aime la croix, on est hardi à l’embrasser et l’amour
même nous réjouit. Elle est nécessaire à notre union intime avec Jésus-Christ
; elle peut arriver à chaque instant, mais elle n’est pas aussi méritoire et si
glorieuse. Si Dieu ne vous appelle pas au martyre, vous serez comme ces
illustres confesseurs dont saint Cyprien dit :
« Que sans être morts par la main du bourreau, ils ont cueilli le mérite du
martyre, parce qu’ils y étaient préparés. »
La conduite de Saint Paul, tracée dans les Actes des Apôtres nous donne ce
beau modèle tiré de celui de Jésus-Christ. Allant à Jérusalem, il apprit, à
Césarée, qu’il y serait exposé à la persécution ; les fidèles le prièrent de
l’éviter ; mais il se croyait appelé à être crucifié avec Jésus-Christ, si
telle était sa volonté. Pour toute réponse, il leur dit :
« Ah ! cessez d’attendrir mon cœur par vos larmes, je vous déclare que je suis
prêt à souffrir à Jérusalem, non seulement la prison, mais la mort même pour
l’amour de Jésus-Christ. » (XXI, 13)
Voilà, mes chers enfants, quelles doivent être vos dispositions : le
bouclier de la foi doit nous armer, l’espérance doit nous soutenir et la charité doit nous conduire en tout. Si en
tout et toujours nous devons être simples comme des colombes et prudents comme
des serpents, nous devons l’être surtout lorsque nous sommes contristés pour
Jésus-Christ.
Je vous rappellerai ici une maxime de saint Cyprien qui, dans ces moments,
doit être la règle de votre foi et de votre piété :
« Ne cherchons pas trop, dit cet illustre martyre, l’occasion du combat et
ne le fuyez pas trop : attendons-la de l’ordre de Dieu et espérons tout de sa
miséricorde. Dieu demande plutôt une humble confession qu’une protestation trop
hardie. »
L’humilité est toute notre force. Cette maxime nous invite à méditer sur la
force, la patience et même la joie avec laquelle les saints ont souffert.
Voyez ce que dit Saint Paul, vous serez convaincus que lorsqu’on est animé
par la foi, les maux ne nous affectent qu’au dehors et ne sont qu’un instant de
combat que la victoire couronne. Cette vérité consolante ne peut être appréciée
que du juste. Aussi ne soyez pas surpris si, de nos jours, nous croyons ce que
saint Cyprien (3) vit de son temps, lors de la première persécution : que la
plus grande partie des fidèles couraient au combat avec joie.
Aimer Dieu et ne craindre que lui seul, tel est l’apanage du petit nombre
des élus. C’est cet amour et cette crainte qui font les martyrs, en détachant
les fidèles du monde et en les attachant à Dieu et à sa sainte loi.
Pour soutenir cette amour et cette crainte dans vos cœurs, veillez et
prier, augmentez vos bonnes œuvres et joignez à cela les instructions
édifiantes dont les premiers fidèles nous ont donné l’exemple. Entretenez-vous
selon l’usage des premiers chrétiens, que nous retrace le chapitre des Actes
des Apôtres.
Cette pratique vous sera d’autant plus salutaire que vous êtes privés
des ministres du Seigneur, qui alimentaient vos âmes du pain et de la parole.
Vous pleurez ces hommes précieux à votre
piété, j’évalue votre perte : vous paraissez isolés à vous-mêmes, mais cet
isolement, aux yeux de la foi, ne peut-il pas être salutaire ? C’est par la foi
que les fidèles sont unis. En approfondissant cette vérité, nous croyons que
l’absence du corps ne rompt point cette union, parce qu’elle ne rompt pas les
liens de la foi, mais plutôt qu’elle l’augmente en la dépouillant de toute
sensibilité.
(A suivre…si Dieu veut)
(1) Comme on conduisait saint Cyprien au supplice, le peuple,
pénétré de douleur et fondant en larmes, s’écria : allons et mourrons avec lui
! Le Saint fit donner 25 écus d’or à son exécuteur.
QUELQUES REFLEXIONS SUITE A CET EXTRAIT
A - Cette lettre met en évidence le vocabulaire de ce prêtre. Il parle de
charité (vertu surnaturelle et théologale) et non de solidarité maître-mot du
vocabulaire maçonnique repris en chœur par l’immense majorité des Catholiques
suivant en cela le très mauvais exemple venu d’en haut.
B - Je rappelle souvent combien il est important de garder notre regard
fixé sur Jésus et sur ses comportements, en actes et paroles, face aux
situations auxquelles il fut confronté, et rappelé ci-dessus par Saint Pierre.
Il est notre exemple et notre enseignant en ces matières.
C - Nous remarquons que ce prêtre demande de respecter les autorités bien
que celles- ci soient révolutionnaires, qu’elles aient spolié l’Eglise et
l’aient envoyé en exil. Il est choquant de voir des chrétiens injurier, tenir
des propos haineux envers des personnes détenant l’autorité qu’elles soient
politiques ou religieuses qui leur déplaisent, ou qui les caricaturent avec des
images suggérant la haine ou le mépris à leur encontre. Ce christianisme n’est
pas le mien.
René Pellegrini